Ceci n'est qu'un avis personnel dû à mon vécu. L'objectivité n'étant pas signe de vérité pour chacun, je respecte vos avis autant que j'espère qu'on respectera le mien (je mets un A.T. field car on parle de Star Wars tout de même) :
Après avoir vu difficilement le 4-5-6 durant l'enfance et vomi l'épisode 1, j'avais absolument effacé le moindre souvenir de ce que j'ai le moins apprécié du cinéma de SF. Puis, j'ai fini par regarder les 6 d'affilé, il y a quelques années (3-4 ans). Ce fut la claque de mauvais goût que j'attendais : des complots à la limite du puéril et le manichéen à son paroxysme, peu de contrastes ; les femmes qui ne servent à rien ; des héros blancs, fragiles et si peu d’ethnie alors qu'on est dans toute une galaxie ; des phrases si kitchs premier degré, c'était encore moins bon que Dune (seul film de D.Lynch que je déteste et qu'il a renié) aussi bien sur les thèmes, les enjeux ; ça manquait aussi bien de virilité que de belles chorégraphies. Ces maquettes épurées me laissaient de marbre. Jamais de ma vie un X wing m'a donné envie de le piloter. Déjà que j'étais malade en voiture alors trouver du kiff dans une bataille galactique me donne le tournis.
Bon, le travail de composition est tout bonnement exceptionnel et les costumes forcent le respect. Les sabres lasers sont tellement marquants qu'on oublierait presque que c'est totalement enfantin. Ouais, parce que dans l'univers où on peut développer des méthodes de déplacement à la vitesse de la lumière, le meilleur moyen de se battre pour un jedi c'est un sabre laser... Non désolé, si on peut créer et maitriser des énergies qui peuvent détruire une planète, je ne comprends pas pourquoi les armes à feu n'ont pas atteint une utilité plus efficace qu'elles laissent paraître.
S'encrer dans une histoire déjà installée par le biais d'un texte d'introduction signait déjà ma fatigue. Non pas que lire me dérange, au contraire, mais rentrer en plein milieu de conflits sans me laisser le temps d'aimer l'univers c'est comme si on me demandait de sprinter sans m'échauffer. Je n'aime tout simplement pas ce type d'introduction.
On pourrait revenir sur les personnages qui n'ont pas assez de contenu pour dégager un semblant de personnalité, mais c'est intéressant de signaler que le plus apprécié se trouve être Han Solo. L'acteur sait jouer. Harrison Ford a plus de mimiques et de contradictions que son entourage si lisse qu'on finit par glisser dans la monotonie. Oui, SW m'ennuie profondément. Il ne remplit jamais son rôle de divertissement, ni même de celui de l'imprévisibilité. À tel point que "je suis ton père" reste l'unique sursaut qui traversa les générations, comme l'ultime éveil salué quelque soit son époque.
Je vais être un peu plus bref mais pas moins tranchant : SW est une licence pour enfants, elle n'a pas le poids des thèmes qu'elle peut aborder, et suit le parcours classique du héros aux 1000 visages. The Red Dwarf est aussi enfantin avec son humour bien anglais. Ok, c'est une série mais le message sera plus fournis que "ne tombe pas dans le côté obscure", fichtre que je déteste cette morale! La plupart des peuples des planètes sont encore plongés dans le royalisme primaire, et ça gueule contre un dictateur de la plus grande caricature qui existe.
Dans cet élan d'insensibilité pour cette franchise, papa Abrams intervient : quel souffle ! Quel bonheur ! Le soulagement du messie que j'attendais. Alors personnellement, un auteur qui sait mettre sa patte à une franchise si protégée c'est ce que j’appelle avoir du courage. Mais écraser une licence et la faire renaître en gardant sa structure : j'appelle ça du génie. Oui évidemment, faire quelque chose d'actuel, c'est se mettre à dos une partie de la communauté des fans car que ça soit pour un manga ou un anime, ils seront toujours là pour transpirer leur nostalgie dans des argumentations qui se veulent objectives. Je dois dire que les retours sont souvent plutôt justes : Abrams a fait du Abrams (ou du Spielberg) avec une photographie incroyable. Puis, j'aime absolument chaque ligne de dialogue et bon sang le choix des acteurs frise la perfection. Tout le monde sait jouer. J'adore encore plus mater les making off des acteurs, leurs auditions et leurs réunions de lecture de scripte : c'est de la performance à tous les niveaux. Enfin, SW insert de l'humour, pas celui débile des films Marvel ni même les punchlines des films d'action. Les personnages ont leur propre personnalité incorporée à l'histoire qui s'emboîte sans que les spectateurs aient à demander une seule seconde où est-ce qu'on se trouve. Les combats sont shonen à souhait. Et enfin, une héroïne sans sexualisation, sans martyre incomprise, sans le côté femme fatale. Non, il s'agit de véritables problèmes propres à son âge.
Des plans iconiques, voilà qui manquaient cruellement au dernier Rogue-One. Je peux en citer plus de mémoire que celui de Gareth Edwards, qui a le même problème que sur Godzilla : il ne sait pas diriger ses acteurs. Le manque émotionnel est terriblement décevant. Comment peut-on seulement cuter la mort de la première scène avec si peu de tact ? Parce que la gestion du temps est extrêmement importante pour réaliser une action plongée dans la peine. C'est comme ça que ça marche : on est triste de la mort de DiCaprio dans Titanic parce qu'on le voit couler et qu'on ne "cut" pas sur Winslet sur le bateau. C'est un exemple au pif, ne m'en voulez pas lol. Bref, il n'y a qu'à voir Godzilla 2014 ou Monsters pour comprendre ce que je reproche à R-O. Cependant, il y a des efforts sur le rythme du coup on peut éventuellement remercier Disney d'avoir été derrière, sinon l'indigestion de platitude propre à Gareth m'aurait achevé.
Cette respiration pour le SW7 est ce qui m'a fait m’intéresser à la franchise. Non plus que ça, elle m'a fait aimer un univers. C'est le seul Bluray que j'ai acheté et je n'ai vraiment aucune envie de m'intoxiquer de la lourdeur de ce qui l'a précédé. Je pourrais encore revenir longuement sur les éloges, le travail de son notamment, la précision des effets sonores, les symboles et l'importance des différentes origines dans l'univers. Rien que d’analyser la scène de la mort de Han, il y a 3 pages à écrire. Alors que la mort de Darth Vader agglutine la rédemption au cœur des clichés, ou encore toute son adolescence sur son passage au côté obscure qui est plus simple à écrire qu'un méchant de Naruto.
Parlons-en de Rogue One justement : nous avons tout de même, en guise d'intro, une mort assez pittoresque et ce sentiment de déjà-vu vous explosera à la figure, effaçant la prestance de Mads Mikkelsen par une situation qu'on ne connait que trop bien. Mais pas le temps de niaiser : 5 minutes après : flash-back de l'intro. Peut être aurions nous eu un pincement au cœur si nous avions pu en apprendre un peu plus sur ces personnages. La transparence étant de rigueur, mon intérêt également.
L'actrice n'a pas un grand panel d'expressions. Quelque soit la situation : que ce soit la mort d'un personnage qu'elle aime ou pour motiver les troupes avant combat, elle ne dégage aucune expression. La qualité du scénario est ce que je lui reproche le plus. C'est à dire: sa linéarité, les personnages lisent le scénario tout haut, font le scénario, ne dévient pas du scénario, ne discutent pas de leur vie : quid de la vie en prison ? Peu importe, ce film est un jeu vidéo en couloir. Cela dit, la photographie n'a rien de mémorable. On pourra tout de même souligner son final (qu'on voit dans plusieurs films catastrophe, n'est-ce pas flash-back de Sarah Connor ?). Qu'en est-il de la crédibilité de l'univers ? Les strormtroopers semblent en mousse. Il suffit d'en faire glisser un pour qu'il s'évanouisse par terre, ils seront d'autant plus coopérants qu'ils attendront sans sourcilier qu'un collègue soit utilisé comme batte de baseball pour être éjecté. Il est difficile de discerner l'humour dans des batailles premier degré. Pour terminer, la CG de personnages humains importants est discutable.
Ceci étant, avec un budget de 200 millions de dollars, c'est beau. L'univers est extraordinaire, les costumes sont particulièrement soignés, et pour les amoureux des franchises originales, il y a ces célèbres dialogues interminables et "politiques". Le scénario est cohérent ; c'est d'une simplicité frôlant l'indigestion mais il se passe tellement de choses qu'on saluera la cohérence de l'écriture. Darth Vader en impose et c'est peu de le dire. Le tout mélangé aux batailles spatiales, on tient réellement un film Star Wars. Les amateurs de divertissement ne seront pas en reste. On reste dans un esprit très américain où la principale mission consiste à attaquer une base sur une île en plein jour à plus ou moins 10 soldats. Allez ça passe, je vous conseille d'aller le voir et de vous faire votre propre opinion.
_________________
|