Pléonasme, je sais bien. Mais après avoir vu
The Amazing Spiderman, quelques pensées m'ont traversées l'esprit, et quitte à vous en faire part, je préfère que le titre de ce topic ne mente pas sur ce dont il est vraiment question. Et comme le sujet diverge, ce topic va dans Divers plutôt que dans Comics ou Cinéma.
Toutes les réactions sont les bienvenues.
I) The Amazing SpidermanIl y a de cela fort fort longtemps, j'aimais bien les superhéros de comics. A une époque où je n'avais pas la moindre idée de la signification du mot "manga", j'arrivais à identifier les différents principaux personnages et il m'arrivait quelque fois de lire "Strange". Tout cela est bien nébuleux maintenant, mais il m'en est au moins resté le sentiment que Batman et Spiderman sont deux excellents personnages. Plus tard, je me suis réintéressé à Spiderman à l'occasion de la diffusion du
dessin animé à la télé. Cela avait le mérite de tout remettre en place sur cet univers, et je me suis même intéressé un temps à nouveau aux comics éponyme. Il était alors question de Scarlet Spider après la mort poignante de tante May.
Quand il a commencé à être question d'un film
Spiderman (avec Leonardo Di Caprio dans le rôle titre), je me suis dit que ce serait sûrement un film bien hollywoodien, très tape à l'oeil. Du coup, j'ai été d'autant plus surpris lors que je découvris le résultat final avec Tobey Maguire. Certes, les séquences avec le bouffon vert n'étaient pas très réussies. Mais au delà de Spiderman le type en collant, il y avait Peter Parker, l'improbable héros auquel on peut s'identifier, cherchant sa place dans le monde. Une très belle réussite qui ne fut dépassée que dans
Spiderman 2, où on atteint le sublime. Même les séquences avec le méchant étaient très réussies, tout cela était très humain. Tous les personnages sonnaient justes, et l'histoire était à la fois simple et fabuleuse. Malheureusement, le troisième opus fut raté, et il semble que le réalisateur n'ait pas voulu en faire un quatrième du même acabit, et donc en resta là.
Chez Marvel et Sony, on préféra faire un reboot aussi vite que possible. Cela avait marché pour Batman, et vu la thune que rapporte désormais les super héros au cinéma, il était hors de question de laisser une telle franchise en plan. Je ne voyais pas comment la nouvelle version pouvait faire aussi bien que la précédente, et je ne me suis donc pas précipité pour le voir. Je n'ai vu le film qu'hier, et ce que je craignais s'est avéré. Loin d'être un mauvais, le film a plusieurs séquences très bien fichues. Mais ce fut bien le Spiderman tape à l'oeil auquel je m'attendais, j'eus l'impression que c'était construit comme en négatif de la série précédente, juste pour devoir faire les choses différemment. Moins de romantisme, plus d'humour du tout, mais davantage de choses sur les parents ou l'origine des super pouvoirs. Le personnage principal change pas mal aussi. Fini "Peter roi de la loose", voilà "Peter skater rapidement courtisé par la belle blonde". En conséquence, les personnages ne sont plus aussi attachants. Le fond de l'histoire est moins net, moins convaincant, et le film s'avère par moment ennuyeux.
Reste à savoir si ce Peter Parker là est plus proche de l'originel ou pas. Il y a plusieurs années, quand j'ai découvert comment Scarlet Spider et la mort de May (là où j'en étais resté) se sont terminés en farces risibles, je me suis convaincu que les comics (en général) n'étaient qu'un vaste foutoir incompréhensible. Du coup, je ne suis plus rien des comics, mais je vois qu'ils sont encore très suivis, notamment par les participants de ce forum. Je leur pose donc la question : dans les comics, Peter Parker ressemble-t-il davantage à la version brave gars ou à la version connard de service, vis-à-vis de ce qu'on a pu voir dans les films ?
II) Marvel et DisneyThe Amazing Spiderman a très bien marché au box office. Certes, moins qu'il y a dix ans, mais c'est quand même de gros résultats. D'ailleurs, les films Marvel semblent bien marcher en général. Cela dépend du super héros à l'affiche, résultat quand ils y sont tous, c'est le carton gigantesque, les
Avengers. Les budgets enflent généreusement, ça pète de partout, mais plus ça va, plus je peine à trouver l'histoire intéressante, comme dans le cas des Avengers. Déjà que je trouvais que les cross overs étaient la plaie des comics... Le risque étant que ça se transforme en de blockbusters incontrôlables, à la
Transformers, où les producteurs misent sur du divertissement grand spectacle, très coûteux, mais normalement très rentable.
Est-ce une bonne idée pour eux ? D'un côté, quand on on analyse les données présentes, on peut penser que oui. L'acquisition de Marvel par Disney a fait jaser, mais c'était tout à fait intéressant d'un point de vue business. Oui, la Marvel fournit des personnages forts pour alimenter les circuits de production de Disney, il n'y a qu'à voir comment les chaînes jeunesses du groupe accueillent ces héros à bras ouverts. La même logique vaut pour
Star Wars. D'un point de vue créatif, c'est très risqué vu que l'histoire en elle même est censée avoir atteint une conclusion. Mais en terme d'univers fort, c'est exactement dans le cadre.
D'un autre côté, je finis par penser que toute cette stratégie de gros blockbusters est ultra risquée. Oui, les dirigeants de studio, condamnés à ne jamais être certains des résultats de tel ou tel film, sont enclins à miser tout sur un filon lorsqu'il est découvert. En l'occurrence, les super héros. Je m'interrompt ici pour dire bingo bob, vous pourrez citer ces deux mots pour prouver que vous avez bien lu tout du long cette interminable pavé. Je reprends. Mais si donc un jour un de ces blockbusters à très gros budget bide, cela leur coupera les jambes. En misant trop sur les effets spéciaux, ils oublient le plus important. J'écoutais dernièrement une émission sur l'histoire d'Hollywood, où il était dit que les trois points les plus importants dans un film sont l'histoire, l'histoire et l'histoire. Rien n'est plus vrai.
Il y a de cela plus de 20 ans, Jeffrey Katzenberg, alors un des principaux responsables de chez Disney, écrivait
un mémo brillant d'une vingtaine de pages orientant ses équipes sur la meilleure façon de produire des films. Lui aussi mettait en avant l'importance avant tout d'avoir une bonne histoire : après tout, à quoi bon avoir des stars ? Certes, elles peuvent peut être attirer le public, mais un navet bidera toujours même avec des stars, et les succès restent des succès à l'étranger, même avec des stars doublés par de parfaits inconnus. Leur performance réduite de moitié, reste le rôle.
Par la suite, Katzenberg a quitté Disney et est allé travailler avec Spielberg pour fonder Dreamworks. Mais ces bons conseils semblent oubliés par Disney, qui a l'air bien décidé de presser le citron Marvel comme si c'était la poule aux oeufs d'or. Cela pourrait devenir un bon gros morceau de plomb un de ces jours, et je redoute la bulle. Pendant ce temps, c'est la filiale Pixar qui a réussi à récupérer le créneau du film à l'histoire accrocheuse, avec des films comme
Là-Haut ou
Ratatouille.
Du reste, ce focus sur l'histoire ne doit pas être du seul ressort du cinéma, ce doit l'être de toute la fiction. C'est bien là le principal critère discriminant du succès des mangas évidemment.
III) Sur les jeux vidéosMais il y a un champ qui peut s'abstenir de cette règle : c'est la production vidéoludique. Je suis de plus en plus interpellé par les créateurs de jeux qui se voient comme des réalisateurs, et se concentrent sur la mise en scène. En matière de jeux vidéos, le principal critère n'est pourtant pas l'histoire, mais bien le gameplay. Dans le jeu vidéo, c'est le jeu qui compte, alors que les films interactifs sont de plus en plus nombreux. Certes, leur réalisation photoréaliste est troublante. Mais plus le photoréalisme se perfectionne, plus le personnage de synthèse semble réussi, et plus on tombe dans l'
uncanny valley. Paradoxalement, il devient plus difficile de s'attacher au personnage. Peut-être que cette étape sera dépassée. Mais je ne suis pas sûr que ce doive être la priorité.
En conclusion, on dirait que des recettes efficaces ont été trouvées pour faire tourner l'industrie du divertissement : films à gros budget, jeux à gros budget AAA, public présent en grande masse pour soutenir ces sorties majeures. Qu'on ne s'y trompe pas, je n'ai rien contre de belles images, je regrette d'ailleurs que les maîtres peintres de la fin du XIXème siècle qui excellaient dans ce domaine soient presque tombés dans l'oubli. Mais je regrette quand même que l'industrie du divertissement préfère miser sur de la violence bas du plafond et des destructions massives esthétiquement réalistes. Où est la magie ? Où est l'émerveillement ? Où est ce sentiment que la vie est capable du meilleure ? Je reste à l'affut des oeuvres pouvant être mises dans toutes les mains et qui sont à la fois pleine d'inspiration et très inspirantes.