Levius / est - Tome 10 (fin)Rideau pour le soleil noir du nekketsu : nous découvrons l'ultime secret derrière la boxe mécanique et l'eau des étoiles. Un final riche en révélations et en symboles, à l'esthétique fulgurante, derrière lesquels le héros finit par s'effacer pour devenir l'incarnation d'une idée : "Est".
Alors que Levius a remporté le match pour le titre de champion de boxe mécanique face à Oliver, il voit se dresser devant lui le numéro deux du niveau I : Arthur Greynor. Ce dernier s’avère être le fondateur d’Amethyst, sorti de l’ombre pour obtenir la coopération de Levius et réveiller le "cœur", une prérogative qui revient de droit au Champion.
Comprenant la nature de ce "cœur", situé sous l’arène du grand tournoi du Southern Slam, Levius n’a pas l’intention d’accéder à la demande d’Arthur. S’engage alors l’ultime bataille qui décidera du sort de l’humanité, et au cours de laquelle les volontés des deux adversaires s’affronteront à travers leur maîtrise de la vapeur. Mais Arthur ayant assimilé de nombreuses âmes au cours de sa vie faite de guerre et de désespoir, Levius réussira-t-il à lui tenir tête ?
Dans ce tome final, plus épais que de coutume, nous retrouvons donc la suite et fin de la grande bataille lancée au volume précédent. Ainsi, en parallèle du duel de Levius et d’Arthur, nous suivons également les combats de la surface : les robots d’Amethyst contre les boxeurs menés par Puppy, plus les combattants du niveau I qui s’affrontent entre partisans d’Arthur et ceux de Levius.
De multiples révélations parsèment cette dernière ligne droite. Il y a, évidemment, l’identité du Dr Clown, mais le gros morceau concerne Arthur qui s’avère la vedette tragique de cette conclusion. En effet, son histoire et ses tourments occupent une part importante de ce final, car il faut, d’une certaine façon, rattraper le fait que le personnage n’ait été introduit qu’au tome précédent.
Ainsi, il apparaît sans doute un petit déséquilibre avec Levius, qui a bien moins d’espace pour exprimer sa volonté et de son désir de liberté face aux méandres et aux multitudes de l’esprit d’Arthur, incarnation vivante de la bile noire - strictement la melancholia latine - avec laquelle nos héros luttent pour affirmer leur vie éphémère.
Les métaphores et leurs illustrations graphiques demeurent toujours aussi efficaces, conférant à ces combats une dimension presque surnaturelle, où les boxeurs semblent incarner des dieux antiques. En face, Levius reste néanmoins égal à lui-même, avec son bras mécanique pour seule arme, abandonnant ces manifestations hubristiques de vapeur pour se concentrer uniquement sur son poing.
Un match final et un dénouement sur le thème du renoncement, dans lequel le héros se libère enfin son passé (après avoir "tué" la mère, il "tue" le père) et de ses tourments pour trouver ce qu’il lui manquait, comme nous avions pu le constater face à Oliver. Levius est enfin libre et capable d’écrire sa propre histoire, qui débute sous forme d’une page blanche.
De façon plus générale, une conclusion à l’image de la série qui s’est appropriée les codes du shônen d’action et nekketsu, le fameux sang bouillant, pour tisser un récit sensible et mélancolique. Une quête puissante, à l’esthétique sophistiquée, pour un récit steampunk déjà culte !
