Brutus a écrit:
Ba alors ? Personne pour parler de l'allocution ? 'tain c'est calme sans Giamini.
Donc, 11 Mai. Et encore si tout va bien. Masataka, K1rua, ça vous semble plausible ? Vu qu'Olivier Véran parle de "plateau" ce soir ?
Le 11 mai, c'est une date au hasard, mais c'est un choix qui a du sens, ça permettra de désengorger les hôpitaux encore un peu plus. Après, il est nécessaire d'arrêter avec le confinement une fois qu'il a fait son taff et a aidé à libérer le maximum de lits et de permettre d'augmenter les capacités de test et de contact tracing. Il ni y a pas de sens de le maintenir après.
Les chiffres depuis une semaine, surtout en réa, sont super bons. C'est encourageant de voir ça et c'est pour ça qu'il faut pas casser tous les efforts/sacrifices que la population a faite.
Par contre, Le Monde en avait parlé mais les chiffres en EPHAD sont totalement faux. Pour avoir perdu un membre de ma famille en EPHAD la semaine dernière (personne très âgée), elle est comptabilisé dans les décès lié au COVID-19 mais jamais une seule fois elle a été testé. Elle est juste morte en toussant et on donc a dit que c'était le COVID-19 sans rien testé. Donc bon, les chiffres en dehors des hôpitaux où les patients sont testés sont à prendre des pincettes. Le COVID-19, il a bon dos mais aussi il faut pas oublier qu'il y a d'autres maladies qui sont de plus en plus négligées par rapport à ça et ça augmente encore plus la peur lié au COVID-19. Je préfère vraiment la méthode allemande à ne comptabiliser que le décès officiel diagnostiqué, ça me parait plus "honnête" si on peut dire.
Mounzor a écrit:
C'est grâce ou malheureusement au MERS que la Corée s'en tire le mieux aujourd'hui et fait preuve d'exemple pour le monde entier, que le confinement n'est pas obligatoire quand tu es suffisamment préparé.
Ils ont confiné plus de 15 000 personnes et violé un bon paquet de liberté individuelle en faisant un tracing draconien de toutes les dépenses, mouvements, etc. des personnes qui ont été infectées et des personnes contacts, avec la mise en place d'une application pour savoir si tu es une personne à risque ou pas. C'est pas tout rose et pas que lié à une bonne préparation de test et de capacité de test.
Citation:
La conclusion de tous ça, c'est qu'il faudra produire des stocks en cas de prochaine épidémie de cette ampleur et ne pas sacrifier l’hôpital public. Encore une fois ceux qui s'en tire le mieux sont ceux dont le système de santé n'a pas été aussi maltraité comme l'Italie, France, USA etc...
Personne ne peut prédire si une épidémie prendra cette ampleur. Prends le MERS par exemple qui fait parti de la même famille que le SARS-CoV et le SARS-CoV2 (COVID-19), n'as fait que de petites épidémies sporadiques. Pareil pour le SARS en 2003. Pour Ebola, on prédisait une épidémie de plus d'1 000 000 de cas avec 500 000 morts, on en a eût 14 000. Donc ce n'est pas parce que tu as un virus qui apparaît (ou réapparaît) que tu auras une épidémie globale.
Mais je suis d'accord qu'il faut mieux être prêt que ne pas l'être; au pire, on peut toujours donner les stocks de PPE à des pays en besoin si on doit renouveler nos stock à un moment donné. Être préparé, clairement, c'est essentiel et j'ai toujours été très content avec les décisions que Bachelot avait prise en 2009 par rapport à ça mais ce n'est pas le seul facteur. Mais clairement, va falloir qu'on arrête de tuer le service publique le plus essentiel à un pays.
Et tu as aussi beaucoup d'autres facteurs qui fait que la mortalité est plus élevé dans certains pays et ça, par contre, c'est pas qu'une question de préparation. Les chiffres en France montre que 85% des personnes en réanimation sont obèses (et je suppose ont >70 ans), tu as donc déjà un énorme problème de santé à la base sur lequel se rajoute une infection respiratoire. Et ça, tu as beau avoir un stock d'1 milliard de masques, ça changera rien au problème de fond: On est capable de maintenir nos populations âgée le plus en vie possible maintenant sans qu'elle soit en bonne santé à la base. Tu as donc un pool de population à risque énorme et qui seront beaucoup plus susceptible de nécessité de très nombreux soin en cas de maladie infectieuse (virale ou pas).
Citation:
Moi ce qui me désole, c'est d'entendre au infos, que la recherche d'un vaccin prend du temps mais que d'ici même pas 1 an à 2 ans on en aura un sur le marché... Ça me choque. On est capable de faire ça pour le Covid, mais d'autre virus existant depuis des années, on en appel aux dons etc... Je crois qu'on prend les gens pour des cons.
Ca ne me marche pas comme ça. J'en ai déjà parlé mais développer un vaccin, c'est facile. Pour preuve, j'ai moi-même crée deux variantes du vaccin qui est bientôt approuvé pour Ebola (qu'on a pas testé comme vaccin vu que c'était pas le but mais ça aurait pu). La plateforme pour le vaccin d'Ebola, marche aussi très bien pour tous les autres virus de la famille d'Ebola (on en a plus de 5 maintenant) mais aussi un autre virus du même type qui est le virus de Lassa. Ca, à faire en laboratoire maintenant, ça prendra un mois environ, 2 mois, si tu fais tout à la main et que t'as deux-trois galères par-ci par-là au moment des manips.
Maintenant, pourquoi est-ce qu'on fait un appel aux dons pour développer des vaccins? Parce que ça coûte une véritable fortune et que ça rapporte rien derrière pour les entreprises Pharma (contrairement à ce que les gens pensent, le vaccin, c'est le pro bono de la santé hein). Le Wellcome trust (le plus gros buyer après La fondation Bill et Melinda Gates dans le monde des ONG/médical) estime que pour la développement d'un vaccin, il faut au minimum 2 milliards. Et ça, c'est sans parler du coût de production et de toutes les infrastructures nécessaires après pour pouvoir vacciner la population. Le coût total qu'ils estiment alors est de 8 milliards. Et là, c'est possible uniquement parce qu'on a décidé de mettre tous nos efforts sur le COVID-19 et on est actuellement très loin d'avoir ces 8 milliards, les promesses de dons faites à l'OMS et au CEPI aboutissent à environ 1.5 milliards.
En temps normal, pour réussir à développer ton vaccin il y a deux phases: Pré-clinique et Clinique:
Pour la phase pré-clinique:
Développement du vaccin et études in vitro pour caractériser ton vaccin. J'en ai parlé plus haut, c'est rapide à faire mais c'est rapide à faire quand tu as le budget pour. Avant que tu as la moindre étude in vitro, tu as un chercheur qui a passé 5 ans à faire des manips sur des morceaux de budgets et à quémander chaque année un peu de financement pour pouvoir un jour rêver de faire des études in vitro. Là, dans le cas du COVID-19, tout le monde donne, donc ce n'est pas un soucis. Tu dis que tu veux développer un vaccin et t'as plus de budget que ce que 99% des labo du monde ont jamais eût.
- Etudes in vitro: Tu commences en souris généralement vu que c'est plus pratique et si tu as beaucoup, beaucoup d'argent, tu peux rêver faire du singe. Plus de la moitié des projets de vaccins/thérapeutiques se cassent la gueule à ce stade là. Si ça n'as jamais été fait avant, tu peux te permettre d'avancer un peu à l'aveugle et de tester un vaccin et de voir ce que ça donne. Si les animaux ne survivent pas après vaccination, il faut que tu comprennes pourquoi. Est-ce que la réponse immunitaire était mal induite? Quelle est la réponse immunitaire qui permet de survivre une infection? Est-ce que les animaux sont morts due à une réponse immunitaire induite par le vaccin? Est-ce que j'ai donné une dose de virus beaucoup trop élevé à la base? Ca, ça coûte à la base une fortune pour n'importe quel laboratoire et ça prend un temps monstre pour un labo de recherche. Là, on parle généralement de 2 à 4 voire 6 ans de recherche suivant le type d'analyse (protection sur le long terme par exemple) que tu veux mettre en place mais comme dans la recherche la politique c'est "publish or die", tu fais de la recherche pour publier, donc il faut que tu aies le maximum d'analyse derrière et c'est tellement rare de faire des manips in vitro pour la plupart des labos qu'ils vont attendre d'avoir le maximum de données avant de publié l'étude.
T'as du bol, tout marche, c'est merveilleux. On passe sur de l'étude clinique ! Mais là, c'est que le début de tes emmerdes. A partir de là, 99% des projets qui ont survécu se cassent la gueule royalement. Tu as 3 phases cliniques avant la mise sur le marché et une phase supplémentaire de suivi des effets secondaires.
- Phase 1: Tester si ton médicament ne cause pas d'effets secondaires chez des personnes saines. Ca se fait sur un petit groupe d'étude et entre le moment où tu as inclut ton premier patient dans l'étude et le moment où tu as tes résultats, c'est pas rare qu'il se passe 2 ans. Elle peut être sauté par contre dans certains cas.
- Phase 2: On test différentes doses de médicaments pour savoir qu'elle est le meilleur rapport effets positif/effets secondaires. Par exemple, si tu as injectes un virus comme vaccin (comme c'est le cas pour le vaccin d'Ebola ou de la fièvre jaune et de la rage): Combien de particules virales tu dois injecter pour avoir un effet (réponse immunitaire) et pas trop d'effets secondaires?
- Phase 3: Le test d'efficacité, ton vaccin vs un placébo ou n'importe quel autre contrôle négatif (sinon tu peux pas savoir si ça marche, contrairement à ce que Raoult veut nous faire croire). Là, tu dois avoir un nombre de patients monstrueux dans ton étude pour prouver son efficacité et tu espères très très forts, que ça marche parce que c'est ce qui coûte le plus cher. Une étude candidat vaccin en début d'année sur HIV a été arrêté au bout de quelques semaines parce qu'elle ne fonctionnait pas. L'étude coûtait plus de 150 millions (de mémoire, j'en ai déjà parlé avec Giamini sur ce topic). Bill Gates avec Sanofi ont foutu à la poubelle leur candidat vaccin pour le paludisme il y a quelques années de ça vu qu'il y avait aucune différence entre ceux vacciné et ceux qui ne l'étaient pas. Perte pour Bill Gates? Plus d'1 milliard.
- Phase 4: Congrats ! Tu as fait parti des très très rares projets qui arrivent jusqu'ici. Tu dois maintenant faire le suivi de tes patients pour savoir si oui ou non ton médicaments/vaccins tuent plus de gens que la maladie à la base sur plusieurs années.
Le développement des vaccins est amené à être un peu bouleversé depuis l'épidémie d'Ebola et avec la création du CEPI et du GAVI, qui sont deux coalitions qui sélectionnent dans la recherche les vaccins les plus prometteurs et essaient d'accélérer leur mise en place sur le marché. Avant le COVID-19, CEPI avait déjà sélectionné plusieurs vaccins pour le virus de Lassa (une sorte d'Ebola avec 15% de mortalité) et un autre vaccin pour le virus Nipah (une sorte de rougeole avec 70% de mortalité, qui a servi de base pour le virus dans
Contagion) et les études cliniques étaient en cours ou en préparation.
Mais pour passer de la recherche in vitro aux études cliniques, ça prend en temps normal un temps fou et elles-mêmes durent généralement plus d'un an minimum. Personnellement, je n'y crois pas qu'on peut sortir un vaccin en 2 ans en partant de rien, sans prendre un pari monstrueux sur l'efficacité du vaccin mais aussi sur sa dangerosité au moment de l'inoculation et donc en sautant la phase 1 et 2 (ou tu peux les combiner aussi peut-être?). Après, ça dépendra aussi des vaccins qui sont développés et qui fonctionnent le mieux, peut-être que c'est autorisé et approuvé de sortir un vaccin si à la base c'est une version modifiée (pour cibler le COVID-19) d'un vaccin qui a déjà fait ses preuves pour une autre maladie (pour Ebola par exemple) et dans ce cas là, oui, il est peut-être possible de sortir un vaccin en 1 ou 2 ans. Mais il faut vraiment pas croire que c'est une situation normale et que ça se passe comme ça en temps normal.
Sinon, il y a une étude qui est sortie dans Nature Medicine sur le port du masque et la protection liés au virus respiratoires. Pour ceux qui ont envie de la lire et de se faire leur propre avis elle est en libre accès
ici. Personnellement, je trouve que cette étude est une grosse blague et ne répond en rien à savoir si oui ou non cela protège et sert juste à surfer sur la vague actuelle.
Et dans un très bon billet (en anglais) de blog Gordon Dougan, parle de la
mémoire collective des épidémies. Un avis que je partage beaucoup et montre que cette crise n'as rien de nouveau. On a juste oublié qu'on a déjà vécu ça et en bien pire. La seule différence, c'est que pour une fois, on a décidé de protéger nos populations faibles (qui sont bien plus nombreuses aujourd'hui qu'il y a 50 ans, à ne pas oublier donc les conséquences auraient été encore sûrement plus dramatique).