Squal> Bah, le problème des lecteurs c'est d'être convaincus que ce qu'ils veulent voir arriver DOIT arriver. C'est d'attendre la facilité dans le déroulement du manga, au détriment de tout ce qui a été posé tout au long des dernières années. Les lecteurs râlent partout parce qu'ils veulent voir Ippo faire des one shot sur des boxers pro, ils veulent voir un dempsey roll avec des éclairs, et un Ippo aux yeux verts qui impressionnent Ricardo. Mais en fait, l'auteur ne veut pas de ça.
Le propre de ce long dernier arc c'est d'avoir joué sur deux tableaux : l'ambition et les désillusions.
L'ambition d'un DR amélioré sensé pouvoir le hisser au plus haut (qu'il n'arrive pas à pleinement réaliser), l'ambition de satisfaire son coach (qui vampirise toute détermination venant d'Ippo lui même)... et puis c'est tout.
Ippo n'a plus jamais eu l'ambition de se battre contre Miyata ou contre Sendo depuis des années, il n'y a que le lecteur qui s'imagine que cette rivalité juvénile entre Miyata et Ippo est un moteur de l'histoire. Ippo n'a jamais eu, non plus, la rage de se hisser au plus haut. Sa logique a toujours été de se battre contre les adversaires trouvés par son coach et puis c'est tout. Par mimétisme, en voyant Takamura, il a eu envie de faire la même chose, c'est à dire tout donner avec violence et abnégation, mais ça ne vient pas de lui et ce n'est pas son caractère non plus, donc ça ne marche pas.
Il n'a jamais vraiment eu d'ambition. Mais les lecteurs, voyant les autres combats et leurs intimités proposés par Morikawa, se sont imaginés des combats, des revanches obligatoires et automatiques d'Ippo avec eux.
Par contre, Morikawa n'a eu de cesse de mettre en avant les désillusions de ce monde professionnel de la boxe. Déjà avec Date à l'époque, on voyait bien que même la plus grande ambition ne servait pas à grand chose face à des adversaires meilleurs sur tous les tableaux. Désillusions également au sujet de cette volonté d'Ippo qui ne tient pas face à des adversaires qui jouent leur vie sur le ring ou qui sont juste des génies de la boxe, à l'inverse d'Ippo qui n'est qu'un simple Rock Lee du monde de la boxe, un "hardworker", qui frappe fort et qui sait encaisser (du moins au début du manga, parce que justement Morikawa nous a bien montré que ce côté punching ball avait des effets secondaires très importants).
Morikawa a clairement changé la tonalité de son manga en cours de route, du shonen au manga plus réaliste, mais peut on le lui reprocher ? Quand tu commences une oeuvre à 23 ans, nourri de lecture shonen, et qu'à passé 50 ans tu y es encore, que ça fait 30 ans que tu fréquentes le milieu de la boxe et que tu écris dessus, c'est un double signe de respect que d'adapter son discours (je rappelle que toute oeuvre est un discours, et pas un truc déconnecté de son auteur) en fonction de sa réalité (ses fréquentations, ses éditeurs, le monde de la boxe en général) et de son expérience.
Pour moi, le point de départ de ce changement, c'est contre Woli, je l'ai déjà dit. Après ce match, et au regard de la tournure des chapitres suivants, on voit que Ippo n'est plus capable des combinaisons façon attaque spéciale comme c'était le cas au début du manga. C'est aussi le moment des doutes, et des désillusions.
Cette conclusion, que j'espère partielle, ne me choque plus. Je la trouve logique et solide par rapport au reste du manga. Maintenant, on peut peut être classé ce manga dans la catégorie : post-shonen.
