Non, le truc de la lune n'est pas une forme du monstre, c'est une arme qui utilise la puissance du monstre, nuance. Ensuite, je vais être plus clair. Narrativement parlant, Naruto développe une idée de paix fondée sur la réciprocité. L'exemple le plus clair de ceci est la relation entre le sable et la feuille. Grâce à Naruto qui convertit Gaara, la relation de haine devient une relation amicale. La paix peut donc s'installer dans la réciprocité des sentiments. Naruto propose une paix partagée, pas une paix imposée. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'équilibre des forces, mais une harmonie. La différence : elles ne se tiennent pas en respect à l'affût du moindre affaiblissement pour se sauter à la gorge. Elles se soutiennent, s'appuient, s'émulent et se respectent. L'arbre comme symbole d'un équilibre des forces, comme la menace de l'arme absolue, serait un contre-sens, à mon avis.
Par contre, je dois être obtus, mais je ne comprends absolument rien aux synthèses que tu proposes.
En quoi la guerre des alliés contre Madara symbolise-t-elle le passé de la guerre ? Elle est au contraire une démonstration de l'inanité de ce modèle puisqu'il s'agit, précisément, d'une alliance, chose inconnue jusqu'alors. Elle termine le cycle de guerre totale pour entrer dans (oh, hasard des hasards) une période d'harmonie où chaque équipe soutien l'équipe dans face dans un même combat. Là, justement, on pourrait amener l'idée de bouc-émissaire avec Madara qui sert de focalisateur à la haine des différents clans et qui les fédère. Au-delà du "l'ennemi de mon ennemi est mon ami", nous nous trouvons dans une situation où Madara, qui symbolise l'ancienne génération, l'ancien temps, le passé (souligné huit fois), doit être évacué de la société pour que celle-ci puisse aller en avant. La violence symbolique est donc déplacée sur le plan physique (c'est même discutable, attendu que se battre contre l'histoire, c'est souvent se battre contre du vent [cf. ces cons de postmodernes] et que Madara n'est rien d'autre, narrativement parlant, qu'une représentation de l'histoire [il est issu de l'histoire, du cimetière, de l'analepse et l'effectue à rebours. Ie: Naruto est une histoire qui progresse (voir son costume qui surpasse celui du Rikudo petit à petit) tandis que Madara est une histoire qui régresse, qui se redit. Or, quand l'histoire bégaye (et Madara est ce bégaiement de l'histoire parce qu'il cherche à revenir dans le passé) le progrès s'efface.] de sorte qu'on pourrait dire que le combat est avant tout intellectuel plus que physique) pour permettre à la société dépeinte dans Naruto de finalement vivre et progresser, grâce à une acceptation et une compréhension (ici dans la violence) de son histoire. L'harmonie n'est permise que par l'élimination du bégaiement. Tout le monde peut finalement parler d'une même voix.
La synthèse des deux frangins contre les deux autres m'est incompréhensible également. Itachi n'erre pas, n'erre jamais. Il est droit dans ses bottes, raide comme la justice, dévoué à la cité et con comme mes pieds dans son rapport à son frère. Sasuke suit un chemin rigoureusement parallèle [souligner huit fois] à celui de Naruto, à ceci près qu'il choisit le déni plutôt que l'acceptation. Or [oh, hasard des hasards], il finit par accepter son passé et à se tourner vers l'avenir. Ce que font, à l'extrême identique, Nagato et Kabuto (c'est encore plus flagrant pour Kabuto). Il n'y a pas d'errance, il y a l'opposition narrative de deux formes de rapport à l'histoire. Une forme agonistique (Sasuke, Nagato et Kabuto) qui consiste à nier à toute violence son passé pour tenter de le reconstruire (donc, le bégaiement que j'évoquais plus haut) et une forme empathique (Naruto et, dans une moindre mesure, Itachi), qui consiste à accepter et à se construire à partir de là.
La symbolique du héros me dépasse totalement. D'autant plus que Tobi et Kakashi suivent un chemin identique, du déni vers l'acceptation. C'est juste qu'il prend plus de temps pour l'un que pour l'autre. Il serait peut-être possible de faire Kakashi un proto-Naruto, dans le sens où il précède ce-dernier et lui ressemble beaucoup. À l'inverse, cependant, il n'a pas d'ambition car il vit dans la rédemption. Naruto est le rédempteur. (Et je vous emmerde.)
Je vais arrêter là, car les deux dernières me sont encore plus incompréhensibles et je risquerai de passer pour le dernier des crétins. Ce que je suis, soyons en certains, mais je n'aime pas le montrer.
_________________ "All the world's a stage. And all the men and women merely players."
|