"Le portrait, ce genre en apparence si modeste, nécessite une immense intelligence. Il faut sans doute que l’obéissance de l’artiste y soit grande, mais sa divination doit être égale. Quand je vois un bon portrait, je devine tous les efforts de l’artiste, qui a dû voir d’abord ce qui se faisait voir, mais aussi deviner ce qui se cachait. Je le comparais tout à l’heure à l’historien, je pourrais aussi le comparer au comédien, qui par devoir adopte tous les caractères et tous les costumes. Rien, si l’on veut bien examiner la chose, n’est indifférent dans un portrait. Le geste, la grimace, le vêtement, le décor même, tout doit servir à représenter un caractère." ~ Baudelaire, Salon de 1859 (extrait).
Pour tout dire, à mon avis, le dessinateur a eu du mal à retranscrire l'état d'âme de la complexe Psykos dans un décor. Ores donc, vous m'excuserez, son bureau "cool" est relativement sobre, basique et simple. Un crâne humanoïde, la cornue de l'alchimiste, une bibliothèque remplies de vieux bouquins reliés. Un sujet parfait pour un bon coloriste : les éprouvettes remplies de fluides de toutes les couleurs, les recoins sombres, les fumées verdâtres qui s'échappent des fioles... Une torture pour M. Murata, dessinateur en N&B, qui se devait d'y mettre plein de détails, mais qui semble préférer les scènes d'action. Un archétype du laboratoire de l'alchimiste médiéval aura eu au moins le mérite de se faire comprendre par tout un chacun.
Derrière la Monster Association, derrière Orochi, lui-même utilisé comme incubateur pour créer des Monster Cells, loin de prendre part à la guerre et de s'en préoccuper, continuant de créer des monstres en pleine bataille, allant jusqu'à étudier le corps de Metal Knight capturé pour lui soutirer des informations... Dans le Webco, l'étonnante Psykos était directement cachée à l'intérieur de Gyoro Gyoro. Leader, monstre, humaine, scientifique, esper : le seul personnage à avoir balayé tout le champ des possibles de l'univers de One Punch Man! Et sans m'étendre sur son côté stratège, qui mériterait une analyse des plus savoureuses, par exemple dans la manière dont elle a crée la MA, géré les monstres, positionné les cadres, esquivé son combat contre Tatsu...
Quelle erreur grossière d'avoir fait de Gyoro Gyoro un monstre à part ! D'autant plus que, selon ma théorie de l'allégorie bouddhique, les monstres rabaissés dans les choses matérielles par l'expansion d'une pulsion, ne peuvent pas être des espers, par définition des êtres spirituels. Il n'y a donc pour moi que trois espers.
Evil Eye, Orochi et Gyoro Gyoro n'apportent rien à l'histoire en tant qu'humains évolués : ce sont des meat puppets possédés par les corps astraux créés par l'étonnante Psykos. Par exemple, lors de l'affrontement entre Tatsu et Evil Eye qui connaît déjà les soeurs. Autre exemple, je trouve stupide donner à Orochi une personnalité autonome, alors qu'il est composé de plusieurs dragons; d'en faire un génie qui copie en un clin d'oeil les techniques de Garoh. Au contraire, cela prend tout son sens quand Gyoro Gyoro assiste en personne au combat, semble contrôler Orochi, et enfin montre par la même occasion qui est le vrai leader de la MA. J'applique aussi ma théorie des corps astraux pour Evil Water et pour l'apparition qui a donné ses pouvoirs à Homeless Emperor.
Je ne suis pas du genre à me contenter d'un scénario enfantin.
Genus, un génie sur le tard qui se rajeunit (égoïste ?) et se clone (narcissique ?), qui crée des animaux mutants limités au niveau Démon, qui se contente de cacher son chef d'oeuvre (Carnage Kabuto est le seul au niveau Dragon) dans un sous-sol, est pour moi un ersatz de Frankenstein.
Dans les règles de l'univers de One Punch Man, la volonté de puissance qu'on peut déduire de la signification de son labo, car c'est bien de cela dont il s'agit avant tout (pour qui sait me lire entre mes lignes), consiste pour la divine Psykos à combiner Frankenstein à Faust, à utiliser la science et la magie.
_________________ Homeless at home We deem we dream And that dissolves the days Through which existence strays
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