En passant par les cieux - tome 1Après le décès de son mari, une ancienne ingénieure embarque pour un voyage vers la Terre, accompagné de son fils, un robot qu'elle a conçu elle-même. Un début de scénario prometteur pour un long périple à travers les cieux, où il est question d'Intelligence Artificielle et de bien d'autres choses...
L’histoire débute par la cérémonie funéraire dédiée à feu l’époux de Sora Hiyodori, femme au foyer et ingénieure retirée de la vie active. Le Lecteur est plongé dans son univers, sans présentation ni explication, mais nous comprenons qu’il s’agit d’un récit de science-fiction lorsqu’un petit robot se présente comme le fils du défunt.
Suite à cette scène d’ouverture, le duo mère et fils part pour la Terre afin d’apporter les cendres du défunt à la mère de l’époux disparu. Un voyage de 49 jours à travers le cosmos, ponctué de quelques escales, mais qui ne sera pas de tout repos car vont s’inviter des intrigues opposant industriels et sécurité publique.
Porté par l’attitude nonchalante et décontractée de son héroïne, nous découvrons un monde ultra-technologique où l’électronique et l’informatique dominent le quotidien. Les sujets classiques se retrouvent rapidement sur la table, dont bien évidemment celui de l’Intelligence Artificielle, abordée ici d’emblée pour la débarrasser de quelques clichés...
Si le fils de Sora et le personnel robotique de "Universal Space Lines" semblent de bons candidats pour déployer cette démonstration, nous débutons finalement par un autre standard : une I.A. joueuse d’échecs que des activistes veulent libérer, considérant qu’elle a des droits humains. Cependant, cette question est rapidement laissée de côté pour se concentrer sur celle des désirs, mais aussi sur la lucidité de sa nature profonde. Un sujet abordé en réalité pour établir le point de vue original de notre héroïne, qui n’a que faire des grandes causes et des idéologies du moment.
Ce premier tome creuse d’autres sujets proches, mais l’ensemble a bien pour but de mettre en évidence le côté singulier de Sora. Celle-ci mène une existence à la fois banale et singulière, appréciant les bistros et fabriquer elle-même ses machines. Le tome se termine sur une certaine révélation, classique et attendue par tout amateur du genre.
Débuté au Japon en 2018 et comptant pour l’heure trois tomes, le manga de Hekosuke Abarabone, avec son dessin faussement naïf, signe un début prometteur qui nous entraine dans un récit maîtrisé et pointu, nimbé d’une ambiance se jouant des énigmes et des mythes. Des éléments parfaitement mis en scène et en images dans ce voyage qui a pout but, rappelons-le, de ramener un mort "chez lui".

The Blue Flowers and the Ceramic Forest - tomes 1 & 2La mangaka de « Kids on the Slope » nous revient avec cette série en 10 tomes : une tranche de vie romantique dans le monde de la poterie. Un début accrocheur qui nous plonge dans un univers de forme et de couleur fascinant.
Prépubliée au Japon de 2018 à 2022 dans le magazine Flowers des éditions Shôgakukan, l’histoire de Yuki Kodama se place dans la petite ville montagneuse d’Hasami, dans la préfecture de Nagasaki. Les porcelainiers d’Hasami sont spécialisés dans la production de masse d’objets du quotidien dans un style connu sous le nom de Hasami-yaki.
Tatsuki, fraîchement débarqué d’Europe, est engagé dans un atelier de poterie d’Hasami qui compte une dizaine d’artisans. A cause de son tempérament froid et distant, son contact avec ses collègues est difficile, en particulier avec Aoko, peintre sur porcelaine : lorsqu’il dit ne pas être intéressé par la peinture sur porcelaine, celle-ci a l’impression que l’on renie tout ce qu’elle est.
Cependant, Aoko se trouve bien obligée de reconnaître le talent de Tatsuki pour tourner et pour créer des formes fascinantes. Un projet pour le festival du printemps va les obliger à collaborer ensemble et à trouver un compromis sur leurs désaccords artistiques.
Le récit de Yuki Kodama nous fait suivre cette relation compliquée, rythmée par le travail à l’atelier : le train-train quotidien, la préparation des évènements, la création de nouveaux produits, etc. Les explications pédagogiques ne manquent pas, mais elles sont diluées de manière fluide et simple dans l’histoire, le plus souvent l’air de rien, au milieu des débats des personnages, discutant des approches de leur travail.
L’autre versant concerne évidemment la relation des deux protagonistes, qui vont petit à petit apprendre à se connaître, à comprendre leurs points de vue respectifs sur leur création de poterie, et à découvrir leur passé, qui comportent des moments difficiles.
C’est une formule simple mais qui fonctionne merveilleusement bien. Le trait fin de son dessin allié à la sensibilité de sa narration nous plonge avec naturel dans cet univers à la fois sophistiqué et simple, dans le bon sens du terme. Un beau début pour une mangaka confirmée qui réussit de nouveau à surprendre par son choix de sujet, qui prend pour théâtre un Japon loin de la grande ville et peu connu.

Horimiya - tomes 15 & 16Dernière ligne droite de cette comédie scolaire et romantique, qui fut l'une des plus populaires des années 2010. Beaucoup d'humour et un peu de mélancolie dans ces pages qui concluent les années lycée de nos héros, mais pas encore totalement la série, qui s'achèvera au tome 17.
L’histoire principale s’achève au seizième tome ; plus précisément dans sa première moitié. Dans ce chapitre final, la bande de Hori et Miyamura assistent à la cérémonie de fin de leurs études et se retrouvent une ultime fois dans les couloirs de leur lycée. Dernières blagues et prises de becs, grand et long moment d’adieux entre certains personnages ainsi qu’avec les lecteurs.
Un final à l’image de la série, simple, drôle et touchant, centré sur une bande d’amis ordinaires, avec les ultimes pages dédiées au couple vedette, entre souvenirs et avenir. La dernière ligne droite est également dans cet esprit : exit les problèmes personnels, de jalousie ou autres, ainsi que les romances un peu contrariées, même si l’avant dernier chapitre apparaît mélancolique, revenant sur les anciennes anxiétés de Miyamura, désormais loin derrière lui.
Les auteurs se sont amusés avec la maladresse de certains professeurs, des discussions sur tout et rien, des questions farfelues qui viennent soudainement à l’esprit, des remarques qu’on se fait en visitant la demeure de sa moitié, des demandes absurdes faites à ses potes. On passe des piercing aux talons aiguilles, avec un détour par une dernière Saint Valentin, où il est surtout question de trouver le cadeau idéal ou simplement le bon ruban cadeau !
A partir de la seconde moitié du tome 16, nous sommes dans le rappel avec des chapitres extras. Si certains se déroulent durant le lycée, une histoire plus longue nous entraîne 10 ans plus tard. Elle n’est pas consacrée à des membres de la bande, mais au jeune frère de Hori et à son amie d’enfance, à leur tour lycéens. Une jolie histoire, un brin romantique, qui s’inscrit parfaitement dans le style et l’univers de Horimiya.
Une lecture qui s’avère une nouvelle fois très plaisante grâce à un quotidien de lycéens dépeint avec justesse et malice. Les dialogues et les réactions jouent beaucoup sur la confrontation de tempéraments très différents, voire opposés, avec une véritable tendresse qui unit tout ce petit monde. Une très belle chronique adolescente et une référence incontournable de ces dernières années.