Alors, j’ai tué (ou perdu) un peu le temps en faisant un simple calcul du
nombre de lancements en 2021 (cliquer pour image en plus grand) des éditeurs de titre manga ou assimilé et fait mes commentaires de comptoir (éditeurs avec le plus de nouveautés, titres longs, la malice de Kazé manga, lancement webtoon, nouveaux éditeurs, etc.). Les chiffres sont vrais à +/- 1 titre près. J'ai exclu les romans (notamment spin-off) chez les éditeurs dont ce n'est pas le produit de base et les coffrets (et ne pas avoir peur, ce n'est pas un com' détaillé sur chaque éditeur

).

- De manière peut-être surprenante, l’éditeur ayant sorti
le plus de « nouveautés » et de très loin est
Blackbox (et ce même si l’on inclut les éditeurs de Boys’ love) avec 46 nouveautés. Alors, il y a certes une logique quant on considère leur politique éditoriale de titre vintage, mais pour moi c’est une surprise quand on considère aussi que c’est de l’auto-distribution et tirage limité et souvent financement participatif.

- L’autre surprise (toujours pour moi) est
Delcourt-Tonkam (D-T) que l’on retrouve derrière (26). Surprise quand on sait leur légendaire (non) communication et surtout politique de « gare aux ruptures de stock et sorties lentes ». Le chiffre serait encore plus élevé si l’on ajoutait aussi Kbooks, leur branche webtoon qui a démarré cette année. Mais vu qu’ils tiennent à séparer les deux. Mais l’on pourrait aussi s’amuser à joindre l’autre membre du groupe
Soleil manga qui partage les mêmes « qualités » et a quand même sorti 21 nouveautés. Comme BlackBox, il y a
aussi un "truc" derrière ce grand nombre de sorties.

- Si l’on considère
les six éditeurs leaders marché, on peut distinguer
2 pools et un intrus (qui m’a poussé d’ailleurs à faire ce tableau). Ainsi,
Kana, Glénat et Pika dans la 20aine, Ki-oon et Kurokawa autour de 14 et
Kazé manga avec...4. Oui oui, quatre nouveautés seulement pour le 5e éditeur en terme de part de marché. C’était déjà le cas
en 2019 (3) et 2020 (5). Alors, c’est tout à leur honneur et talent d’avoir une telle rentabilité mais quand on appartient à Shueisha et Shogakukan, je trouve ça cynique (pour rester poli).
En tout cas, ça me fait sourire en repensant à l’époque où l’on annonçait la mort des autres éditeurs
après le rachat de Kazé et comment ils avaient inonder le marché. Bref, la politique semble être claire, laissez les autres éditeurs casser leur tirelire sur les licences des maison-mère et sortir de son côté quelques titres de temps en temps avec des succès. Après tout, le marché français se porte bien donc c’est gagnant-gagnant. Au passage, j’apprécie la constance du minimum syndical avec les titres Shogakukan (toujours au moins un titre par an, de préférence un Shojo et bien sûr le seul qui n’a pas droit à la promo étouffante

)

- Comme je disais plus haut, il y a un « biais » dans les gros nombres de sorties de certains éditeurs, à savoir :
la longueur des séries. C'est connu que la majeure partie du temps et de manière logique, une licence longue qui en plus ne se vend pas est un poids pour les éditeurs.
Ainsi, si l’on considère que les
séries faisant au moins 5 tomes, l’on peut voir que Blackbox n’en a sorti aucune. Encore une fois, c’est logique vu leurs moyens et leur politique. L’éditeur indépendant
Akata en a 6 sur ses 25 nouveautés. Et honnêtement, je pensais qu’ils en avaient aucun (Par contre, c'est rarement plus de 5 tomes). Si on applique la même chose à
D-T, l’on en dénombre 7 (dont 6 « isekai/RPG moderne », un genre dont le responsable ne s’est jamais caché être friand). Sinon, en effet, beaucoup de sorties de l’éditeur sont en fait des rééditions ou encore dans leur jeune collection « moonlight » qui comporte souvent des tomes uniques ou séries courtes (2-3 tomes).

- Si l’on applique ce filtre (sorties d’au moins 5 tomes et n’étant pas des spin-offs de succès) aux 3 leaders du marché, l’on a
8 nouveautés pour Glénat et Pika et 10 pour Kana. Je trouve intéressant (et encore une fois dommage pour leur communication) que D-T ne soit pas si loin. Sinon, pour revenir aux trois leaders,
Pika est par contre celui qui a sorti le plus de séries comptant déjà beaucoup
plus de dix tomes et en cours (Kaguya-sama, Hanako-kun, The Fable, etc.).
Mais ça reste petit joueur devant
Meian qui tient à sa couronne d’éditeur aux titres avec grands nombres de volume comme ils avaient commencé avec Kingdom. Ainsi, non seulement ils ont sorti
24 nouveautés mais 20 au moins font plus de cinq tomes et je n’ai pas compté mais je pense que minimum une quinzaine font/feront plus de dix tomes ou vingt (avec eux aussi un penchant pour « l'isekai/RPG moderne »).

-
Deux nouveaux éditeurs ont fait leur entrée en fanfare cette année à savoir
Noeve Grafx et Mangetsu. Noeve Grafx n’a pas fait dans la dentelle avec
17 nouveautés dont 12 avec plus de cinq tomes (et pas mal en ayant déjà 15 et en cours). Et encore,
la crise du papier les a empêché de sortir toutes les nouveautés qu’ils avaient annoncées. Donc il faudra les
ajouter en 2022 aux...25 titres annoncés...pour le moment (la gestion des fonds de catalogue sera intéressante à suivre chez cet éditeur s’il survit).
Mangetsu auront eux
sorti 11 nouveautés et bien fait leur buzz (à juste titre) sur la relance de Junji Itô en France (anciennement « affilié » à Delcourt-Tonkam). À la différence de Noeve, ils sont allés mollo sur le nombre de titres de plus de cinq tomes (4).

- Lancé discrètement en fin d’année dernière avec un titre, un éditeur « atypique » poursuit son chemin:
ManEd. Ils n’ont sorti que deux titres en 2021 mais il est à noter que c’est un éditeur qui sort pour l’instant
des titres chinois (Manhua) et aux thématiques arts martiaux/pouvoirs magiques/chine impériale et qu’on peut aussi lire sur Mangas.io.
Encore plus discret mais productif, l’éditeur
italien Shockdom qui a débarqué avec 6 de ses (courtes) créations originales italiennes et doujinshi japonais.

- L’on pourrait aussi parler de
Vega-dupuis comme d’un nouvel éditeur vu le changement de nom et partenaire. Seulement 4 nouveautés (et pas forcément les meilleurs) mais une communication active maintenant sur le net et des titres pour 2022 déjà plus excitants. Un autre éditeur ayant changé de nom, Issan Manga
devenu Fuji Manga et qui continue sa politique très (trop?) Tezuka et très (très très) chère.
Lanovel édition qui aurait pu mourir dans l’oeuf l’an dernier à cause du COVID (et sauvé par un financement participatif) a pu sortir 4 light novel (un genre qui ne cartonne pas en France mais courage à eux et ça dépend des objectifs!). Après tout, l'autre jeune éditeur spécialisé en light-novel
Mahô édition est monté en puissance et aura sorti 6 nouvelles séries cette année dont une licence comme 86 (et en est satisfait).

-
Panini manga n’a pas changé de nom mais a voulu se refaire une réputation depuis la manne « Demon Slayer » (DS) et il convient de le noter. Ainsi,
6 rééditions/relances de titre (dont des perfect/deluxe) et
8 nouveaux titres. Par contre, vu le nombres de titres qu’ils ont à finir, les nouveaux titres sont
tous en moins de cinq tomes. De plus, DS finira certainement l’an prochain et ils ont déjà commencé à augmenter leurs prix (crise du papier etc. comme argument). Mais aussi, même
d'augmenter récemment de manière ciblée celui d’une de leur réédition avec comme justification les faibles ventes (Aozora Yell). Bref, à surveiller quand DS finira et s’ils n’arrivent pas à en faire un titre stable.

- Ça aura été aussi
l’année du Webtoon avec lancement en format papier de deux titres papier très suivis sur le net. Comme dit plus haut, un nouvel éditeur (
Kbooks) a même été créé par le groupe Delcourt pour lancer
7 titres dont Solo leveling. L’éditeur
Ototo (toujours difficile à cerner pour moi) a lui sorti "Tower of god" en plus de leurs 6 autres nouveautés manga. Vega-Dupuis comme Kbooks ont aussi ouvert leur
plate-forme en ligne de publication/lecture de webtoons. Et même
Ki-oon a créé un label Toon (bien que leur responsable a expliqué encore récemment qu’ils en sortiraient très peu). (au passage, "God of Highschool sortira aussi chez Kbooks même s'ils ne l'ont pas annoncé)

- Enfin,
sur le point de la com’ je n’ai pu m’empêcher de noter que c’était l’année
Twitch/Influenceur. Certainement stimulé par la pandémie et l’annulation des conventions, beaucoup d’éditeurs ont non seulement créé un compte mais surtout
créé des streams/émissions pour leur communication. Quatre (
Glénat, Pika, Kana, Kurokawa) des six leaders du marché s’y sont mis et à part Kana, ils sont même tous partis
s’attacher les services de ceux appartenant au fameux monde des influenceuses/streameuses pro et désignent même certaines comme ambassadrices (Oui, ce ne sont que des filles en ce moment. Aucun sexisme ici, je trouvais juste ça marrant). Au passage,
Kazé manga aura quand même été jusqu'à « créer » un titre d’ambassadeur pour la promo/lancement d’un titre spécifique.
Vega-dupuis a réceùùent annoncé entrer dans la danse eux aussi d’émissions Twitch l’an prochain et
Mangetsu était déjà présent là dessus depuis ses débuts. Qui suivra en 2022?