Giamini a écrit:
Tout d'abord je te remercie de prendre le temps d'écrire toutes ces informations ! Venant aussi du milieu de la biologie je ne suis pas complètement largué
Pas de soucis. Tu faisais quoi en bio?

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Donc au pire, tu peux avoir quelques variants qui apparaissent dans une épidémie mais ils seront peu adapté et amener à disparaître en quelques cycles de transmission (et on serait aussi capable de suivre grâce aux génomes si c'était le cas).
Oui je comprend très bien le principe. Mais le problème c'est que sur l'Ebola par exemple qui a une mortalité très élevée à l'origine, les infectés risquent en effet de ne pas avoir "le temps" de propager le virus (on a aussi eu la "chance" qu'il n'est pas apparu en Chine ou proche de grandes villes). Sur le Coronavirus si mutation il doit y avoir (le risque augmentant plus il y a d'humain touchés), tu auras statistiquement un peu de tout mais si on a pas de chance, une souche qui se propage mieux et plus mortelle est donc possible. Par exemple, le virus de base à 2% de mortalité pourrait à la suite d'une mutation se propager mieux avec une mortalité de 3.5%.
Ce que je veux dire par là c'est que contrairement à Ebola et ses 50-90% de mortalité, le "nouveau" coronavirus à 3.5% aura la possibilité de se propager un bon moment car il ne reste pas assez mortel même si sur le très long terme il serait désavantagé par rapport à celui d’origine.
Il y a des virus ressemblant à Ebola en Chine aussi et d'autres belles saloperies dans les environs notamment Nipah.
Dans la théorie, tu as raison, mais dans les faits, on se rend compte que ça ne fonctionne pas vraiment comme ça. Reprenons l'exemple de la grippe, tu as beau avoir des millions d'infection par an et donc des millions de mutation, le virus ne devient pas plus dangereux au cours des épidémies. Même les peurs de recombinaison entre différents virus de la grippe qui peuvent circuler en même temps (c'était la peur de 2009, un virus pandémique H1N1 et un autre peu infectieux mais avec une très forte létalité H5N1) et sont censé faire des 'super virus'. Ca restera toujours possible en théorie mais dans la pratique, ça n'as jamais été observé à ma connaissance. Cela démontre que c'est très dur pour un virus dans la nature d'augmenter sa pathogénicité et surtout qu'il y a probablement d'autres facteurs viraux/cellulaires/environnementaux qui rentrent en jeu que nous n'avons pas encore identifié.
Et ton taux de mortalité va varier selon beaucoup de facteurs: Charge virale initiale, voie d'infection, âge, prise en charge médicale bonne ou pas, tôt ou tardive, facteurs génétique, etc. Ce n'est donc pas une vérité générale ni vraiment un taux fixe. C'est très facile à vérifier en regardant les différents taux de mortalité de SARS-CoV2 en fonction des différents pays. Il est aussi — et encore une fois tu l'as très bien dit — fortement sur-estimé vu qu'on est pas capable d'estimer le nombre de personne asymptomatique.
Pour info, on utilise couramment taux de mortalité mais ce n'est pas le bon terme, c'est le "taux de létalité". Le taux de mortalité représente le nombre de mort par rapport à une population définie (ce ce que calcul Jim Wilson par exemple) et non par rapport au nombre de cas détecté.
Par expérience aussi, je peux te dire que le taux de mortalité/létalité de Lassa est de 14% sur mon site de mission et pourtant je peux t'assurer que ce chiffre est en parti faussé par les manques de moyens du centre de traitement. Il serait donc beaucoup plus faible dans une autre région du monde ou beaucoup plus haut.
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L'exemple du port du masque pour ne pas rendre les gens malades est un bon exemple.
C'est un problème culturel. Ici si tu vois quelqu'un avec un masque, tu auras tendance à t'en méfier alors qu'il te protège en le faisant.
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Par contre, si tu as un gros rhume, tu vas pas à l'hôpital et ça sert à rien de te faire diagnostiquer pour quoique ce soit vu que ça passera tout seul.
Le problème c'est si tu as une toux mais pas de fièvre, est-ce que tu dois t’inquiéter ou pas ? Contrairement à l'Italie, en France ou en Suisse ils ne te feront pas le test (pour l'instant). Tu constateras en quelques jours si ça se présente mal ou restera un "rhume" classique. Le problème c'est comment se comporter vis-à-vis de tes proches plus âgés avec des maladies chroniques ?
Mais en fait, que ça paraisse bénin ou pas et que ça le soit même par la suite pour toi, il ne faut jamais partir du principe que ça ne peut pas devenir grave pour quelqu'un d'autre. Quelque soit la maladie: COV-19, Grippe, angine bactérienne, virale ou je ne sais quoi. Face à des populations à risque (et tu ne peux pas tout le temps les évaluer visuellement), tu te dois d'être responsable. En France, on a une culture du 'c'est une petite maladie, c'est pas grave' et ce raisonnement est totalement con et irresponsable. C'est aussi con que de dire 'je vaccine pas mes enfants, ils sont pas malades'.
Tu es entouré de personnes âgés et tu dois tousser ou éternuer? Dans ta manche. Ton nez coule, tu te mouches et tu gardes ton mouchoir et tu te laves les mains. Tu es allé aux toilettes? Tu te laves les mains. Tu as bu dans un verre? Tu ne laisses pas quelqu'un d'autres boire dedans. Tu te sens fiévreux? Non, tu prends pas ton Doliprane et tu vas au travaille. Tu restes chez toi. Peu importe qu'on soit en épidémie de COV-19. Ce sont des bases d'hygiènes et de santé publique à respecter et j'espère vraiment que cette épidémie aidera les mentalités à changer, notamment au niveau des entreprises, parce que ça c'est un gros problème aussi bien de santé publique qu'économique.
J'ai vu passer des twitts comme quoi les gens se moquait de la suggestion de l'état de ne plus se serrer la main, en zone d'épidémie de fièvre hémorragique virale (Ebola ou Lassa), nous avons une politique stricte d'interdiction de se toucher. Parce que t'as ni envie de t'infecter que d'infecter quelqu'un d'autres.
Et au risque de paraître sec dans mon raisonnement, mais t'as pas besoin de test de diagnostique spécifique pour respecter ce genre de chose. Juste un peu de jugeote. Et t'as encore moins besoin de savoir que tu es infecté par SARS-CoV2 pour traiter les patients atteints de maladies pulmonaires graves, surtout que c'est pas comme la grippe ou on a des antiviraux actuellement et donc tu peux cibler le traitement. La, tu fais du symptomatique quoiqu'il arrive.
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En tout cas, il est vraiment temps qu'on en sache plus. Un taux de mortalité de 0.5% n'a rien à voir avec un taux de presque 4% (et qui touche encore plus fortement les plus de 70 ans). La "panique" se situe là. Ce n'est pas la fin de l'humanité mais perdre une bonne part de nos seniors seraient terrible sauf pour les retraites...
Mais on le sait déjà en fait... Les chinois ne se sont pas emmerdés à faire une énorme étude retrospectives de tous leurs cas pour rien. Si tu es en bonne santé, que tu n'as pas de maladie chronique, "OSEF" du SARS-CoV2 et ton taux de mortalité de 2-4% ça s'applique pas. Si tu as plus de 70 ans et que tu as une maladie chronique, là, oui, tu fais face à un gros risque, mais comme avec n'importe quelle infection en fait.
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A propos c'est dingue de voir les différences politique selon les pays. Italie et Japon ferment les écoles. France et Suisse refusent de le faire en utilisant l'argument que les jeunes devraient être sous la surveillance des vieux qui seraient alors en danger. Qui a raison ? J'aurai tendance à penser que tant que ce n'est pas trop tard et que les jeunes ne sont pas trop touchés, ça vaudrait la peine de tout fermer mais bon.
On va aussi arrivée face au mur des restrictions. On parle beaucoup de la Chine et d'une situation qui commence à aller mieux mais elle a mit en quarantaine des villes entières ! Ici il faudra que la situation soit vraiment très grave pour en arriver là pour des raisons de régime politique mais soyons honnêtes, surtout idéologique.
Oui mais au final, je suis plus pour la méthode des chinois. Surtout qu'on met nous aussi en place une quarantaine pour les personnes infectées. J'ai envie de dire, autant faire toute la population pendant 2 semaines et on en parle plus. L'avantage qu'on a avec ce genre de virus, c'est qu'on a eût qu'un seul épisode d'introduction dans la population humaine, c'est donc une méthode possible pour endiguer n'importe quelle épidémie, contrairement par exemple à la Dengue ou autre virus/parasites/bactéries qui ont peu de transmission inter-humaine mais quasi qu'une transmission reservoir naturel-hôte.
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Donc si on a du bol, on s'en sortira avec les beaux jours (sans garantie car il me semble qu'un des Coronavirus, le MERS dans le passé allait très bien dans les pays chaud). Sinon, logiquement on devrait avoir plus dégâts ici qu'en Chine si on se refuse à utiliser ce genre de mesure.
MERS-CoV et SARS-CoV2 sont très, très différent. Ce n'est pas parce que ce sont tous deux des coronavirus que tu peux les comparer.
Le MERS-CoV, n'utilise pas du tout le même récepteur d'entré que le SARS-CoV2 et le SARS. Qui dit récepteur différent, dit protéine de surface très différente et donc stabilité et méthode d'infection/maintient dans la population difficilement comparable.
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...Jim Wilson,
Honnêtement je suis toujours mitigé. L'impact sur la population est faible pour l'instant mais c'est logique puisque que le virus vient d'arriver et touche que quelques centaines de personne, non ?
C'est votre métier donc j'ai évidement pas du tout la prétention de mettre en doute votre travail mais dis comme ça, on pourrait croire voir un tour de passe-passe mathématique pour relativiser le risque.
Il faut absolument pouvoir dire un truc simple aux gens du style "grippe=1000 morts", "coronavirus=100 morts) par exemple. Trop de complexité va faire peur aux gens ou bien il n'y croiront pas s'ils lisent ailleurs que la grippe à une mortalité de 0.1% et le coronavirus de 3%...
Bah c'est ce qu'il dit dans ses analyses en mettant en avant le nombre de mort par la grippe ou le SARS-CoV2 pour 100 000 habitants et encore une fois:
- Grippe aux US= 46 000 morts d'Octobre à Février (et l'épidémie n'as toujours pas atteint son pic).
- COV-19 dans le monde <4000 personnes (majoritairement en Chine qui fut pris énormément de court par l'épidémie) de Décembre à Mars.
Sur la même période, tu as donc jusqu'à 9 voire 150 fois plus de morts liés à la grippe qu'a COV-19.
C'est bien ça le soucis de ne parler qu'en taux de létalité (le fameux 2-4%), cela ne permet en aucun cas de mettre en avant le nombre de mort liés à une maladie alors que le taux de mortalité (par 100 000 habitants) est je pense plus pertinent dans l'évaluation des risques et pour l'évolution de l'épidémie. Sans oublié que dans un contexte de peur, il me paraît encore plus important de prendre du recul et de voir les choses de façon globales et pas se focaliser sur des taux de 2-4% de morts qui font qu'accentuer les peurs des gens.
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avec un R0 supérieur
Pour l'histoire du R0, encore une fois je ne vais pas faire le gars qui s'y connait. Je pense surtout à l'exemple de l'anglais qui a contaminé beaucoup de personne en France au début de la crise. Mais il y a tellement d'éléments qui entre en compte. Le lieu confiné, le comportement du gars (genre il te prend dans les bras), etc.
L'histoire toute récente du député français est peut-être plus intéressante. Le gars a été contaminé après une discussion avec un infecté et semble lui-même avoir contaminé un employé de la cantine de l'assemblée nationale. ça semble quand même montrer que ça se propage très facilement.
Ca se propage facilement comme n'importe quelle infection respiratoire. Ca reste une des méthode de transmissions les plus efficaces, ce n'est donc pas surprenant que si tu es malades, tu infecteras au moins une personne voire deux. Mais comme on l'as dit tous les deux, c'est très contexte dépendant et je ne le répéterai jamais assez, c'est aussi basé sur le manque de respect des mesures d'hygiène des gens et de savoir aussi si oui ou non dans un endroit donné tu as une épidémie. Si tu sais pas que dans ta ville il y a sur SARS-CoV2, tu prendras déjà à la base beaucoup moins de précaution, c'est aussi ça qui favorise les premiers cycles de transmission.
Un exemple marquant de ça, c'est qu'au moment des essais vaccinaux sur Ebola, une des études à mis en place ce qu'on appelle une vaccination en anneau: Tu détectes une personne infectée, tu vaccines toutes les personnes de son entourage pour bloquer la propagation du virus (c'est comme ça qu'on a éradiqué la variole). Le soucis, c'est qu'on était incapable de savoir si le manque d'infection dans le cercle de vaccination était liée au succès du vaccin ou si c'était parce que les gens faisaient beaucoup plus attention aux mesures d'hygiènes imposées. Ce qui démontre bien à quel point le niveau de transmission est au final plus soumis à des paramètres humains que viraux.
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Encore une fois, c'est très peu probable. Tu as des millions de cas de grippe en Chine et on a jamais atteint ces chiffres avec SARS-CoV2. Idem en Corée du Sud ou même dans un environnement totalement clos avec le paquebot. Et ça reste une maladie respiratoire, je vois mal comment elle peut continuer à se transmettre si les conditions environnementale ne favorise pas sa transmission ou sa stabilité dans l'air.
C'est vraiment l'espoir que les beaux jours nous aides. Mais encore une fois tu as le contre-exemple du MERS je crois...
Cf plus haut, c'est pas vraiment comparable. Surtout que pour le MERS ça semble être que de la réintroduction dans la population humaine par les animaux plus que par une transmission inter-humaine (qui n'est pas encore prouvée actuellement même si on considère que c'est possible par mesure de précaution)
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Pour l'emballement c'est inévitable mais je peux aussi le comprendre. Objectivement, on a pas vécu ça depuis la grippe asiatique en 1956-8 (?), donc c'est normal que les jeunes générations soient impressionnées. Après tu as la force de l'image avec la Chine qui mets en quarantaine des villes grandes comme Paris. Des jeunes médecins qui en meurt. Et des chiffres inquiétants.
D'un point de vue personnel, "0.6%" ou "3%" c'est pas du tout la même chose. Je m'inquiète surtout pour mes proches qui ont dans les 70 ans. Si on compare avec la grippe, c'est une chose de voir un ancien de 90 ans à moitié grabataire mourir d'une grippe dans un ehpad, s'en est une autre de voir un autre de 70 ans encore bien indépendant qui risque dans les 10% d'y rester...!
Mais en fait, c'est exactement la même chose pour la grippe ou n'importe quelle infection pulmonaire. C'est ça que je comprends pas. J'ai l'impression que dans l'esprit des gens, la grippe, ce n'est pas grave. Reprenez les chiffres, regardez le nombre d'hospitalisation par an, le nombre de décès par an, par tranche d'âge aussi... Parmi les 46 000 morts par an lié à la grippe aux US, et ils représentent plus de 50% des 400 000 hospitalisations liées à la grippe. Rajoute à ça le fait que pour la grippe, encore, on a des antiviraux et des vaccins pour essayer d'éviter d'avoir toute la population âgée qui y passe... Et tes chances de chopper le SARS-CoV2 sont actuellement beaucoup, beaucoup plus faible que celle de choper Influenza. Quand t'as 70 ans, peu importe l'infection que tu as, elle peut devenir très vite grave. Je peux te trouver des chiffres si ça peut t'intéresser sur les risques liés à l'âge pour la grippe, mais ils seront similaires.
Et il ne faut pas oublier que l'échantillon des personnes infectées est faible pour le SARS-CoV2. Tu ne peux pas à l'heure actuelle affirmer qu'avec 1 millions de cas, ton taux de mortalité ne sera pas alors bien plus faible, même chez les personnes âgées.
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D'une manière générale, une fois que la crise sera terminée ce sera très intéressant de voir le temps qu'on aura mit à trouver un vaccin ou moins probable (dans le cours terme) un traitement. Par rapport au passé, il y a beaucoup plus d'équipes de recherche, il y a internet qui permet de mettre les informations en commun avec l'autre côté du monde, l'intelligence artificielle, etc, etc. Normalement ça devrait aller "vite" même si tout est relatif. "Vite" par rapport à ce qu'on pouvait faire il y a 20 ans...
Après il reste le problème purement financier. Les labos de recherches n'ont pas vraiment intérêt à se lancer dans la recherche d'un traitement (par rapport au vaccin) qui prendra des années à être trouvé. Une fois que la crise sera terminée...D'où l'importance d'un soutien fort de l'Etat j'imagine.
Oui merci encore une fois ! On le dis pas assez et ça ne doit pas être facile tout les jours mais c'est dans ce genre de moment que tu dois réaliser l'importance de ton travail (quelques soient les fake-news et autres informations qui se croisent dans tous les sens).
J'utilise ces morceaux pour expliquer un peu mon ressenti global sur toutes ces histoires parce qu'ils sont liés et que ça me dégoûtent plus qu'autre chose. J'ai peut-être une vision un peu trop romantique de la Science, mais avant, j'avais l'impression que les scientifiques faisaient leur travaille de leur côté et ça leur suffisait et sauf si tu sortais quelque chose d'incroyable et révolutionnaire (et encore... Qui connait le nom des inventeurs de la PCR, la méthode qui a révolutionné toute la biologie moderne?), tu restais un peu dans ton coin et tu te prenais pas pour le roi du monde.
Là, avec l'épidémie de 2014 d'Ebola et avec celle du SARS-CoV2, j'ai l'impression qu'on récompense la 'médiocrité' scientifique. Par médiocrité, je n'entends pas que ce sont des mauvais travaux de recherche, mais seulement qu'on est entrain d'encenser des laboratoires de recherche pour des choses qui sont aussi simple que bonjour. Je pense tout particulièrement à l'Institut Pasteur qui s'était fait interviewer je ne sais combien de fois au début de l'épidémie en Chine parce qu'ils avaient réussi à développer un teste de diagnostique.
Sauf que non. Tu vas pas interviewer des gens parce qu'ils ont réussi à faire une PCR et à designer des amorces spécifiques d'un nouveau virus pour lequel la séquence est publiée. Ca n'as aucun mérite scientifique. N'importe quel gamin de licence en est capable s'il sait faire de l'alignement de séquence et utiliser un logiciel de design d'amorce qPCR (gratuit et automatique en ligne).
Le pire pour moi dans tout ça, c'est que l'institut pasteur se félicite de cette grande réussite. Sérieusement?

Qu'ils soient fiers d'avoir réussi à séquencer le génome du virus des patients rappariés en France en moins de 3 jours (et encore ce que je trouve plus impressionnant c'est l'évolution technique par rapport à ça que la prouesse humaine) je veux bien mais réussir à faire une PCR?!
C'est comme si on décernait un trophée à un joueur de tennis parce qu'il a réussi à remettre la balle dans le court, en étant seul sur le terrain.
Pour moi, ça, c'est du nivellement par le bas et de la recherche du sensationnel, alors que ça devrait pas, surtout pour des instituts de recherche comme Pasteur qui sont excellents scientifiquement de façon général. Et se féliciter d'avoir créer son propre test quand les Allemands (qui sont de vrais experts sur les coronavirus, voir plus bas) ont publié un papier quasiment 10 jours avant eux détaillant toute la technique (et ça leur a pris 2j à faire...). Super.
Par rapport aux vaccins: Je suis capable de te faire le design d'un vaccin de n'importe quel nouveau virus en moins de 5 minutes et ce n'est pas parce que je suis un génie incroyable, c'est juste que ce n'est pas compliqué de faire et que n'importe qui ayant un cerveau et quelques connaissances sait lire la bibliographie scientifique et voit ce qu'il faut faire.
N'oublions pas que les vaccins font partis des premières formes de traitement modernes qui ont été développé dans l'histoire de l'humanité et pour ça, nous n'avions pas besoin d'IA, de 1 000 équipes de recherche, etc.
T'as plusieurs façon de faire des vaccins mais actuellement, ce qui fonctionne le mieux et qui est le plus facile à créer ce sont des virus recombinants atténuésprotection et c'est très simple à faire: Tu prends un virus qui peut infecter l'Homme mais qui n'est pas dangereux comme 99% des virus chez l'Homme (ou tu l'atténues par différentes façons) et tu remplaces la protéine de surface du virus par celui du virus pour lequel tu veux créer un vaccin. Comme la protection face à un pathogène provient dans le 3/4 du temps de la production d'anticorps dirigés contre la protéine de surface d'un virus, tu es capable de vacciner comme ça.
Par exemple, le vaccin pour Ebola est très simple: Le virus de la stomatite vésiculaire (VSV) possède a sa surface une unique protéine de surface appelée 'G'. Pour le vaccin, cette protéine 'G' a été remplacé par celle de la protéine de surface du virus Ebola appelée 'GP'. On a donc a la fin un virus recombinant appelé rVSV-GP qui procure environ 98% de protection chez l'Homme contre Ebola. J'ai moi-même recrée des autres virus VSV-GP que j'avais muté. En faisant tout à l'ancienne (clonage des gènes, etc), si tu t'organises bien et que tout fonctionne du premier coup, t'en as pour environ 2 semaines de travail.
Pour le SARS-CoV2, on a déjà des plateformes vaccinales qui ont été développé pour le virus SARS. Ce qu'ils ont fait c'est simplement remplacer la protéine de surface de SARS par celle de SARS-CoV2 et après, il reste plus qu'à tester chez les animaux et ensuite l'Homme.
Et donc encore une fois, il y a rien d'extraordinaire. Tu as le CEPI (une coalition pour la création de vaccin d'urgence — un terme qui m'énerve vu que tu ne crée pas un vaccin en urgence mais bon...) qui se félicite d'avoir emmagasiné des centaines de millions de d'euros issus de don pour développer un vaccin qu'ils ont identifié en "quelques jours/semaine, c'est un record!", quand encore une fois, c'est pas sorcier.
Et identifier et développer des nouveaux vaccins, il y en a plein qui sont fait chaque année, juste pour Ebola, t'en as au moins 10 potentiels qui fonctionne plus ou moins bien et qu'on peut réadapter à d'autres virus très facilement. Mais combien on sait fonctionne? Ca, on ne sait pas et ça prend du temps et ça demande de longues années d'études cliniques. Et je te parle même pas du temps qu'il faudra pour produire un nombre suffisant de dose de vaccin, au moins 2 ans après que le vaccin soit approuvé.
Pour ce qui sont des financements, ce qui m'énerve c'est que l'argent est mal utilisé. Tout le monde veut faire du coronavirus maintenant comme tout le monde a voulu faire de l'Ebola a l'époque. Comme, c'est ma spécialité et que mon directeur de thèse fait parti des chercheurs les plus reconnus dans le monde sur le virus Ebola, on avait une certaine expertise sur le sujet, donc quand je te dis qu'on a vu passer beaucoup trop de papiers dans des revus prestigieuses qui étaient totalement scandaleusement nul, aussi bien en terme d'avancé scientifique, qu'en terme d'analyse, c'est que je pèse mes mots. Donc au lieu de concentrer les financements chez des spécialistes, tu divises l'argent un peu partout et tu fais perdre du temps précieux à la recherche et des occasions rares de faire de belles avancées sur des pathogènes peu étudiés à la base.
Sans oublié que ça fait une perte monstre pour des topics de santé publique encore plus urgent que COV-19, comme par exemple les antibiotiques qui est pour l'instant sans solution et une problématique aussi bien financière que scientifique (j'ai des super articles du Welcome Trust sur ça, si ça t'intéresse, ça vaut le coup de les lire). L'OMS estime qu'en 2050, il y aura plus de morts chaque année liés aux resistances aux antibiotiques que lorsqu'on cumulera le nombre annuel de morts de tous cancers confondus, donc ça me fait mal au coeur de voir des mauvais investissements basés sur de la hype plus que sur une analyse du risque.
Par exemple, qu'est-ce que ça donne quand tu laisses des spécialistes faire de la recherche sur SARS-CoV2 (et ça va te rassurer un peu je pense

) ?
Des belles analyses, la découverte des récepteurs d'entré du virus, et la première découverte solide d'une approche thérapeutique qui est déjà cliniquement approuvée et met en avant la découverte du récepteur d'entrée et de la possibilité d'utiliser du sérum de patients qui ont survis au SARS (bon, il y en a peu, avouons le).
Ils savent ce qu'ils font, ils ont pas screnné de banque de molécules dans tous les sens, ils ont juste ciblé leurs recherches sur toute l'expérience qu'ils ont acquis sur toutes leurs études sur le SARS et le MERS et ils font un papier ultra solide et très élégant. Et en plus, ce sont des gens sympas. On est loin des conneries de traitement par la chloroquine qui avance aucune donnée scientifique et qui a pourtant fait la une des journaux TV.
Encore une fois, j'espère être clair, hésite pas à demander plus de précision, j'ai tendance à me perdre moi-même vu que j'écris pas tous les paragraphes en même temps et que je refais pleins d'A/R entre chaque passage pour essayer d'alléger certains trucs ou repreciser d'autres ^^'.
Et de nouveau, je n'essaie pas de limiter l'impact et le risque de cette épidémie. Mais je pense qu'il faut prendre les choses comme elles sont à l'heure actuelle et qu'il est important d'avoir une meilleure perspective des choses et de ne pas être la tête dans le guidon et d'arrêter de générer un climat de peur et de panique.
Brutus a écrit:
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Oui, c'est l'histoire des lignées L et S. J'en ai parlé dans mon précédent poste.
