Death note, caricature ou non?
Je sais que la sortie de ce manga date déjà d'il y a quelque temps, qu'il a été apprécié au plus haut point, mais je tenais à apporter mon avis sur cette œuvre que je n'ai pas aimé. Je pars donc de mon ressenti de cette œuvre, ou je n'ai jamais eu l'impression que l'on prenait autant les lecteurs pour des buses. En effet, ils ne sont jamais plus de trois à avoir un cerveau en même temps, la stupidité des agents du fbi est sidérante, sans parler des membres de l'équipe japonaise qui doivent être des cousins des inspecteurs de dexter attendant patiemment à l'extérieur de la scène de crime que dexter efface son visage du mur.
Pour avoir des soupçons sur light, ils ont tout de même du attendre le tome 10, et encore seulement grâce à l'intervention de Near... Pour le FBI, on a le fameux Raye Penber qui n'arrive pas à reconnaitre la voix de light, comme s'il avait rencontré 36000 personnes depuis son arrivée au Japon, et qui ne tente rien alors qu'il a celui qu'il recherche derrière lui, sans compter sa crédulité face au bluff de Light. Rappelons qu'il s'agit d'un agent du FBI, membre d'une élite gouvernementale surentrainée. Que dire de sa femme qui donne sa réelle identité à un gamin de 17 ans, alors qu'elle sait le danger de donner son véritable nom et que le suspect est affilié à la police japonaise.
"Coucou, j'ai 17 ans, suis le fils du directeur de la police, je fais partie de l'équipe d'investigation, donne moi ta carte d'identité que je te pistonne!". Avouez que ça fait beaucoup. Passons sur la ficelle, coup de bol cosmique qui fait qu'il rencontre cette femme dangereuse pour lui la seule fois ou il apporte le déjeuner à son père. Autre élément que je n'ai pas apprécié, la misogynie et l'effroyable stupidité des femmes. Alors, pour les séduire, il suffit de leur dire que leur rencontre est due au destin. Quant à misa, je crois qu'il s'agit de la pire cruche jamais vue dans un manga, on la traite comme une moins que rien, on la manipule, et elle sacrifie la moitié de sa vie restante (déjà réduite de moitié) simplement par fierté et parce qu'elle a eu le coup de foudre.
En partant de ces éléments, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de défauts de l’œuvre, mais je trouvais tout cela de tellement mauvais gout que je me suis amusé à imaginer que Death note était une caricature/parodie de manga.
Selon le point de vue ou il s'agirait de défauts, voici mes conclusions (et on a quelques réponses dans bakuman).
1. La stupidité des policiers. Elle proviendrait d'un effet indirect de la relation Némésis entre light et L, et ensuite ses successeurs. Vu que dans ce manga, la confrontation est de type cérébral, il faut que les héros soient vraiment brillants, or pour paraitre brillant, ils ont besoin de faire-valoir, ici tout désignés : les policiers. Les auteurs veulent tellement que les héros paraissent brillants qu'on a eu droit à la scène ridicule au possible de la partie de tennis, ou ils réfléchissent à l’extrême (le fameux "si je joue pour gagner, est ce ça voudra dire que je suis kira?"). Cette scène s'explique cependant par l'humour sérieux mentionné dans bakuman.
2. La misogynie et stupidité des femmes. La aussi, on a des réponses dans bakuman. En effet, on a la théorie que les femmes ont compris que le bonheur passait par la vie au foyer (la femme de Penber), et qu'une femme trop intelligente n'est pas mignonne.
3. Les grosses ficelles. Ici, il s'agirait d'un problème inhérent au genre. En effet, il est extrêmement difficile d'éviter l'utilisation de ficelles dans les fictions policières, de détective etc. La dernière saison de Dexter illustre parfaitement cela.
Alors, le point de vue de la caricature viendrait du désir du scénariste de tenter de faire un manga à succès en piochant parmi des clichés, et voir si le succès est au rendez vous.
1.Pour qu'un manga ait du succès, un héros à pouvoirs, ça a fait ses preuves, alors je vais tenter la stratégie de "plus c'est gros, meilleur c'est", et lui donner le pouvoir ultime : donner la mort à distance.
2.Pour qu'un manga ait du succès, c'est mieux d'avoir de beaux dessins, je vais donc prendre Obata qui dessine bien, comme ça je suis tranquille. Je dois cependant reconnaitre que son trait froid convient parfaitement à death note.
3.Pour qu'un manga ait du succès, il faut au héros un antagoniste de qualité, alors je vais mettre toute la matière grise en eux, tant pis pour les seconds rôles, ils feront ressortir d'autant mieux le génie des héros.
4. La vision rétrograde de la femme a un lourd passé au Japon, allez on va faire plaisir au lecteur en faisant de l’héroïne une poupée amourachée. "T'as de beaux yeux de la mort tu sais. Sois belle et obéis moi". Souvent, dans les œuvres artistiques, il est difficile de rendre un amour crédible. Ici, l'auteur ne s'est pas embarrassé : "allez je vais l'expliquer par un coup de foudre, ça passera comme une lettre à la poste". De plus, les héroïnes sont souvent totalement inutiles et compliquent la vie du héros. Je conseille à tout le monde la lecture du cours "comment devenir une bonne héroïne?" de sentai school^^. Sincèrement, Misa, c'est plus une cruche, c'est un tonneau. La déesse de la mort Rem n'est pas mieux lotie, se faisant manipuler commune une débutante par le mâle Light... Passons sur le fait que deux dieux de la mort aient des sentiments inexplicables pour la charismatique et sympathique misa, ce qui causera leur perte^^.
L'auteur est allé tellement loin en prenant ces éléments/clichés de la création de manga que je ne pouvais plus lire au premier degré. Ce sont ces extrémités qui m'ont fait penser à une caricature, et je dois avouer que si j'ai trouvé la lecture au premier degré vraiment pas terrible, il en va tout autrement selon la théorie de la caricature.
Bien évidemment, tout cela vient uniquement de mon ressenti suite à la lecture de Death note, et je me demandais simplement si quelqu'un avait ressenti la même chose. Alors, Death note, merveille de premier degré avec des défauts ou pied de nez magistral de l'auteur aux mangas à succès? S'est-il transformé en caricature malgré lui?
Je tiens à préciser que tout cela m'est venu de l'impression que l'auteur était élitiste, et s'il ne lui était pas venu à l'esprit de se lancer le défi de créer un manga à succès avec des éléments qu'il n'aime pas dans la création artistique, et voir si le lectorat suit. Un exercice de style, en quelque sorte.
Merci à ceux qui auront eu la patience de tout lire.
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