Masataka a écrit:
c'est un sonyung (shonen) et d'arts martiaux, pas de socio politique (même si c'est bien géré, c'est pas la question) parce que (...) le scénario existe et le contexte existe pour donner une profondeur et un enjeux aux combats, mais sinon ça importe tellement peu... c'est super agréable pour la lecture et pour fixer l'oeuvre certes, mais c'est tout.
Dans le cas de the breaker, on est effectivement du côté "shonen", même si on est à la frontière des 2 genres. Mais même dans le cas du Shonen pur et dur, ou en ayant 15 ans, il est permis de lire en faisant usage de sa curiosité et de son intelligence.
Je suis aussi d'accord avec toi, lorsque tu écris : "le scénario existe et le contexte existe pour donner une profondeur et un enjeux aux combats..." C'est vrai.
Et puis tu ajoutes: "sinon ça importe tellement peu..." Là, en revanche, nous ne sommes pas d'accord. Et d'ailleurs qu'importe le parti pris de l'auteur ou pas. C'est mon choix de lecteur, de considérer que cela a de l'importance, même quand cela n'en a pas pour l'auteur ou pour toi.
Mais revenons à the breaker
A propos du scénario et de la politiqueD'abord, the breaker ne structure certainement pas son récit autour du tournoi, alors que c'est par excellence la figure du récit d'arts martiaux.
Pourtant, il pouvait. Par exemple : la participation de 9AD au tournoi Murim a totalement conditionné sa vie. De même, c'est un élément central chez les Murims qui reflète la répartition du pouvoir entre les factions. Et pourtant, c traité en 3 pages, autant dire que c'est laissé à l'arrière plan...
Au contraire, Jeon Keuk Jin à fait le choix de recentrer son récit sur des questions de rapports de force politique, d'une part entre les clans, d'autre part entre les clans et la société/le monde. En fait, il les introduit progressivement dans son récit.
A ce titre, le combat n'est plus qu'une modalité, parmi d'autres, pour résoudre les différents. En fait, c'est la dernière, quand plus rien d'autre ne va.
Donc oui, la grille de lecture du manhwa par la politique est judicieuse, même pour les combats.
Même remarque pour la vie scolaire de Shiion... même si l'auteur est parti de là. Progressivement l'école est passé au second plan
A propos de l'erreur d'UnwolC'est pour ne pas avoir tenu compte de cette réalité du politique et de la cité que 9AD, ado, par naiveté, s'est mangé un énorme mur et que son maître a du sacrifié sa vie pour lui sauver la peau. Ce qui au passage, rend bien compte de la façon dont vivait Unwol... en ermite, amoureux de son art et de son "métier" de combattant, mais déconnecté de la politique. Du coup, faute d'apprentissage et d'éducation, l'ado et le jeune guerrier qu'était 9AD s'est mis dans une merde profonde.
Et bref, ce qui a fait partir en vrille 9AD, outre le traumastisme de la mort de son maitre dont il s'accuse, c'est l'erreur pédagogique d'Unwol, le fait qu'il n'ait pas su/pas pu le former/l'accompagner à la découverte de la culture politique et aux rapports de force chez les Murims. Et qu'à partir de là, 9AD, ado, a cru qu'être le meilleur combattant suffirait... pour libérer son maitre
Ce qu'il continue de croire, par ailleurs, sauf que maintenant c'est pour détruire le monde de son maitre et le sien; et renier en passant son héritage. Et c'est ce qui fait dire aux autres, qu'il est dangereux, mais que c'est un imbécile...
Ce que même Shioon, ado, comprends, lorsqu'il s'oppose à lui, en particulier lorsque 9AD exerce sa violence et son esprit de vengeance sur les autres (cf. saison 1, sur l'autoroute). Bref, qu'Unwol se soit uniquement intéressé à la transmission de son art, et pas à la société qui l'entourait, c'est aussi de ça qu'hérite Shioon... qui, par ailleurs, est un enfant sans père.
A propos des "djeuns" dans the breaker Dans le groupe des "djeuns", cad la "NW", ce principe du politique est d'abord incarné par hyuk (cf. saison 1, à distance, talentueux et intelligent, mais conventionnel), puis Sera (saison 2, enfant abandonnée qui y jouait sa peau, et qui du coup vois le talent de Sioon, comprends son problème et décide de l'aider... ) et maintenant Shioon lui même (étranger, qui au départ a besoin de comprendre le monde Murim pour s'insérer et survivre... et qui maintenant, recrée à l'intérieur du clan du lien entre les anciens et les jeunes / entre le clan et les autres clans).
C'est d'ailleurs une raison pour laquelle, il vient en retour secouer et réveiller Hyuk le bon élève endormi et/ou enfumé... dès lors que la politique du SUC(K) a un impact sur leurs deux vies et que le fait qu'Hyuk se fasse avoir n'est pas du tout dans ses intérêts. Bref, c'est une solidarité en acte

, même si elle n'est pas encore forcément conscientisée et verbalisée. Et dans la culture Murims, cela passe par les arts martiaux...
Mais si tu relis bien, lorque Sera accueille Shioon, elle lui indique qu'il y a plus important que réparer son ki... c'est de savoir sur qui compter et s'appuyer. C'est probablement cela que le tandem Sera-Shioon se propose de faire avec Hyuk.
Bref, dans un shonen comme the breaker, la politique, la société et les autres jouent un rôle central, au moins autant que les talents et la puissance du héro et c'est justement une des caractéristique de the breaker de ne pas évacuer cette question, mais de la mettre au coeur de son récit. Shioon n'est jamais indifférent. Il se sent concerné par l'autre, sa solitude, sa détresse, ses besoins... et il y réagit (cf sa visite à Sera à l'hopital... ou son échange avec Ha-ill a l'entrainement de Jinie, ou sa réaction avec Jeon, après la 1er rencontre avec Bae)
A propos de "nous", les lecteurs.
En conclusion, croire ou faire comme si la politique et la vie des autres n'existait pas ou faire comme si "ça importait tellement peu..." au moment ou je lis et me détends, c'est en fait assez problématique. Pour tout te dire, pour le citoyen, cad pour toi, pour moi, pour nous, je trouve dangeureuse cette croyance qui accompagne la lecture. D'autant plus que c'est une opinion qui est entretenue par beaucoup de média et d'auteurs.
A mon avis, lire n'est un simple divertissement... C'est aussi et d'abord l'occasion d'observer, de ressentir, de faire des rapprochements, de réfléchir et même d'écrire...
Donc, que l'auteur tienne compte uniquement du combat dans son récit, c'est son problème. Mais cela devient le mien, dès lors que je commence à croire que c'est juste normal ou que l'histoire est juste un prétexte... alors que non, elle peut aussi nous parler du monde dans lequel je vis, des problèmes que j'y rencontre... et des questions qui sont les miennes.
Et à mon avis, cela doit être particulièrement vrai du Shonen...