saverne a écrit:
Du coup avec ce nouveau chapitre, j'ai un peu de mal à voir l'évolution progressive, si ce n'est que Naruto devient bien hokage, Sakura devient déléguée aux corvées ménagères (quel symbole), mais Sasuke reste un sale c**.
Par contre, si le "cycle de la haine" est peut-être évacué, le reste est toujours un éternel renouvellement, donc toujours un cycle : je l'avais déjà dit au dernier chapitre de la série régulière, mais la série montre toujours une implacable reproduction sociale, résultant tant de l'inné (tous les rejetons sont soit des copier coller d'un de leur parents, soit le mix moitié/moitié des deux parents) que de l'acquis (allez hop, tout les rejetons à l'école des ninjas !). Forcément, cela me donne de l'intérêt pour Sarada, la seule qui se demande pourquoi elle devrait être nécessairement ninja. Eh, il y a d'autres métiers qui existent, surtout en période de paix !
Et Celimbrimbor, après avoir lu ton intéressant regard sur Naruto, j'attends désormais l'analyse de Picsou Magazine !
Pour te répondre, Saverne, je dirais qu'il me faut nuancer mon propos : l'évolution dont je parle s'effectue, dans le récit, sur le temps long. Par contre, le fait que Naruto devienne finalement grand manitou est une rupture. Que Sasuke ne soit pas ostracisé aussi. Bon. Sakura, par contre.
D'ailleurs, ce que tu pointes du doigt est une absence de rupture de l'héritage social. Et c'est vrai. L’œuvre ne s'éloigne jamais d'une reproduction factuelle très obstinée. Je pense que cela peut s'expliquer dans le discours du récit par la nécessité de conserver une stabilité quelque part. Je m'explique.
Naruto propose une déstabilisation constante du rapport agonistique à l'histoire. Le personnage principal lutte pour une acceptation du passé et donc du lendemain (il est le messie de l'histoire, en fait) et son opposant, lui, lutte pour buter l'histoire à grand coup de lattes dans la gueule (donc reproduire pas à pas ce qui a été fait avant). Ce sont les deux tendances dont je parlais dans mon précédent message.
Cette déstabilisation ne peut pas se dérouler sur un sol déjà branlant : il lui faut une assise solide, un endroit d'où partir ; en somme, on ne construit ni ne détruit sur des sables mouvants. Cette assise, c'est la structure sociale dépeinte par le récit. La reproduction du métier, la reproduction des rôles sexuels, la reproduction les types humains, tout ceci permet à la fois de simplifier les données du récit (une structure sociale inamovible est moins complexe qu'une structure en perpétuel mouvement), de simplifier la gestion des personnages (ils sont des archétypes facilement identifiables et donc des exemples et arguments facile à manipuler) et de proposer aux lecteurs une situation identifiable (et pourquoi pas cathartique).
De cette façon, l'auteur se dote de fondations sûres, reconnaissables, prévisibles (le fondement de la littérature populaire (oui,
Naruto est de la littérature) étant justement ce retour du même reconnaissable, cf. U. Eco,
Du Superman au surhomme, flemme de développer) qui lui permettent de fragiliser d'autres modèles ailleurs.
C'est aussi assez pernicieux, d'une certaine manière, puisque cela montre l'implacabilité du modèle sociale, qui, dans quelque rapport au monde que ce soit, reste normé de la même façon. On pourrait parler de défaut de l’œuvre ou de l'auteur, voire, si on voulait s'adonner à de la psychologie de bazar, de perpétuation inconsciente de la part de Kishimoto. Je pense cependant qu'il s'agit d'un effort pour créer un environnement rassurant pour les lecteurs et pour les personnages. Si Konoha était en perpétuelle évolution, les personnages ne pourraient plus disputer sur l'histoire, puisque le but du récit serait précisément la stabilisation du sanctuaire social. D'autant plus que Konoha est la situation initiale du récit (pas de la fable, hein ?) et que, selon les codes du conte (parce que oui, j'ose le dire,
Naruto est un conte), la situation initiale est toujours stable puisqu'elle sert aussi de situation finale.
Voilà en gros une petite réponse.
Quant à Picsou Mag', j'y ai voyagé, j'y ai appris des trucs (découvert le Kalevala, par exemple, ou bien des énigmes marrantes avec les Castors Juniors, quand Picsou cherche à mettre la main sur le manuel), il a, d'une certaine manière, participé à la formation de ma pensée à égalité avec le collège, par exemple.
Peace.