~Introduction~
Desty Nova, éducateur. -Je voudrais, pour une fois, rendre hommage à celui qui fut le principal instigateur de mon goût
pour la
sci-fi. Car, sans le Professeur Desty Nova, qui sait si j'aurais poussé si loin dans les études scientifiques ?
Mais d'abord, mettons-nous d'accord sur un point : il ne s'agissait pas ici d'être réaliste, mais bien d'idéaliser.
Ce qui, après tout, me caractérise hautement, moi qui suis en perpétuelle
contradictio in adjecto avec moi-même.
Depuis que leur grand Newton leur a enseigné que tout tend vers un point abstrait
(Dieu ? Car de l'aveu même de Newton : 'la gravité n'existe pas'),
il semblerait que les Anglo-Saxons soient les champions du consensus universel.
Prenons par exemple ce petit fait, auquel souscrivent au demeurant tous les comics américains :
ils se sont tous mis d'accord pour faire du
mad scientist un
docteur polymathe.
Nous avons ici le Docteur Fatalis, digne descendant d'Archimède, qui s'impose par la robotique dans une Latvérie médiévale,
et qui force l'admiration du Docteur Strange dans sa connaissance des sciences occultes (cf son affrontement contre Méphisto).
Nous avons là le Docteur Red Richards et encore le Docteur Octopus, le Docteur Destiny, le Docteur Hugo Strange de
Gotham qui combine des connaissances en psychiatrie et en génétique
(en cela, il surpasse Nygma, bien que polymathe lui-aussi mais limité aux neurosciences - d'où ses perpétuelles énigmes,
toutes visant, si l'on sait lire dans le personnage, à comprendre le fonctionnement du cerveau-).
Pour ne rien dire du "Docteur", l'idéal anglais par excellence, qui sait tout, qui connaît tout, mais n'agit que dans le but de préserver.
Tous savants universels.
Tous ersatz du Docteur Faust de Marlowe, docteur dans 4 spécialités (médecine, théologie, logique, droit).
Tous ersatz du Docteur Frankenstein de Shelley, noble représentant de la science moderne version fin XIXème, rebelle et immorale.
Non, les Américains, pour autant qu'ils ne veulent pas s'extraire du carcan anglais, ne sont pas des innovateurs
Et quand les Japonais marchent sur leurs traces, cela n'est jamais de bon augure (cf Docteur Wily ou Docteur Souichi Tomoe).
Le génie n'est pas un polymathe, c'est ce que devrait au moins savoir n'importe quel psychologue de second ordre.
Mais, et c'est peut-être là ce qu'il y a de plus intéressant, c'est qu'à l'instar de tous ces idéaux,
nous pouvons mesurer aujourd'hui combien leurs antipodes, les personnages réels, les vrais scientifiques, s'en éloignent.
Jetons un dernier coup d'œil sur les images que nous offrent Pythagore,
la fascination incarnée du Quantifiable,
sur Démocrite, le grand atomiseur, qui déjà pratiquait des dissections sur les embryons, sur Léonard de Vinci et sur Alberti.
Et mesurons objectivement, avec toute la clarté du regard, ce qui les séparent de ces nullités qui s'approprient aujourd'hui,
avec une outrecuidance sans borne, le titre de 'PhD'.
Regardons attentivement ces ectomorphiques Dr. Sheldon Cooper, confinés dans leurs spécialités, simples ouvriers cérébraux,
avides d'utiliser leurs cerveaux pour un titre - et rien qu'un titre -,
véritables idiots pour tout ce qui dépasse les frontières de leurs petites tâches journalières.
Fréquentons les universités, les bibliothèques universitaires, et ouvrons-les yeux. Car il est grand temps.
Ne voyez-vous pas la caricature grossière du
mad scientist ?
Ne voyez-vous pas précisément le contraire de ce que représentent les comics et les mangas ?
Ne voyez-vous pas poindre la grande énigme moderne, au-delà de toutes ces questions d'accomplissement de l'Homme :
le concept d'
uomo universale est-il encore possible ?
Cet espoir est bien celui d'une jeunesse avide. D'une jeunesse pleine de vie.
Pour de telles questions, les Français sont trop tardifs.
Le 'vieux monde', c'est la démocratie, le cosmopolitisme et l'instabilité sociale installés depuis trop longtemps.
La jeunesse française est vampirisée par Paris : à 1h30 de cette ville en TGV, tous les grands pôles sont catalogués 'provinces'.
C'est à Paris que s'abîment tous les plus fiers espoirs de notre jeunesse.
'Que tout soit ma province', c'est ainsi que Paris vide le sang de la force de la France.
Et pas seulement de la France, jusqu'aux rejetons de ses colonies qui subissent la grande attraction de l'oupyr de fer et d'acier.
Qu'obtient-on en retour ? Des déracinés. Des pessimistes. Des lâches. Des médiocres. Des avortons.
Qui voudrait faire cesser le pessimisme en France n'aurait qu'à détruire absolument tous les chemins de fer.
Internet fonctionne exactement sur le même procédé.
Un acte terroriste de premier ordre... Mais qui seulement pour y songer ?
Ces questions appartiennent seulement à mes pairs, les Américains. Du genre d'
Unabomber.
Je ne crois pas que la jeunesse française se soit jamais posé cette question de la possibilité de l'Homme Universel, du polymathe.
Non, pour de telles questions, il faut être idéaliste : croire en une Renaissance encore possible sur une terre défrichée récemment.
A une possibilité d'Age d'Or. Il faut croire aux super-héros et aux super-vilains. Il faut être Américain.
Eux-seuls pouvaient, en tant que race neuve, croire en cet espoir de l'Homme Universel. Eux-seuls pouvaient le mettre en image.
Qui ne voit pas dans le Docteur Fatalis l'incarnation de l'Homme de la Renaissance, ne comprendra jamais cet espoir.
Mais, précisément parce qu'il nous est le plus éloigné, à nous autres scientifiques modernes idéalistes,
nous avons donné de la tête dans le mur plus lourdement que tous les autres réunis.
Nous en étions là quand, au milieu des années 90, apparut ce petit manga, banal et insignifiant
(jusqu'au tome 4, car c'est avec le
Motorball que le tome 4 de
Gunnm donne envie de lire les précédents,
c'est aussi avec le tome 4 que Yukito Kishiro donne la pleine mesure de son talent, et il s'achève au tome 6).
Au collège et sans-le-sou, j'attendais d'un manga qu'il me fasse voyager, brise les frontières de son auteur, relie l'Orient à l'Occident.
Un mauvais shonen, essentiellement ceux des années 2000, se limite trop au petit univers de son auteur.
Par exemple,
Naruto est bien trop nippon pour nous.
Se rappelle-t-on tous les contresens auxquelles les analyses ritualiennes ont donné lieu pendant les années 2010 ?
Un autre mauvais shonen, si on ne se limite pas à la sculpture baroque des personnages,c'est
Baki.
Rien de plus nippon que ce Musashi,-symbole tellement moderne de l'Ashura, et ce Sokune,-symbole pas moins moderne de Buddha.
Il va de soi que j'adresse les mêmes compliments au fameux et soporifique
One Piece,
qui reprend à son compte tous ce qui a fait le succès des
Feux de l'amour.
Il faut vraiment être une vache à lait très fatiguée, très épuisé nerveusement, pour s'abîmer cérébralement dans ce genre de manga.
Si encore ils donnaient envie de s'ouvrir à la culture japonaise, alors pourquoi pas.
Mais j'en doute. Je crois au contraire qu'ils représentent ce que vivent et ressentent leurs auteurs et rien de plus.
Ils se limitent à une affirmation de soi, à une forme de patriotisme qui devrait choquer les Français, ce peuple si vaniteux.
Si les mangas qui sont édités de nos jours devaient subsister dans les décennies à venir,
ce seraient uniquement à titre de curiosités psychologiques, comme émanations de l'âme renfermée des nippons
-les Britanniques de l'Asie.
Mais revenons à
Gunnm.
Pour la partie physique, Yukito Kishiro évoque en passant le plasma, la MHD, les nanotechnologies, la cybernétique.
Même l'effet Hutchinson ou encore l'arme Abaddon basée sur les recherches de Tesla.
Pour la partie métaphysique, il évoque tout aussi légèrement Nietzsche et surtout la notion de karma.
Son monde est celui d'
Appleseed et de
Ghost In The Shell d'un véritable maître, Masamune Shirow.
Son univers, c'est le
cyberpunk. Le monde des
Mad Max,
Blade Runner,
Alien,
Terminator,
Planète Hurlante...
Le cyberpunk de
Gunnm était encore possible au cinéma quand les réalisateurs, baby-boomers nés dans les années 50,
avaient ressenti dans leur jeunesse la peur d'un affrontement militaire USA / Russie.
Un monde apocalyptique résultant d'une guerre par armes nucléaires.
Avec la fin de la 'guerre des étoiles', le démantèlement de l'URSS, la montée en puissance de la Chine,
de l'Inde, des Emirats, du Canada et de toutes les colonies des anciennes puissances, surtout par les satellites et l'internet,
avec la mondialisation, cette hypothèse est désormais rendue impossible.
En tant que tel, le monde apocalyptique dessiné par
Akira ou
Hokuto no Ken appartenait aux pensées de ces baby boomers. Et donc des réalisateurs des années 80-90.
Petite parenthèse :
John Titor https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Titor.
Personne en France n'a pris au sérieux le profil psychologique de ce troll des années 2000.
Mais si l'on s'intéresse un tant soit peu à ses messages, le doute n'est plus permis.
Je les recommande d'ailleurs comme source d'inspiration pour des films tels qu'on en faisait dans les années 80-90.
La fin du deuxième tome de
Ghost In The Shell, c'est Kusanagi contemplant les possibilités du cyber-espace.
La fin de
Gunnm, c'est Nova réalisant un programme informatique 'Ouroboros',
et piratant un programme informatique 'Melchizedek' (une évocation de
la Matrice).
La cybernétique a changé de look : on laisse de côté la mécanique et on se dirige vers l'informatique, vers le traitement des données.
Les moyens d'abstraction ont plus d'avenir que les moyens d'expérimenter.
Nous n'aurons plus de ce monde crasse plein de sang et de rouille.
En tant que tel, il est révolu, passé de date, périmé, comme la musique qui lui était contemporaine.
Mais en tant que tel, aussi, nous pouvons à présent le juger.
Sans les comics, sans certains archétypes, sans
Gunnm, et particulièrement le personnage de Desty Nova,
je ne me serais jamais autant intéressé aux sciences.
C'est ainsi que je m'explique pourquoi j'ai suivi des études scientifiques, alors que j'avais tout pour être littéraire.
Restait encore à savoir ce qui avait agi sur moi avec une telle force. Et c'est là que commence véritablement ...
La ballade de Desdinova.~*~
Si l'on ma suivi jusqu'ici, alors on ne se récriera pas de lire en Desty Nova, comme je le fais,
davantage qu'un stéréotype du
mad scientist. On verra en lui un véritable Prométhée moderne, le Frankenstein du futur.
Voire un
Léonard de Vinci futuriste accompagné de Bathazar (le Zoroastre du roman de Merejkovski) et d'Eelaï (Salaïno).
Le vrai Desty Nova est celui qui est
évoqué au tomé 4 par Jashugan : un savant '
cyberphysicien' qui a opéré son cerveau
avec une technique révolutionnaire et impossible pour les habitants de la Décharge 'Gehirn Umbao',
et qui est 'reparti sans demander à être payé'. Tout le contraire de nos neurochirurgiens modernes.
Desty Nova ne saurait être autre chose qu'un idéal, un fantôme toujours en mouvement.
Il ne saurait se limiter à un laboratoire, aussi était-ce une grande justice que celui-ci ait été anéanti par Zapan.
Enfin, derrière le terme 'cyberphysicien' se cachait la compréhension des mécanismes physiques appliquée aux sciences cognitives
(je rappelle qu'il s'agit ici d'une erreur des traducteurs du mot '
physician' qui signifie médecin et pas du tout physicien).
Desty Nova, tel que je le conçois, est donc une continuité de
Frankenstein, ce que Frankenstein serait devenu,
s'il avait encore vécu dans un monde plus moderne et s'il avait poursuivi ses recherches.
Il n'est plus attaché à un laboratoire et à la médecine de son temps, se lamentant sur la médiocrité de ses pairs,
en comparaison d'Agrippa de Nettesheim, Paracelse ou Albert le Grand;
désormais, ce digne descendant des Alchimistes du Moyen-Age maîtrise parfaitement l'art de ressusciter les morts.
Il en la version moderne, la nôtre, celle du XXIème siècle : cosmopolite, polymathe, séduisant, androgyne, ambigu, double,
ni bon ni mauvais. C'est un anti-héros. S'il était pirate, il serait plus proche de Jack Sparrow que de Barbe Noire.
Il ne s'oppose pas à Gally : il lui donne les moyens de se réaliser, de se parfaire.
Il émancipe les vivants : il les libère de leurs désirs en les réalisant.
C'est une figure diabolique (pour les puritains anglais) car elle nie l'œuvre divine (naturelle).
Par le biais de la nanotechnologie, Desty Nova est un véritable transhumaniste.
Mais surtout Desty Nova est sexy : la version de Frankenstein qui s'en rapproche le plus, c'est Frank N. Furter !
~**~
La leçon avait porté, et je voulais en savoir plus sur les sciences et leurs applications, telles qu'elles étaient cités dans
Gunnm.
Et pas seulement dans
Gunnm, on l'aura compris.
Mais il y avait plus encore. Quelque chose en moi s'élevait, en continuité avec l'esprit scientifique.
Ce quelque chose, ce petit rien, insignifiant à ses débuts, c'est l'esprit philosophique.
Desty Nova est le premier savant que j'ai rencontré à avoir renversé la perspective mécaniste de l'univers :
non plus atteindre à la cause efficiente, mais à la cause finale, à la raison d'être, au
karma.
Sa doctrine, et c'est la seule, consiste à résoudre un problème métaphysique par la méthode empirique.
On ne sait rien de la métaphysique en France. On ne sait rien de Descartes.
Un véritable fossé c'est creusé entre les littéraires d'un côté, et les matheux de l'autre.
Concernant ces derniers, leur ignorance se dévoile au grand jour, quand ils font abus du terme 'cartésien'.
Ce dont la culture française a le plus à se repentir est la division du lycée général entre séries S, ES et L.
Cet ordre allant décroissant en prestige.
Pauvre petit peuple vaniteux, qui place le travail intellectuel au dessus du travail manuel,
car ce qui a encore moins de considération dans notre système éducatif, ce sont les filières techniques et professionnelles.
Une forme d'éducation grossière, indigne, en vue d'assurer les besoins de l'Etat.
De véritables barrières intellectuelles, et qui s'accentuent avec la poursuite des études.
Pour ne rien dire de la manière de juger d'un métier : le plus gros salaire possible, le moins d'heures possible.
La glorification de la FPE. Du haut fonctionnaire. Les 'diplômés' sont des parangons périmés.
Qu'ils ne s'attendent donc pas à un respect croissant pour leurs 'métiers' car c'est tout le contraire qui les attend.
Aussi n'est-ce que justice, parfaitement méritée, quand les thésards, les enseignants, les cadres, les universitaires,
les médecins mêmes en viennent à souffrir sur leurs lieux de travail. Car ce dont ils souffrent avant tout c'est de leur gros égoïsme.
Encore un mot pour ceux qui semblent nous faire croire qu'ils font l'apologie du système contraire, sur les Américains.
Eux, placent bien haut la débrouillardise (leur idole : Robinson Crusoé) et le
common sense.
Dans
The Thundermans, en plein cours de chimie, l'un des protagonistes démonte la fontaine à eau de son lycée
pour en faire une machine improbable.
T.S. Spivet, le gamin inventeur de la machine à mouvement perpétuel. Malcolm le petit génie. E Vil Coyote...
Et je ne parle pas de tous les reportages américains où la science est mise à l'honneur.
Je voudrais attirer l'attention sur tous leurs idéaux, qu'ils s'appellent Sheldon Cooper ou Tony Stark,
partis de rien, de ce qu'ils appellent une idée de génie, et qui
font dévier le scientifique vers le business man.
Encore dans
Iron Man 3 avec Killian Aldrich.
Ce sont les ados américains qui adorent Tony et à travers lui, le goût du
high tech.
Mais en concevant la logique comme un moyen pour faire de l'argent, ils se sont lourdement fourvoyés.
Aussi les Américains ont-ils engendré
la première patrie de l'Utile et la dernière en ce qui concerne l'Art.
Quoi de plus normal s'ils sont aujourd'hui en compétition avec les maîtres dans ce domaine ? - Les Chinois.
A travers leurs films, on a vraiment l'impression que les Américains sont le dernier bastion de la raison qui reste dans le monde...
Ils veulent surtout se donner pour les continuateurs de l'esprit colonialiste européen.
Mais pour tout ce qui est des notions d'art ou de religion, de grâce, cessez de nous assommer de vos opinions.
Non, qu'on ne vienne pas me rétorquer que les Américains sont les meilleurs en science.
Certains esprits limités seraient tentés de le croire, puisqu'on leur impose de rédiger leurs thèses en anglais.
Mais nous n'avons rien à envier à ces empiristes, la véritable
Fact Nation du monde, la plus matérialiste de toutes.
Juste devant les Français.
Est-ce ainsi que l'on pense quand on est
geek : les études comme moyen pour s'enrichir ?
Est-ce ainsi que l'on justifie la souffrance des 'petits génies' à l'école : en leur faisant faire carrière ?
Si vous pensez ainsi, c'est que vous n'avez pas assez souffert de la multitude quand vous étiez enfant.
C'est que vous croyez encore à la société. Au monde des adultes.
Allons, passe donc ton chemin racaille humanitaire, car je vais bientôt te donner la véritable nature du geek,
quand il ne dévie pas lamentablement vers le social : le
terrorisme.
Nous autres, qui ressentons dans l'expérience scientifique, malgré tous les airs de dédain dont elle se pavane,
une limitation, avons sans doute plus de leçons à tirer de Descartes que de Newton.
Aussi notre idéal de Desty Nova n'a eu, depuis ce jour, de cesse de s'éloigner de la vision de son auteur.
J'aurais pour lui exactement les mots de William Blake :
The Vision of Christ that thou dost see
Is my Vision’s Greatest Enemy.~***~
Gunnm Last Order est apparu à ce moment. Bien des années plus tard. Et entretemps qu'est-il advenu de notre idéal ?
Desty Nova ne devait pas devenir un antagoniste de Gally, il ne l'a jamais été.
Pour remplir ce rôle, combien Erika nous est apparue, à nous et à l'auteur, infiniment plus intéressante.
D'abord pour son côté ninja / guérillera. Ensuite pour sa psychologie : comment en était-elle arrivée là
(cette question fait actuellement tout le sujet de
Mars Chronicles) ?
En associant Erika au
Panzer Kunst, au
Néo-Third Reich, et en lui mettant dans les mains Clausewitz,
je crois bien que c'est tout ce dont l'auteur aura été capable de faire de mieux pour son personnage.
Au même moment, dans
Naruto, apparaissait la nouvelle version de Kabuto Yakushi,
réunissant dans un même personnage la nécromancie de son maître Orochimaru et l'art de la guerre :
Kabuto, le médecin, discret, dissimulateur, présent depuis le début du manga, déclenchait la 4ème Grande guerre ninja,
avait étudié les textes anciens, volé les techniques des autres, évolué jusqu'au niveau Sennin, s'était révélé en stratège hors-pair...
Kabuto, en réunissant d'indéniables qualités scientifiques et stratégiques,
est la synthèse parfaitement réussie de Desty Nova et d'Erika, à laquelle Yukito Kishiro n'avait jamais abouti.
Laissons-donc de côté Erika pour le moment. Et écartons-nous de plus en plus des vues de son auteur.
Car c'est ici que commence une
fanfiction rédemptrice du véritable rôle qu'aurait dû jouer Desty Nova.
Indépendamment du fait que Desty Nova, en tant que figure prométhéenne, est le véritable héros du monde de Gunnm;
pour pouvoir continuer à faire évoluer Gally, l'auteur se devait de faire subir à Nova aussi un
power-up.
C'est ce qu'il a essayé de faire avec Super 'disco' Nova.
Mais comme je l'ai expliqué dans mes paragraphes précédents, ce personnage a quitté l'ère cyberpunk des années 80-90
pour se plonger dans la version 90-2000 de la cybernétique : aka l'informatique. Aussi ses pouvoirs sont limités au hacking.
Graphiquement, c'est nul : la meilleure attaque de Super Nova déclenche une commotion cérébrale.
Et
Last Order s'achève sur cette version, soi-disant la pire de toutes.
Quand Erika apparaît à nouveau, une fois adulte, dans son affrontement contre Xazi, le visage dissimulé,
elle se présente désormais comme la vraie Némésis de Yoko. C'est pour la retrouver que Yoko doit aller sur Mars.
Gally était le karma de Zapan (cf fin du tome 5 de Gunnm), Erika doit donc être le karma de Yoko.
Car quoiqu'il en soit, 'personne ne peut vaincre son karma' (cf Desty Nova, expert en la matière, à la fin du tome 5).
Donc, si Erika avait perdu contre Yoko dans une vie antérieure sur Mars, 200 ans auparavant, elle devait absolument revenir.
Il s'agit de distinguer ici Yoko de Gally : Yoko ne peut vaincre Erika. Mais Gally, elle, le peut.
Et qui de mieux pour ressusciter Erika, sur Mars, 200 ans auparavant, que celui-là même qui a ressuscité Zapan dans la Décharge ?
Le lien karmique était le corps du Berserker, et on aurait pu avoir de magnifiques images de Mars,
pendant les réminiscences de Gally, lors de son affrontement contre Zapan au tome 5. Le scénario en aurait été meilleur.
C'est toujours le lien karmique de Mars qui aurait justifié que Zapan vienne après Jashugan (réminiscences des 'ars magna'),
lui même venant après la première défaite de Gally au
Motorball contre Zaphal Takié (aka 'le Vent
Pourpre'),
elle-même venant après le numéro hautement symbolique pour Gally, le numéro 99 (souvenir du Léviathan)...
Restait à faire de Desty Nova un simple avatar terrestre d'une entité beaucoup plus puissante existant déjà sur Mars 200 ans plus tôt.
Avatar d'une entité déjà capable de ressusciter les morts et de les améliorer en les rapprochant de leur karma.
Qui se soucie de ce que représente le Dr Jean Warez ?
On se limiterait considérablement si on y voit seulement un terroriste, une copie de Ping Ping Wu, vivant sur Jéru;
on n'aura rien compris à ma
fanfic.
Remarquez combien l'utilisation de la nanotechnologie est opposée chez Nova et chez Warez :
Desty Nova fait évoluer les autres par une sorte de tuning cybernétique.
Grâce à Nova, l'avant-dernier avatar de Gally se retrouve sur Zalem (tome 9 de Gunnm),
puis enfin, sur Jéru, où, cette fois, elle est 100% humaine.
Au contraire, avec la
gray goo, Warez part des habitants les plus accomplis,
ceux de Jéru (et donc supérieurs à ceux de Zalem), pour les zombifier.
La
graygoo est le symbole de la dénaturation de la vie humaine.
Si je devais prendre un RPG pour comparaison, je dirais que le nécromancien,
qui jusqu'ici pouvait ramener les morts sur le champ de bataille; utilise cette fois-ci la peste des morts-vivants.
Jean Warez est véritablement une ironie de ce que veut Desty Nova, son antithèse : il fait chuter l'organique vers l'inorganique.
Un programme informatique sur Mars (pourquoi pas 'Dasein' évoqué par Kaelula), comparable à Melchizedek sur Terre,
avait donné naissance, il y a 200 ans, à deux entités : l'une positive Desty Nova et l'autre négative Jean Warez.
Par ce biais, nous avions d'un côté Gally -
Last Order de Melchizedek et protectrice de la Terre (Décharge, Zalem, Jéru),
tuned avec le corps du Berserker 'Imaginos' par la nanotechnologie de Desty Nova.
De l'autre côté, son véritable antagoniste Erika -
Last Order de Dasein, et voulant entraîner un conflit Terre vs Mars.
Mais ce conflit a déjà eu lieu lors des guerres de
terraforming : inutile donc d'y revenir, surtout vu l'état de la Terre.
Et vu le manque d'intérêt que la Terre représente pour Mars, sa colonie.
Il faut donc faire prendre au scénario la voie de la menace terroriste, qui part d'Erika seule, influencée par les recherches de Warez.
Je supprime tout le passage avec Aga M'Badi. Je fais de Warez une menace évoquée, via des écrans informatiques, à Erika.
C'est cette rencontre qui la rend dangereuse et fait croire qu'elle est mauvaise.
La menace qu'elle représenterait serait alors : la
graygoo sur Terre.
On peut imaginer une arme à base de nanomachines encodées dans l'atmosphère, parfaitement invisibles et indolores,
cependant présentes partout dans l'air (voire dans l'humidité de l'air) à la manière de nanoparticules solubles dans l'eau.
Celles-ci se libérerait en un instant sous l'influence d'un champ électromagnétique agissant sur toute la Terre,
nécessitant qu'Erika pirate l'arme Abaddon de Zalem.
On aurait ainsi une arme futuriste non nucléaire, magnétique, biologique et hautement létale.
On aurait ainsi une parfaite techno-terroriste, la plus grave menace pour Gally à travers la perte potentielle de tous ses amis,
forçant à une alliance Décharge + Zalem et ne nécessitant pas de
power-up ridicule au niveau de son corps,
car il ne s'agit plus ici d'une course à l'armement mais bien de stratégie.
D'autant plus qu'il ne tombait pas dans le schéma éculé de la
bad girl,
ce scénario, qui a été complètement délaissé par l'auteur, permettait de refléter une réalité contemporaine.
Erika n'est pas mauvaise, elle est idéaliste. C'est malgré elle qu'elle s'est retrouvé embarquée dans un rôle qui la dépasse.
Ce rôle qu'avait déjà joué Yoko 200 ans auparavant... Et ainsi sa rédemption était possible, la boucle était bouclée.
Dans
Mars Chronicles, on a tout un
flashback sur Erika, qui lui fait rencontrer un tas de mauvaises personnes.
On voit où Yukito Kishiro veut en venir : justifier la méchanceté d'Erika.
Ce
flashback est trop long, on perd le fil directeur, il impose encore un méchant, il nuit à la continuité du récit...
Dans mon scénario, de même que Desty Nova est une victime de Melchizedek, Erika est une victime de Dasein.
Il n'y a pas de vrais méchants : ce sont des programmes informatiques créés par des humains qui partaient d'une bonne intention.
Par exemple, Melchizedek a rompu les liens entre Zalem et la Surface pour mettre fin aux guerres de
terraforming.
~*****~
C'est ainsi que s'achève le rôle joué par Desty Nova, le dernier avatar de Prométhée, en ce qui concerne Gally :
après son affrontement contre Zapan, Gally devait donc enchaîner sur Zalem, Jéru, et enfin Mars pour y rencontrer Erika, son karma.
Mais la quête de Desty Nova était désormais toute autre que d'aller sur Zalem et sur Mars (car, selon ma
fanfic, il en vient).
L'erreur des nanotechnologies est la croyance selon laquelle les propriétés de la matière varient selon ses dimensions.
C'est une erreur de chimiste, qui s'en remet à l'arrangement des atomes ou à la structure des molécules, pour expliquer leur nature.
La maîtrise du karma (la causalité), n'était qu'une étape, la compréhension d'une illusion.
Les deux premières étant : la maîtrise du yuga (le temps) et celle de l'akasha (l'espace).
Car, ainsi que nous l'a enseigné l'illustre Kant, l'idéalité de la causalité ne saurait se concevoir sans celles du temps et de l'espace.
Mais il y en a bien d'autres encore : mana (l'esprit), prana (la force), samsara (l'existence), maya (la réalité), yatna (la volonté)...
Reconnaissez-vous là quelques unes des gemmes de Thanos à travers l'optique de l'idéalisme transcendal hindou ?
Une telle phrase est tellement idéaliste, que je doute sérieusement de la capacité d'un de ces matérialistes Américain à la penser.
A la mettre en film aussi. Vous l'aurez deviné, je n'attends rien de leurs adaptations. Trop vulgaires.
Et le récent
Battle Angel Alita ne saurait faire exception.
En tant que Ritualien, il faut savoir qui l'on est : est-ce que l'on se range délibérément du côté des critiques,
avide des sensations de sa jeunesse perdue (le cas Brutus), ou est-ce que l'on a suffisamment d'imagination pour s'en passer ?
Les adaptations au cinéma témoignent toutes d'un sens erroné de la réalité.
J'ai déjà laissé entendre dans mes paragraphes précédents que les films, à cause de leurs réalisateurs,
avaient nécessairement 30 ans de retard sur l'esprit du moment.
On ne sera donc plus surpris du succès rencontré par
Dragon Ball Super et de l'adaptation de
Nicky Larson en France.
Ces images appartiennent aux années 80-90 mais pas cette ironie de notre enfance.
Ce n'est pas l'idée que je me fais du 8ème art.
C'est ainsi que s'achève la Ballade de Desty Nova. Ou plutôt la Ballade de Desdinova.
Car sans
Blue Öyster Cult, Yukito Kishiro n'aurait jamais eu l'idée d'un tel personnage.
Si parmi vous, certains veulent vraiment ressentir l'ambiance de
Gunnm à ses débuts,
celle que je limite à ses 6 premiers tomes, je leur conseille l'album
Imaginos de
Blue Öyster Cult.
Pendant une heure, c'est ici que vous retrouverez cet esprit que j'ai essayé de dessiner dans ses grandes lignes.
J'hallucine, Kishiro a fait de Gally l'héroïne de son manga vieux de bientôt 30 ans et sur le point d'avoir un film à Hollywood...un résidu de tumeur ! Fallait oser 
