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 MessagePosté: 02 Oct 2017 18:06      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Ce n'est pas vraiment propre à l'Histoire. En fac, de manière générale, tu fais ton cours avec la biblio.
Les amphi, les TDs et autres modules sont une base plus qu'autre chose. C'est d'ailleurs un des gros problème de passage de certains étudiants qui se croient encore au lycée et ne considèrent que ce qu'on leur file en cours. C'est un contexte où tu dois commencer à te sortir un peu les doigts du cul et à développer ton indépendance de travail et de recherche.

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"We're not multiple personalities. We're many personalities.
One of my personalities happens to be a multiple personality, but that doesn't make me a multiple personality. I'm looking for a little nuance here. It spokes to the schyzophrene in me. Well, both of them actually."


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 MessagePosté: 02 Oct 2017 18:50      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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JeanW. a écrit:
'RDC' permet de situer graphiquement la scène sans s'écarter du sujet,
aristide aurait peut-être préféré 'Bemba' mais aurait-il été pour autant plus avancé ?

aristide a écrit:
Le noob en géo aussi.


Pour commencer, ceci :
https://en.wikipedia.org/wiki/Lake_Bangweulu

Ensuite, cela :
https://en.wikipedia.org/wiki/Luapula_Province

#YouAreFakeNews

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 MessagePosté: 02 Oct 2017 18:54      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Third_Eye a écrit:
Ce n'est pas vraiment propre à l'Histoire. En fac, de manière générale, tu fais ton cours avec la biblio.
Les amphi, les TDs et autres modules sont une base plus qu'autre chose. C'est d'ailleurs un des gros problème de passage de certains étudiants qui se croient encore au lycée et ne considèrent que ce qu'on leur file en cours. C'est un contexte où tu dois commencer à te sortir un peu les doigts du cul et à développer ton indépendance de travail et de recherche.


C'est exactement ça.

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 MessagePosté: 02 Oct 2017 19:57      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Désolé je ne me souviens plus exactement de ton taf, t'es prof ou autre ? J'ai un doute...
Si oui, est-ce des choses que tu as eu à gérer avec des élèves ?

Si je me replonge dans mes années fac, la capacité à s'éduquer par soi-même était clairement un des facteurs déterminants de la réussite des étudiants.

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 MessagePosté: 03 Oct 2017 08:04      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Third_Eye a écrit:
Désolé je ne me souviens plus exactement de ton taf, t'es prof ou autre ? J'ai un doute...
Si oui, est-ce des choses que tu as eu à gérer avec des élèves ?

Si je me replonge dans mes années fac, la capacité à s'éduquer par soi-même était clairement un des facteurs déterminants de la réussite des étudiants.


Oui, c'est bien ça. Prof. En lycée depuis 2 ans. J'ai fait du collège pendant 6 ans, et du supérieur pendant 3 ans aussi.

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 MessagePosté: 03 Oct 2017 12:15      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Ok cool.
Du coup, il y a des choses mises en place pour la transition des élèves vers l'après-bac ? De mon temps, absolument aucun prof n'avait ne serait-ce que mentionné le changement radical de méthode de travail après le lycée. En y repensant, c'était assez irresponsable.

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 MessagePosté: 03 Oct 2017 13:07      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Third_Eye a écrit:
Ok cool.
Du coup, il y a des choses mises en place pour la transition des élèves vers l'après-bac ? De mon temps, absolument aucun prof n'avait ne serait-ce que mentionné le changement radical de méthode de travail après le lycée. En y repensant, c'était assez irresponsable.


Ça doit dépendre des lycées.
Dans le mien, le niveau est assez élevé. La plupart vise médecine, droit et des prepas eco, sciences humaines et scientifiques. Y en a pas des masses qui vont en fac autre que médecine et droit. On fait également une prépa sciences politiques pour les neo bacheliers, ce qui n’est pas le cas de tous les lycées non plus... Du coup, on leur met un peu la pression pour qu’ils soient efficaces dès les premiers jours dans le supérieur, mais nous aussi on se la met pour que ça marche bien pour eux.
Après, on peut se permettre de proposer des cours de methodo tout au long du lycée en plus des obligations propres aux programmes (2h d’AP par semaine obligatoire (accompagnement personnalisé)). Les capacités et méthodes du lycée sont de toute façon en partie axées sur le travail en autonomie. De fait on travaille avec eux ces méthodes de prises de notes, de recherche personnelle, etc., pour qu'ils soient opérationnels au bac et après.
Par contre, j’ai des amis qui enseignent dans des lycées où la diversité des niveaux ne permet pas une systématisation de ces activités annexes. Il y en a forcément pendant les cours quelques soient les matières (les heures d'AP), mais pas sous formes de modules ou de cours en plus des heures imposées par l'EN.

Mais au fond, c'est aux profs de faire leur boulot jusqu'au bout. Y en a une quantité qui restent dans des méthodes de travail et d'évaluation un peu anciennes, du type (pour l'histoire géo) : cours magistral, un peu d'exercices sur des documents, et évaluation sommative (IE ou DS) en classe et devoir à faire la maison ou en classe (bosser un corpus documentaire par exemple). Forcément, les méthodes de travail en autonomie sont un peu réduites. Alors qu'ils pourraient varier un peu plus leurs évaluations : les faire travailler en amont d'un chapitre de 5-6h l'un des derniers thèmes du chapitre chez eux, en leur donnant des liens, des pistes de recherche, en leur proposant de mutualiser leurs boulots sur des espaces numériques de travail, d'utiliser le cloud, d'envoyer tout ça par mail ; d'évaluer les élèves autrement que par un barème classique qui donne une note sur 20, de décomposer un exercice de type analyse de document par exemple, en plusieurs capacités et de leur montrer ce barème pour qu'ils sachent vers où aller. Au final, en classe on serait plus dans la remédiation et l'approfondissement (c'est en gros le principe de ce qu'on appelle "la classe inversée"). Mais ça demande beaucoup de boulot...
Pour te donner un exemple personnel, à cause de mes problèmes de santé, j'ai du m'absenter ces deux dernières semaines. C'était prévu (une opération chirurgicale banale). Du coup, en fonction des niveaux que j'avais, j'ai mis des activités assez spécifiques en ligne sur l'espace numérique de travail du lycée (et sur un site que j'ai créé pour l'occasion). Mes premières S ont du faire un travail de recherche et de rédaction de type composition, avec 4 capacités évaluées (ils ont eu le tableau avec les différents "stades" d'acquisition de chacune des capacités), et me l'envoyer par mail pour une date butoir. Ils l'ont tous fait. J'ai reçu 95 mails en 2 jours, à traiter, corriger, 95 tableaux à compléter (vive les applications), et tout renvoyer personnellement pour qu'ils puissent se servir de cela pour réviser leur DS qui vient cette semaine avec un exercice similaire. Là tu bosses leur autonomie à mort, et tu varies les évaluations.
Pareil, avec mes Terminales S. Pour pas perdre de temps dans le programme (qui est très soutenu pour le bac), je leur ai demandé un travail d'analyse de doc à faire en une heure + de la prise de notes d'un cours sur un chapitre que j'ai réalisé en vidéo (1h de vidéo pour 3h de cours) et mis à leur disposition, en précisant que seule la dernière partie du chapitre serait faite en classe, histoire de revenir sur quelques points mal compris. Les élèves l'ont fait, et se sont rendus compte que la prise de note + apprentissage de ce genre d'activité nécessité de croiser d'autres sources (leurs manuels, des annales du bac, etc.) pour compléter le cours pour le bac... Tu imagines bien que la préparation de tout cela est chronophage, et qu'il m'aurait été plus facile de photocopier mon cours sur poly et de leur filer en disant de l'apprendre. C'est ce que d'autres collègues font trop facilement en cas de retard ou d'absence, mais méthodologiquement c'est zéro pour le futur étudiant. Alors que de se frotter à la prise de note de vidéos, façon mooc et FUN (France université numérique), ça, ça leur sera utile, car c'est ce qui se fait maintenant dans les universités et les écoles.
Les structures des lycées c'est une chose. Mais l'implication des enseignants dans ce genre de pratiques pédagogiques c'est tout aussi primordial... mais c'est plus fatigant, peu valorisant à court terme, et des heures non payées (on dépasse le rapport de 1 sur 2, une heure devant une classe = 2 heures de préparation (enfin en premières et terminales, on a des heures de chaire en plus, mais bon c'est dérisoire)).
Bon, j'ai fait un pavé plus long que prévu, et y ai mis un peu de mon expérience personnelle, mais j'espère que ce sera clair du coup.

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 MessagePosté: 05 Oct 2017 19:49      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Celimbrimbor a écrit:
Encore une fois : je ne comprends pas et la réponse déploie trop de sérieux pour que je l'évacue en blague. Donc, je continue avec mes interrogations.

Psst, Celimbrimbor,
et si, au lieu de me laisser faire la preuve que ce que j'écris n'est pas une ineptie,
tu nous le montrais, justement, ce sérieux.

Moralist assessment©
est le concept par lequel je m'explique toutes ces 'responsabilités' dont on nous bassine nuit et jour, toi compris, même dans les endroits les plus improbables.

Tu dois en être tellement saturé que tu ne les remarques même pas :

"Tout au long de son histoire, l'Université s'est engagée par une sociabilité, juste, équitable, solidaire et fraternelle."
"Homo? bi? trans? friendly? Viens comme tu es !"
"My body, my choice."
etc etc

Reviens donc nous expliquer ce que tu entends par "il faut être humain avant tout" et par "assumer l'histoire" après ça.

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 MessagePosté: 07 Oct 2017 02:43      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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C'est peut être vrai qu'il faut lire peu et bien et en profondeur et essayer de comprendre tout ce qu'on lit. N'empêche que moi je suis un fan d'histoire et c'est surtout pour satisfaire ma soif de scénarios que je lis...

Du coup j'ai commencé Bangkok 8 et c'est franchement pas mal!


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 MessagePosté: 07 Oct 2017 15:00      Sujet du message: Re: Lecture
 
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La nuit juste avant les forêts, B.-M. Koltès,

Monologue d'un seul personnage sur scène, qui en interpelle un autre qui ne parlera jamais, la pièce préfigure forcément Dans la solitude des champs de coton. Koltès met à nu un personnage, un autre, passé par toutes les tracasseries, de la pauvreté à la débauche à l'alcoolisme à la fuite à la ratonnade et j'en oublie encore. Et dans une tirade effrénée, haletante, il se dévoile peu à peu, urgent de se dire pour être vu, compris, peut-être.
J'ai eu la chance de la voir montée par un comédien il y a peu. La lire n'a fait qu'ajouter au sentiment d'actualité que j'en ai tiré. C'est une lecture plaisante.

Baal, B. Brecht.

Une enflure, que cette pièce, une gigantesque enflure à la mesure de son gigantesque personnage principal, ogre fou, qui dévore la vie et la fuit autant qu'il peut. Chantre d'une certaine sauvagerie, Baal se montre toujours en chemin, en mouvement, en fuite d'un point à un autre, incapable de s'ancrer, de se trouver ancrer quelque part. Il égrène dans sa course des pensées, des poèmes, des élégies, des prières. Et finalement, il s'éteint, rejoignant le ciel qu'il trouve si proche et si beau.
Une enflure, donc. Et un bon moment.

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 MessagePosté: 15 Oct 2017 16:59      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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aristide a écrit:
Mais quiconque a lu sérieusement du Dostoievski sait qu'il rééquilibre chacune des affirmations de ses personnages par d'autres tirades venant d'autres personnages.
A un Ivan, il y a toujours un Aliocha ou Dmitri.
A la crise de foi et au matérialisme d'Ivan, on retrouve toujours la foi pure et la naïve d'Aliocha ou l'agitation de surface et le grand coeur bourru d'un Dmitri...

Ne penses-tu pas que le caractère de ces 3 frères - pour ne pas dire 4 - est un morcellement de l'âme russe, avec toutes ses contradictions ?

Le nihilisme de Dostoievsky a très certainement derrière lui l'opposition spiritualisme/ matérialisme.
Ivan, qui discourt avec le Diable, comme le Faust de Goethe, n'est donc pas matérialiste.

Le 'grand coeur' bourru de Dmitri ?
Plutôt un Raskolnikov manqué, d'ailleurs il croît plus en Ivan qu'en lui-même (Epilogue, chap.2 : 'Ivan est notre esprit supérieur, c'est à lui de vivre, pas à nous. Il guérira')

aristide a écrit:
Bref, tu ne réponds pas en termes karamazoviens en fait, mais trrrrès partiellement karamazoviens. Comme toujours, de l'à peu près.

Tu vois comme je te retourne poliment le compliment.

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 MessagePosté: 31 Oct 2017 11:11      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Il faut différer la réponse, pour digérer correctement la question. Or donc.

Être humain, pour moi, à mon avis, selon moi, d'après moi, selon mon opinion (normalement, c'est clair) c'est être noble. Il s'agirait pour moi, après lecture de F. Fanon, mais aussi de tout ce que j'ai lu auparavant et qui produit bien malgré soi cette pissotière poisseuse que j'appelle ma pensée, de reconnaître soi partout en l'autre et l'autre partout en soi, quel que soit l'autre et quel soit ce "soi". Je vais essayer d'être rigoureux.

Il faudrait déjà accepter l'histoire, ce qui reviendrait à être vrai. Accepter l'histoire dans son ensemble, sans en ôter ce qui nous gêne, sans mettre en avant ce qui nous plaît, sans ignorer les zones d'ombre et sans se focaliser sur sa propre histoire seule. Il me semble nécessaire de prendre sur soi et de la même façon l'histoire de son début de computation jusque jour après jour au moment où elle se fait. Faire sien tout à la fois le colon Européen qui trucide de le l'Amérindien pour lui voler sa terre comme le résistant Polonais qui sauve des vies au risque de la sienne. Admettre comme soi-même la grand-mère tondue à la libération et Gandhi (1). En somme : prendre les contradictions de l'humain au cours des âges et les accepter, les prendre sur soi, en soi, pour soi. Faire de chaque catastrophe ou de chaque triomphe le sien, faire de chacun de ses catastrophes ou de chacun de ses triomphes celui de l'humain entier afin non pas de relativiser mais au contraire de comprendre où "je" s'inscrit, d'où "je" parle. Tout cela sans biais moral, c'est-à-dire sans attribuer de bon ou de mauvais point à cette histoire, chaque étape, chaque moment en valant un autre, pesant de la même façon qu'un autre. Donc : infiniment ; ou encore : rien.
L'histoire étant avant toute une chose politique, il sera facile de m'opposer qu'aujourd'hui on est plutôt fier d'être un Juste parmi les nations mais que demain on sera peut-être plutôt fier d'être un délateur au long court. Cela serait supposer retirer de l'histoire un bénéfice. Or là n'est pas mon propos, même si, à terme, on retrouvera l'idée de morale.
Accepter l'histoire ne servirait pas à se faire mousser en soirée mondaine. En fait même, cela ne servirait à rien sinon à savoir d'où "je" vient et qui "je" est. Et par là, justement, de sortir de la contingence sociale. Ce qui ne signifie pas s'extraire de son milieu mais plutôt le reconnaître, en reconnaître les biais, les forces gravitationnelles et d'essayer de s'en dégager. En acceptant l'histoire, l'individu deviendrait libre en puissance et en puissance seulement. À lui, après, de le devenir en acte.
Cette idée d'acceptation de l'histoire rendrait l'humain seul juge de son action sous les cieux précisément parce qu'en tant qu'humain, il est l'hypostase de l'histoire entière, de l'humanité pleine, passée, présente et à venir. Chaque acte devrait alors être évalué à cette aune. On perçoit assez bien ce que cela peut avoir tout à la fois d'impossible et d'écrasant. L'individu devrait alors non seulement être une somme historique sans équivalent mais aussi un nouvel Atlas (ou Hercule, au choix) et accomplir quoi que ce soit deviendrait un travail titanesque. Or il me semble que non, pour la même raison que l'union du dionysiaque et de l'apollinien est léger(2). En fait, précisément du fait de la liberté permise par l'acceptation de l'histoire, l'individu s'extrairait de la notion de morale. Il serait.

Au cœur de ma notion d'être humain, il y a l'autre. Et cet autre n'est pas n'importe qui, puisqu'il est littéralement tout le monde. De Jacques mon cousin raciste à cet aborigène d'Australie dont je ne connais pas le nom. Cet autre et "je" sont la même chose. Il s'agirait de sortir du réflexe "eux vs nous", qui deviendrait impossible puisqu'il n'y aurait qu'un gigantesque, collectif et foutraque "je". De là, il n'y aurait plus de raison de protéger sa famille, sa tribu, son clan, son pays, sa nation ou ultimement son espèce. L'altérité devrait se présenter comme rigoureusement égale à soi par essence, qu'elle se présente sous forme animale (humaine inclue), végétale ou autre. Après cela, il faudrait accepter les règles du jeu posées à un moment donné et faire avec, que cela signifie les suivre à la lettre, lutter contre elles, tâcher de les faire évoluer, ou n'importe quelle autre attitude.
Avec cet humain-là, l'univers entier se confondrait. Ce qui ramènerait la lutte à un autre niveau, voire la supprimerait (3). L'humain serait cette chose capable de faire soi tout ce que est, sans trembler de peur devant. Il serait beau, par essence même, car il serait sans crainte.

Et de là, il serait fondamentalement "bon". La peur est le premier moteur de l'errance. La peur de perdre son statut social, son compagnon, sa vie, son argent, sa place, etc. La peur de l'autre. Or, si ce que j'ai raconté se tient un peu, être humain serait être sans peur de l'autre, puisqu'il n'y a plus d'autre, que de "je" différents et essentiellement identiques, partageant la même histoire, acceptant la même histoire. Donc il n'y aurait plus de raison de craindre donc de lutter "je" contre "je". S'agit-il d'un retour à la morale ? Peut-être mais quelqu'un l'exprimera sans doute mieux que moi. Pour ma part, il s'agit d'un mouvement mécanique qui ne peut qu'advenir à ce point où être humain devient être vrai, être beau et donc être bon, même si je sais aussi à quelles gémonies on peut vouer Platon.

Posons là une dernière chose : la difficulté. Il me semble avoir écrit qu'il était difficile d'être humain, je le maintiens au terme de cette soupe fumeuse. S'extraire de l'histoire comme contingence, s'extraire de la peur de l'autre et faire de ce-dernier un "je" comme soi, rester bon, tout ceci n'a rien d'aisé (4). Ce qui ôte toute opérabilité à la définition. Qui serait humain, selon elle ? Moi, sûrement pas. Qui le prétendrait ? Un messie sorti de nulle part ? Non. Faut-il en faire un idéal à atteindre ? Non plus, car l'idéal n'est que croyance et la croyance est le secours du faible. Or cet humain ne pourrait être faible, car il aurait peur alors. Il faudrait se conformer à cette définition, la rendre actuelle en chaque acte, chaque geste, chaque moment. Son exigence servirait tout à la fois de repoussoir et d'exemple. Être ainsi serait être humain, au-delà de la bête que "je" est d'abord.
Il s'agit d'une discipline de vie, d'être. Ainsi, ce serait cela, être humain. S'efforcer d'être noble : vrai, beau et bon ; humain.



(1) Tous les exemples sont fictifs et ne servent qu'à illustrer le propos, l'extrémiser pour des réductions à l'absurde ou l'éclairer au besoin.
(2) F. Nietzsche, Naissance de la tragédie : dans les paragraphes finaux, Nietzsche développe, je crois me souvenir, l'idée de ce couple uni comme une barque sereine dans l’œil d'une tempête qui fait rage tout autour. L'image me plaît beaucoup et correspond à ce que j'entends par acceptation de l'histoire. La différence tient en ce que Nietzsche parle de soulever les voiles de la réalité pour accéder à une réalité première, une.
(3) Si je maîtrisais (ou simplement, "connaissais") ce que F. Nietzsche appelle "la volonté de puissance", j'intégrerais une réflexion dessus à cet emplacement. Qu'il me soit permis d'hasarder quelques remarques tout de même. Il faudrait d'abord déplacer la volonté de puissance de l'individu à une entité plus grande. L'espèce dans son intégralité par exemple. Mieux encore, l'univers entier (mais je suppose que cela devra attendre une connaissance plus précise, incapables déjà que nous sommes de nous atteler à déplacer la volonté de puissance d'un "je" à la planète, par exemple). S'en suivrait non plus une lutte mais une coopération (bon, je sais, survie du plus apte, tout ça, rêve idiot mais je ne serais pas moi si je n'étais pas rêveur).
(4) Nouvel aveu d'inculture : tout cela porte-t-il des marques de ressemblances avec le surhomme ? N'est-ce qu'une répétition ? Question aussi plus cruelle : pourquoi en revins-je toujours à Nietzsche, moi qui l'ai si peu lu ?

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 MessagePosté: 01 Nov 2017 19:54      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Kyahahahahahaha

'Or donc' après toutes ces années, nous te retrouvons enfin Sempaï !

Mes efforts n'ont pas été vains !

#HappyHalloween

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 MessagePosté: 07 Nov 2017 22:00      Sujet du message: Re: Lecture
 
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"Le paradis, à n'en pas douter, n'est qu'une immense bibliothèque" G. Bachelard.

"Toi qui entre ici, abandonne toute espérance."
~ La Divine Comédie, Dante.


~ * ~

Cela faisait longtemps qu'Aristide cherchait la Vérité, et il ne lui manquait pas d'une raison d'aller à Ritualia pour y rencontrer des étudiants susceptibles de présenter les mêmes aspirations.
Il n'était d'ailleurs pas philosophe mais professeur d'histoire : la philosophie était sa passion, "vivre 'pour' et non 'par' la philosophie" lui paraissait une évidence, un signe d'authenticité auquel souscrivait également son ami Celimbrimbor, bien qu'en cela il était lui aussi une exception.

Mais depuis quelques temps, il se sentait essoufflé, comme s'il avait fait le tour de la question...
Ses études historiques avaient-elles abouties ? Elles ne présentaient plus le même attrait que dans ses jeunes années, et parfois, il ne pouvait s'empêcher de se remémorer cette phrase du Crime et Chatîment de Dostoievsky : "Il nous a plu, à nous autres, de vivre des pensées étrangères, et nous en sommes saturés".

Chemin faisant, tout en se hasardant parmi ses pensées, il ne s'était pas rendu compte qu'il se dirigeait désormais vers un lieu tenu secret, duquel émergeait un manoir désaffecté entouré par une forêt dense.
Comment était-il arrivé là ? Nulle réponse.
"Aurais-je été attiré vers ce lieu sinistre par quelque force occulte ?", se demanda-t-il, quand la porte de l'immense manoir s'ouvrit lentement ...

~ ** ~

- Toutes mes félicitations pour être parvenu jusqu'ici. Soyez le bienvenu dans mon humble demeure.
Pour achever le sombre tableau, dont l'épaisse forêt d'épicéas, tous plus étranges les uns que les autres, constituait le cadre, l'être qui se présentait comme le propriétaire des lieux fit une étrange impression à notre héros : impossible de lui donner un âge, impossible de lui attribuer un genre.
Il portait une blouse blanche et de grands gants noirs, à la façon de ces savants fous anachroniques d'après-guerre.
"Ridicule", se dit tout d'abord Aristide, "Ridicule... Mais effrayant." Une idée lui traversa brièvement l'esprit : "le Diable revêt toujours un aspect ridicule : cela fait partie de sa ruse".
L'aspect globalement malsain de la situation lui donna aussitôt envie de ne pas engager la conversation et de partir au plus vite.
- "C'est à dire que... Je ne suis pas venu spécialement ici pour vous rencontrer... Je me promenais quand...", balbutia Aristide.

Soudain, deux femmes, une à chaque côté, le saisirent fortement par les bras.
Deux femmes ? Non, deux zombies ! Elles n'avaient plus de visage et semblaient se mouvoir comme des automates désarticulés, mais leur force était surhumaine : impossible de s'échapper de leurs étreintes !
Des tenues d'infirmières, mais tachées de sang et trop courtes, donnaient à ces cadavres ambulants un effet salace du plus mauvais goût.
- Succubes... Ne malmenez pas notre hôte! Son cerveau m'est très précieux...Héhéhé.
Irrésistiblement entraîné par les mortes-vivantes dans le manoir, la porte se referma lentement, dans un épouvantable grincement, derrière Aristide.

~ *** ~

Le savant fou voulait manifestement faire visiter son horrible demeure, glauque au possible, à son invité; pendant que celui-ci, contraint et forcé par les succubes, le suivait à travers un infini couloir sombre. "Impossible de se dégager, elles sont trop fortes, elles ne sont pas... humaines", frissonna ce dernier tout en regardant autour de lui :
Quelques lampes au plafond, mais placées bien trop haut pour un être humain, éclairaient le couloir d'une lumière verdâtre, des murs gris anthracite où couraient des rats énormes et des araignées qui se déplaçaient furtivement pendant que le groupe s'avançait, l'atmosphère froide et humide... Le savant engagea la conversation.

"Cela fait bien longtemps que je ne fréquente plus les salons de Ritualia.
Vous savez, pour débattre sur 'ces choses que l'on aime, ces choses que l'on n'aime pas'... Comme s'il y avait aspiration au plaisir.
Le plaisir apparaît quand est atteint ce qui était visé : il accompagne, il ne meut point.
Voyez plutôt à quel endroit maudit m'ont réduit les habitants de Ritualia : la Forêt Maléfique du Monologue.

Ils ont dit de moi que j'étais malade, ils ont ri de moi ! Mais je vais leur montrer... Je les détruirais tous !

La philosophie a toujours été la recherche volontaire des aspects les plus infâmes de l'âme humaine... Mais, en lieu et place de la dialectique, à seule fin d'élever ma volonté de puissance."
Sur ce mot, le savant fou se retourna vivement vers Aristide, épouvanté, "Zarathoustra est l'ami des méchants. Par conséquent, Zarathoustra n'est pas le Surhomme! Kyahahahahahah!"
"Pure folie!", pensa Aristide, "comment vais-je bien pouvoir échapper à... Cet enfer ?"

~ **** ~

Il paraissait de plus en plus invraisemblable que ce scientifique malsain ait pu avoir un jour une quelconque pensée humaniste.
Aristide hasarda une question pour tenter de déceler une faiblesse du personnage, peut-être lui restait-il encore une once d'âme ?
"Je pensais que vos études sur l'esprit vous faisait considérer les qualités intrinsèques de l'Homme ... Intentionnalité, préméditation, délibération..."
- "Si vous étiez sur le point de percer le secret de l'âme humaine, vous penseriez différemment : tout cela n'est en rien contradictoire avec la négation du libre-arbitre.
Les qualités humaines sont comparables à un feed back. L'Homme agit selon un déterminisme absolu, et en cela l'Europe rejoindra bientôt les vues du fatalisme asiatique; la Science même entraînera inexorablement les Hommes vers des vues fatalistes et déterministes.

L'Homme, l'animal qui a survécu aux plus terribles maladies, mérite par ce fait seul sa prépondérance sur les autres espèces.
J'ai passé des années à étudier l'âme humaine, reprit le savant, et je n'ai jamais eu la moindre considération pour la philosophie en tant que chose en soi, mais au contraire pour les philosophes, malades par excellence."

Les restes d'un squelette humain, attaché au mur par les poignets et aux chevilles, fixait Aristide de ses orbites vides et semblait se moquer de lui à travers un sourire cadavérique.

~ ***** ~

C'est alors qu'une énorme lampe au plafond éclaira davantage le couloir : toute une rangée de squelettes s'étendait désormais le long du couloir sur des dizaines et des dizaines de mètres.
- "Ces malheureux... Ce sont... Des philosophes ?", interrogea Aristide
- "Rien que des expériences ratées... Les philosophes sont des ascètes, des prisonniers volontaires.
Parce qu'ils expérimentent la même méthode, ils obtiennent le même résultat : ressembler à une poule autour de laquelle on a tracé un cercle à la craie, et qui désespère de ne pouvoir en sortir.
Voilà ce qui arrive quand on fait du 'Tout est dans tout', au lieu du Μηδὲν ἄγαν, sa devise. Autant que possible, rétrécissement et renforcement de la culture et de l'éducation.

Celimbrimbor parle d'exhumation pour qualifier notre science moderne, c'est bien trouvé, non ?
J'étudie moi-même la Nécromancie. Héhéhé.
Mais les forces occultes n'aiment guère que l'on joue avec elles : comme le feu, il arrive assez fréquemment qu'elles nous consument de notre vivant..."
- "... Jusqu'à vous cramer la cervelle, espèce de vieux fou!", s'écria Aristide qui cherchait à travers l'humour un dernier moyen de se rassurer.
- "Oh. L'humour pour faire taire une angoisse." Le savant fou plongea ses yeux inhumains dans ceux d'Aristide : "Socrate, mon jeune ami, était lui aussi plein d'humour et d'ironie... Parce qu'il était un grand pessimiste. Le développement de l'esprit va de pair avec la sensation du vide de notre existence.
La philosophie pessimiste, loin d'être opposée à l'optimisme, est la question du sens de l'existence.

Aristide se troubla à cette idée : la Science, qui n'est autre chose que l'étude des phénomènes avérées par des faits, ne pourra jamais apporter une réponse satisfaisante et intégrale.
On ne peut interroger la science qu'avec la morale, ensemble.
Alors il comprit que toutes les études du savant, presque entièrement dirigées vers le 19ème siècle, le siècle du pessimisme européen, n'avaient en vue que de caractériser, d'un point de vue psychologique, ceux qui s'étaient, avant lui, interrogés sur le problème du sens et surtout sur le problème de l'absence de sens...

~ ****** ~

Le scientifique reprit sa marche, bientôt suivi par l'étrange trio.
Les succubes, complètement déshumanisés, semblaient obéir de manière inconsciente, comme dirigées par une force surnaturelle.
Ils arrivèrent bientôt devant une énorme porte métallique blindée avec un hublot noir.
Des hurlements, à glacer le sang, tristes mais féroces, se firent entendre de derrière la porte.
Peu après, plusieurs autres hurlements et cris inhumains commencèrent à répondre en écho depuis différents endroits de l'immense couloir, d'où l'on pouvait distinguer semblables portes.

- "Kyahahahaha! Surpris ? Voilà le Surhomme ! 'Notre' surhomme !"
- "Le Surhomme", s'écria Aristide, "qu'est-ce que cela? Qu'est-il en réalité ?"
- "Toute culture créée d'elle-même le surhomme : la vertu ni le génie ne s'enseignent.
Comment les Hommes peuvent-ils s'imaginer un seul instant que la Science les améliorera ?
Notre civilisation est la contre-Renaissance, l'anti-culture par excellence.
Notre surhomme, par conséquent, est la créature la plus dégénérée.

Dieu est-il exempt de Sa Présence ? Le Surhomme ne peut advenir qu'en Son Absence !
Muahahahahahah !"

~ ******* ~

Un profond malaise s'empara d'Aristide :
"Si l'idéal de l'humanité, qui est au coeur de toute morale, qui est le fondement même de toutes nos institutions, est en réalité la chose la plus dégradée, alors vers quoi tendons-nous, de manière concrète... Faisons-nous dégrader l'humanité à chacune de nos avancées scientifiques ? Comme si, plus nous avancions, plus nous reculions d'autant du même coup...?
Non, c'est impossible! Cela serait nier tout le progrès atteint jusqu'ici par toutes les cultures successives..."

C'est alors que vint à notre héros l'idée d'évoquer Celimbrimbor, l'ami d'autrefois, dans l'espoir, s'il était encore possible, de ramener le scientifique fou à la raison.
- "Le Surhomme n'a-t-il pas pour tâche d'élever l'Homme. De le justifier ?
Avez-vous lu le magnifique texte de Celimbrimbor sur le fait d'être humain à travers l'acceptation de l'histoire, pour le rendre libre, noble, vrai, beau, bon ?
Oui, il est impossible que vous ne l'ayez pas lu, je sais que vous partagez ses vues...
Pourquoi pas un Club de lecture, présidé par Celimbrimbor, vous pourriez l'assister et nous aider... Je veux dire... Moralement..."

A ce seul mot, le savant fou s'arrêta net.

- "Un grand esprit doit reconnaître graduellement sa vocation et son attitude vis-à-vis de l'humanité, étant amené à devenir conscient qu'il ne fait pas partie du troupeau mais des éducateurs de la race humaine. Alors s'impose à lui de ne pas limiter son action immédiate et certaine au petit nombre d'individus que le hasard a placé devant lui, mais de l'étendre à l'humanité, afin de pouvoir y atteindre les exceptions, les élus. Et cela, à travers l'Ecriture."
Mais, alors qu'il parlait comme s'il récitait un texte appris par coeur, il fût saisi par une crise d'hystérie.
Ses paroles s'apparentait alors moins à une tirade philosophique qu'à une divagation d'esprit dérangé.

~ ******** ~

- "La Tragédie grecque célébrait, à travers l'acte odieux des Bacchanales, le Grand Tout : Rien n'était 'mauvais'.

Les artistes de la Renaissance, jouant avec les images de la religion chrétienne, comme d'une matière première, exprimaient l'idée que les européens de cette époque avaient surmonté les valeurs chrétiennes du Moyen-Age. Que l'on consulte Machiavel : la vertu se fait virtù, scélératesse, le pire vice ! César Borgia, pape !

Notre art moderne ? Un moyen d'expression de l'affect, un exutoire, une thérapie !

L'artiste ne se mesure pas d'après les beaux sentiments qu'il éveille, il n'y a que les idéalistes dégénérés pour croire cela :
l'art, comme la passion, méprise de plaire (n'est pas beau), oublie de persuader (n'est pas vrai), n'éduque pas (n'est pas bon).
L'art est sacrilège.
... Et Celimbrimbor, comme Platon avant lui, comme tous les philosophes, a été corrompu par Socrate.

Jésus, Bouddha, Socrate... Qu'étaient-ils en vérité ? Non pas des esprits libres, des esprits forts en opposition avec leurs siècles, mais des cas de plus en plus fréquents, conséquemment au développement de la civilisation : Rome envahie par plein de Jésus, les martyrs; l'Asie envahie par plein de Bouddhistes.

"Le saint", comme idéal, traduit simplement le fait que la classe dégénérée, désormais majoritaire, en opposition avec la thèse de Darwin qui prône la survie des plus forts, a atteint la prépondérance et se considère désormais comme le but de l'humanité.

La décadence de la culture européenne, notre civilisation moderne, se remplit tous les jours d'individus 'objectifs', leurs besoins vitaux ne sont pas dans leurs activités, le sage considéré comme idéal est un accord de principe entre tous ces dégénérés.

Et maintenant consultez le texte de Celimbrimbor ! Ne veut-il pas 'le saint ?' Le responsable ultime, l'Atlas qui supporte le poids du monde ?
Mais cela ne se fera pas dans la légèreté mais au prix des plus lourds sacrifices."

Le savant fou semblait perdu dans ses pensées.

- "Notre science peut bien s'enorgueillir à tourner autour des 'faits', elle n'en demeure pas moins liée à un sens moral : sans expérimentation d'un ordre supérieur, croyez-vous vraiment que nous ferons des découvertes, alors que notre éthique bloque absolument toutes les questions de jugement de valeurs ?

Il est impossible que l'Homme atteigne à la Vérité, car quand ce jour arrivera, il sera un autre."

~ ********* ~

Du fond du couloir obscur, des hurlements impatients commencèrent à se faire plus bruyants, plus lancinants;
on frappait maintenant de tous côtés contre les portes, de plus en plus fort...
- "Qui s'exprimait ainsi avec une telle violence ?", se demandait Aristide, "Ou plutôt 'Quoi' ?"
Il n'en pouvait plus de toute cette folie. Il devait absolument s'échapper de ce laboratoire où des expérimentations inhumaines avaient finalement conduit à mettre en lumière la part sombre de l'humanité.

- "Si je dois être prophète en quelque manière", reprit le docteur, "je vous condamne vous et toute votre pseudo-culture : même la civilisation la plus avancée techniquement montrera ses limites en ne permettant pas aux esprits forts de s'exprimer autrement qu'en actes terroristes. Dixi."

Soudain, une porte éclata sous la pression des coups répétés. Une créature hideuse commença à s'extirper pour se diriger lentement vers le couloir.
Puis une autre porte éclata. Puis encore une autre. Des dizaines de créatures horribles se traînaient maintenant le long du couloir, comme attirées par notre héros dont la terreur atteignaient son comble.

Un des squelettes, qui n'était en fait pas mort, commença à manifester lui aussi l'envie de s'échapper.
Le pauvre être, qui n'avait d'humain que le nom, n'avait presque plus de chair et gémissait de peur et de souffrance.
Mal lui en pris : l'une des créatures lui arracha la tête et la dévora.

- "Kyahahahahah ! Voilà l'avenir des philosophes et de tout système philosophique !", éclata de rire le démon scientifique, inconscient d'un danger que rien ne saurait désormais arrêter.

Alors, dans un sursaut, profitant de l'effet de surprise occasionné par les monstres sur les infirmières spectrales, Aristide parvient enfin à s'échapper, et, courant jusqu'à la sortie du labo, ouvrit violemment la porte pour s'enfuir le plus loin possible de ce lieu maudit, pendant que résonnait derrière lui un rire méphistophélique.

- "Laissez-le partir ! Il ne faut pas contraindre l'oiseau dont les pensées se tournent vers l'espoir : il propage la Bonne Nouvelle.... Muahahahahahah !"

"Trouver Célimbrimbor", pensa Aristide, "le plus vite possible ! Pourvu que j'arrive à temps... Il ne faut pas que ce génie du mal parvienne à ses fins : à aucun prix ses créatures démoniaques ne doivent envahir Ritualia !"

~ ********** ~

Plus Aristide courait, plus il se perdait.
"Où est la sortie ? N'a-t-elle pas d'issue ? Cette Forêt du Monologue serait-elle vraiment frappée d'une malédiction, ainsi qu'on le prétend à Ritualia ?"

Il commençait à réfléchir à toutes les horribles choses qu'il avait vues et entendues.

"La Science n'est pas un problème, encore moins une solution, rien qu'une conséquence : la volonté de vérité est issue de l'esprit objectif, lui-même s'appuyant sur le sens moral.
...Mais alors le sens moral n'est rien d'autre que l'expression d'un besoin métaphysique ?"
Une angoisse terrible le saisit.
"L'absurdité de l'existence, serait-ce cela l'Eternel Retour ? Alors il n'y a pas d'issue ! Notre science rendra l'Homme toujours plus insignifiant....
Grain de poussière dans l'infini, absurde à tous les sens du terme...."

C'est alors qu'il se réveilla de ce qui n'avait été qu'un horrible cauchemar.

... Fin ?

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 MessagePosté: 07 Nov 2017 22:37      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Beau boulot.
Jolie fanfiction !

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 MessagePosté: 10 Nov 2017 15:46      Sujet du message: Re: Lecture
 
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^_^
Merci Mon Héros !

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 MessagePosté: 12 Nov 2017 10:12      Sujet du message: Re: Lecture
 
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 MessagePosté: 14 Nov 2017 17:23      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Merci Mon Sempaï !

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 MessagePosté: 06 Jan 2018 19:03      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Beauty is in the eye of the beholder.

Cela va bientôt faire 5 ans que j'écris à Ritualia, et c'est seulement maintenant que je commence à me maîtriser, à avoir un style.
Je commence aussi à avoir des lecteurs. Il leur arrive de m'écrire des choses charmantes.
C'est ainsi qu'un beau jour, - ou peut-être était-ce un soir, on m'a reproché mon attitude 'trop exubérante pour être honnête'.
Cela m'a rappelé une histoire.

~*~

Un employé de la Grand Banque Nationale occupait le même poste depuis des années, et il ne voyait pas pourquoi il en changerait.
Tous les matins, le quadra faisait sa petite toilette, prenait son petit café, lisait la première page de son petit journal quotidien et partait travailler avec sa petite voiture.
Il ajustait sa cravate, la même depuis toujours, en s'aidant du rétro intérieur.
Il était toujours à l'heure, ni en avance, ni en retard et, sa sacoche de petit fonctionnaire sous le bras,
passait rapidement devant les autres employés pour aller occuper, dans un petit fauteuil, la même place derrière l'énorme écran d'un ordinateur démodé.
"C'était très bien comme ça."
Bien qu'il jouissait d'un emploi plutôt stable, malgré la crise, il n'avait jamais souscrit de crédit. "Trop risqué."
Il avait ouvert un compte, dans la propre banque où il travaillait, et celui-ci était plutôt bien rempli "au cas où ..."
Il n'était pas ce qu'on peut appeler 'un pingre' mais il était très prévoyant, comme il l'avait toujours été.
Aussi, vivait-il en cohabitation avec sa mère, dans un petit appartement de banlieue parisienne.
Bref, c'était un vieux garçon.

~**~

Un jour, peut-être un jour comme un autre, après tout, une jolie jeune femme entra dans la Grande Banque Nationale.
Il pleuvait se jour-là. Des cieux gris coulaient des larmes qu'on appelle 'pluie'.
D'un geste élégant, elle replia son parapluie pour faire tomber quelques gouttes sur le parquet froid.
Elle chercha du regard, d'un regard bleu comme l'azur, un guichet libre : c'était celui de notre homme.
Elle se dirigea lentement vers le poste, d'un air doux et timide, mal assuré ...

"C'est pourquoi ?", demanda-t-il d'un ton sec, sans se donner la peine de relever la tête, plongé dans une feuille de calcul, une grosse calculatrice à la main et un stylo usé dans l'autre.
- Excusez-moi, Monsieur, j'ai rendez-vous avec le Directeur de l'agence. Sauriez-vous m'indiquer où se trouve son bureau ... ?
- Oui. Evidemment. Veuillez vous adresser à la dame qui est à gauche de la porte, elle saura vous y conduire.

Ce ne fût pas ce qu'on peut à proprement appeler 'le coup de foudre', mais en relevant la tête - plus par politesse que par envie - il l'avait trouvé plutôt... agréable.
Et intéressante, pourquoi pas ? Avoir un rendez-vous avec le Directeur n'est pas, après tout, l'apanage de toutes les clientes.
En un mot, charmante.

~***~

Il s'avéra par la suite que la jeune femme en question n'était pas une cliente de la banque, mais une stagiaire en formation continue.
Elle resterait donc à l'agence parisienne pour y effectuer un stage de 6 mois.

Plus les jours passaient et plus le petit monde tout gris de notre monsieur commençait à se teindre d'une couleur bleue. Bleue comme l'azur.
Sans vraiment savoir pourquoi, il s'intéressait de plus en plus à la jeune femme.
Il s'achète des produits cosmétiques pour se rajeunir, se remet au sport "parce que c'est bon pour la santé", disait-il, d'un ton enthousiaste. Il se fait beau.
Tant et si bien que sa bonne vieille mère, à qui on le fait pas, finit par le remarquer.
Elle lui dit qu'il était ridicule, à son âge, de s'amouracher pour une inconnue et de tirer des plans sur la comète.
'Ah ça oui, tu es beau à voir, mon fils ! Avec ton pantalon à carreaux et ton noeud papillon !'

~****~

Bien qu'il ait toujours été très perfectionniste dans son travail, au point que même les autres employés le craignaient pour son excessive rigueur mathématique;
dès qu'il voyait la jeune stagiaire dans le couloir, notre héros devenait véritablement maladroit. D'une incroyable maladresse.
Il était incapable de servir le café sans faire tomber la tasse, faisait des erreurs dans les comptes des clients - en leur faveur ! -, ne se souvenait plus où il avait garé la voiture ...

S'efforçant de sourire timidement à la demoiselle, il balbutiait des phrases incompréhensibles sur la pluie et le beau temps, pensant avoir dit quelque chose d'incroyablement intéressant.
Et, elle, simplement, lui rendait son sourire avec des lèvres et des yeux à se damner. Il en était heureux pour le reste de la journée.

Cependant, il n'était plus du tout performant au travail. Le DRH le convoque, lui demande ce qui ne va pas, lui dit qu'il devrait prendre quelques jours de repos.

Mais lui, qui n'avait jamais posé le moindre arrêt de travail depuis qu'il avait été embauché, sourit d'un air euphorique : "Tout va bien, Monsieur le Directeur, je vous assure. Tout va très bien."
Il était amoureux.

~*****~

Le temps passe. Les beaux jours passent toujours trop vite.
C'était l'avant-dernier jour de travail de la jolie stagiaire qui avait bouleversé sa vie.
Il avait acheté en secret un énorme bouquet de magnifiques fleurs multicolores qu'il avait caché dans le coffre arrière de la voiture.
Il brûlait d'impatience à l'idée de lui déclarer sa flamme.

Dans le grand couloir, près de la machine à café des employés, il attendit le moment où ils seraient enfin seuls, juste elle et lui, amorça une banale conversation et, enfin, se lança.

"Mais, lui répondit-elle, ... Qui êtes-vous Monsieur ?"

~******~

Le lendemain, la stagiaire avait organisé un pot de départ pour remercier la Grande Banque Nationale qui l'avait accuellie pendant ces 6 mois.
Le monsieur, bien entendu, n'était pas là. Mais cela n'avait choqué personne.
"Il a dû oublier, voilà tout.
Il avait vraiment besoin de repos ces derniers temps.
De si sérieux qu'il était, il était devenu si maladroit... Tellement exubérant."
Et les employés riaient entre eux.

~*******~

On appris la nouvelle quelques jours plus tard. D'un quadragénaire employé de banque qui s'était suicidé en se jetant d'un pont, dans le canal.
Quand les plongeurs de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris arrivèrent sur les lieux, il y avait une multitude de pétales de fleurs multicolores qui flottaient à la surface de l'eau.
C'était comme si l'on avait voulu faire flotter un arc-en-ciel infini par-dessus les eaux grisâtres de la Seine.

Mais excusez-moi, je vous écris encore des banalités, à propos de 'ces choses trop exubérantes pour être honnêtes'.

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Dernière édition par JeanW. le 26 Jan 2018 18:51, édité 1 fois.

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 MessagePosté: 07 Jan 2018 18:33      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel

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 MessagePosté: 22 Jan 2018 17:38      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Quand je me promène sur les réseaux sociaux, il y a une chose que j'aime faire : c'est regarder les images des autres et m'imaginer que je vis à travers leurs vies.
Oui, j'aime les gens quand ils me font rêver, "je n'ai rien à apprendre des arbres".
Parfois, je reste des heures à regarder ces petites photos toutes simples de la vie quotidienne en écoutant de la musique.
"A quoi peuvent bien penser les gens ? Quelle histoire y a-t-il derrière tous ces visages ?"
Mais c'est toujours une histoire un peu triste, parce qu'il n'y a que moi pour la rêver.
Une après-midi d'hiver, pendant que je lisais dans le parc municipal, je tombais par hasard (mais il n'y a pas de hasard, n'est-ce pas ?) sur une petite photo en N&B, un peu vieillotte, et jaunie par le temps.
Avait-elle remonté les siècles pour arriver jusqu'ici ?
Oh... Qu'essaies-tu de me dire, ma belle petite photographie des siècles passés ?


~*~
"6000 pieds par-delà les Hommes et le Temps."
~ Sils-Maria, Août 1881.

As-tu passé tes vacances à la montagne cet hiver ?
Alors tu peux imaginer sans peine quelle vue magnifique s'offre à présent à toi : à Lucerne, entre lac et montagne, quelle euphorie les paysages de la Suisse alémanique donnent aux coeurs endormis !
Sous un ciel pur d'un bleu très profond, des hommes vêtus de redingotes noires, avec des chapeaux haut de forme, courtisent d'élégantes demoiselles.
De temps à autre, il y a des calèches tirées par de magnifiques étalons qui passent à travers les ruelles pavées. Au bout de l'allée principale, les enfants rient et jouent dans le grand manège.
"Hey !", pendant que j'étais à ma rêverie, je viens de me faire bousculer. J'en ai perdu mes lunettes. Je me baisse pour les ramasser et, en me relevant, je m'aperçois que c'était en fait un trio de jeunes dandys : deux hommes et une femme, bras dessus, bras dessous, qui continuent leur chemin sans s'excuser, en riant. Je ne leur en veux pas. Ils rient de bon coeur. Je constate que l'un des deux jeunes hommes a une main posée sur celle de la demoiselle tandis que l'autre, au contraire, un peu mal à l'aise, regarde partout autour de lui avec un air gêné, visiblement soucieux du qu'en-dira-t'on. On voit bien que ce sont des touristes qui ne sont là que pour quelques jours.
La jeune femme rit aux éclats. Comme elle est heureuse ! Je l'envie. Et je crois qu'elle veut immortaliser ce petit moment de bonheur, parce que les voilà qui se dirigent maintenant vers un photographe.

~**~
L'homme en question, tout en lisant son journal, fume sa pipe assis sur un banc le long du canal, face au Mont Pilatus.
Il n'est pas pressé et donne vraiment l'impression de laisser le chaland venir à lui.
Il y a un énorme appareil photographique à côté de lui et une petite calèche sans son cheval pour la tirer.
Les trois jeunes gens s'approchent, et demandent respectueusement s'il est possible de faire une photographie cette après-midi, sous ce ciel magnifique.
Lui, impassible, en train de machouiller négligemment sa pipe d'un air indifférent, tire deux ou trois bouffées. Il regarde sa montre à gousset.
D'un geste élégant, il frise un côté de sa moustache entre le pouce et l'index, lève les yeux au ciel, se donne l'air de réfléchir.
Enfin, il dit : "Oui, ma foi oui, cela pourrait bien se faire. Mais il faudra pour cela que vous fassiez ce que je vous demande. Le voulez-vous ?"
Les jeunes gens se regardent, abasourdis. Puis, tout à coup, la jeune femme, toute excitée à cette idée nouvelle, s'écrie en frappant des mains : "Oh oui, oh oui ! Nous le voulons !"

En ce temps-là, les photographes professionnels avaient réellement la prétention de croire qu'ils pouvaient immortaliser une petite scène de la vie par une photographie. Comme un tableau.
Ils ne savaient pas avec certitude si leurs "oeuvres d'art" se conserveraient à travers le temps, mais ils avaient la foi, et c'était peut-être le plus important.

~***~
Il demande aux deux messieurs de se mettre bien face à lui, dos à la montagne et à la calèche, et leur demande finalement de prendre la pose... Qu'ils souhaitent.
Les deux hommes se regardent et semblent se dire dans un regard complice : "Comment ? N'était-ce que cela ? Il nous a bien eus, le bougre !
Il veut jouer l'artiste mais, pour sûr, l'intrigant n'est qu'un amateur."
Pendant ce temps, il demande à la demoiselle de s'asseoir dans la calèche qui est juste derrière eux. Discrètement, tout en lui faisant un clin d'oeil, il lui met un fouet dans les mains.
" Mademoiselle, gare. N'oubliez-pas que si vos deux amis se retournent tout est perdu.
A un signal de ma part, vous vous lèverez et ferez mine de les faire avancer à grands coups de cravache, comme s'il s'agissait de deux cannassons."

~****~
Le photographe pose son énorme appareil sur trépied en face du charmant trio, caché sous un drap noir.
" Bien. Ces jeunes gens sont-ils prêts ?"

L'un des deux hommes prend une pose digne. Il deviendra, bien des années plus tard, un grand médecin itinérant très apprécié du canton des Grisons.
Il sera vénéré par les pauvres montagnards comme une sorte de saint.

L'autre prend une pose plus inspirée. Il a une âme d'artiste. C'est, au fond, un musicien manqué.
Il ne sait pas qu'on le louera bien après sa mort comme un des plus grands philosophes de son siècle.

La jeune femme a un petit air mutin. Elle deviendra la figure même de l'égérie, succube séduisante faisant avancer tous les hommes qu'elle rencontrera.

"A mon signal... Maintenant !" Il y eu comme un petit éclair au Ciel et sur la Terre.

Et le photographe d'immortaliser la scénette. Bien que l'idée était de lui, son nom restera à jamais inconnu.

Les deux amis se partagent les frais de la photographie, puis se mettent d'accord pour donner l'adresse postale de la jeune femme qui recevra la photographie,
par courrier, quelques jours après le tirage dans la chambre noire.

Ils ne découvriront que plus tard le tour que leur a joué le photographe complice.
Quand ils regarderont la petite photo, chacun se remémorera avec émotion cette si belle après-midi.
C'est, je crois, de cette façon qu'on peut immortaliser de merveilleux souvenirs.

Et nos deux prétendants de repartir avec la charmante demoiselle, bras dessus, bras dessous, heureux, ensemble, dans leur petite "trinité".

Epilogue : Heureux comme ils ne le seront plus jamais.
Dans les villages de montagne, le temps est incertain.
Les nuages approchent : pour tous les trois, l'histoire finira mal.

Je dois t'avouer que j'aime beaucoup le chocolat suisse mais il est temps pour moi de retourner à notre époque.

"Après moi le déluge" est une expression qui a fait son chemin :
que reste-t-il de ce siècle, pour nous qui vivons l'instantané, avec nos selfies, nos emoticons et nos gifs animés ?
C'est la peur de ne pas se comprendre qu'on veut éviter par cette sorte de retour au langage corporel.
Quelle ironie, à l'ère de la communication, de ne même pas savoir exprimer clairement ce qu'on ressent.
Sur les réseaux sociaux, il y a un type qui vient de photographier son plat.
Ne me demande pas pourquoi : il paraît que c'est très tendance.


Trop librement inspiré d'après une lecture de : Notre Trinité - Correspondances.
Merci de m'avoir lu. ^^
Sen

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 MessagePosté: 16 Fév 2018 11:49      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Quel est le sens de l'Histoire ? Voilà une question qui m'intéresse depuis longtemps, et en le cherchant, j'ai lu pas mal de bouquins d'histoire à travers les époques et les endroits. Comment on est arrivé là ? Comment les événements s'enchaînent ? Y a-t-il un flot particulier derrière tout cela ?

C'est ce qui m'a amené à lire L'histoire, d'Arnold J Toynbee, ce que je désirais depuis pas mal de temps. En l'occurrence, l'édition abrégée sous le contrôle de l'auteur, qui fait quand même 700 pages contre les 12 volumes d'origine. Ce n'est pas l'histoire du monde du début jusqu'à maintenant qu'il raconte, c'est en fait un traité d'histoire comparative des civilisations. Mais attention, cela demande des connaissances préalables assez solides non seulement en histoire des différents endroits et époques, mais aussi en religion, philosophie et littérature. Du coup je suis bien content de ne pas avoir commencé cette lecture des années plus tôt. Heureusement, en dehors de ces connaissances nécessaires, le livre est accessible dans la mesure où les cheminements ne sont pas très compliqués.

Cela peut s'apparenter à une dissertation de culture générale dense en concepts, donnant une vision assez claire, même si le but recherché ne sera, par nature, jamais atteint. Cela va nourrir ma réflexion, et même terminé, je dois le digérer en y repensant régulièrement. Deux idées parmi d'autres qui m'auront marqué : la phase impériale comme phase de déclin, et le refus du déterminisme en mettant l'accent sur la créativité des hommes (laissant donc une place au libre arbitre).

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 MessagePosté: 31 Mar 2018 11:14      Sujet du message: Re: Lecture
 
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"Le lacet qui étrangle, le couteau qui égorge, le masque qui cache, la plume qui ment :
— voilà sa contribution au Musée de l’histoire."
~ César Borgia et le Duc d'Urbino de R. de la Sizeranne

"L'impiété c'était ce beau jeune homme qui, au matin de sa dernière nuit,
regarde la sanglante aurore et, dans un éclair,
découvre tout l'horizon de l'histoire et des légendes
pour revenir ensuite appuyer sa tête sur le sein d'une fille belle comme son plus beau songe,
et qui l'aime trop tard."
~ Le Disciple de P. Bourget

"On va maintenant nous objecter que ce n'est donc pas là le Moïse de la Bible,
lequel entra réellement en colère, lança les Tables et les brisa, mais un tout autre Moïse, né de la conception de l'artiste,
qui se serait permis de corriger les textes sacrés et d'altérer le caractère de l'homme divin.
Nous est-il permis d'attribuer à Michel-Ange cette liberté, peu éloignée d'être un sacrilège ?"
~ "Le Moïse de Michel-Ange" par S.Freud


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k875653d
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k663563.r=paul%20bourget%20le%20disciple?rk=21459;2
https://www.psychaanalyse.com/pdf/moise ... l_ange.pdf

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 MessagePosté: 22 Avr 2018 19:12      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors, tu n'y gagnes rien !
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
~ St Ex.


Histoire de voir si je suis encore capable de perplexité pour un rien,
et d'émoi,
quand je ne sonne pas comme une illuminée, je lis à en perdre ma journée.
Et pour finir je me demande : quel peut bien être le point commun entre les Ritualiens
et moi ?

Pourquoi n'y a-t-il pas de fanfictions à Ritualia ?
Il faut bien que les tricheurs compensent par la mauvaise foi pour imposer leurs opinions.
Jusqu'où iront-ils pour travestir la réalité et imposer leurs interprétations ?
Au fait, ne comptez pas trop sur moi pour participer à vos débats.

Et voyez plutôt comment on occupe 1 SP sur le net.
Au juste, rappelez-moi ...
... comment Hérodote a appelé son œuvre déjà ?
Ah oui, l'Enquête.


~*~
30/01/2001 :
"To everyone else, while I’m here, I am very interested in your philosophy, religious outlooks and speculations on technology."

31/01/2001 :
"My goal is not to believed and I submit that your life would not be any better (and perhaps worse) if you did believe me.
You placed “tests” before me that I must pass. Why ? What do I have to gain by passing them ?
(...)
Ethics is an excellent topic of discussion and I hope we can move past a collective insistence of applying everything to this frame of reference."

05/02/2001 :
"I think the war would be good for you and your society. I don’t want to stop it."

08/02/2001 :
"I do not seek followers to mislead. I seek safety, animosity and good conversation."

12/02/2001 :
"You may also consider the possibility that a world with no war is far less desirable in the long run."

15/02/2001 :
"If you absolutely believed I was a time traveler, with no skepticism whatsoever, then we would be unable to communicate.
The focus of our attention would then always be on the machine."

19/02/2001 :
"I was hoping it wouldn’t be so confrontational. I don’t see how words can harm either one of us."

26/02/2001 :
"I have no intention of teasing anyone but I do grow tired of the same cycle over and over again.
Eventually, the people who do not like me or what I have to say (real or not) will win.
I will either leave or grow tired of answering the same questions."

02/03/2001 :
"I have discovered that people who frequent this board and some others have the most open and creative
minds. I realize no one actually believes me but they are still able to look past that and ask some very important and interesting questions."
(...)
As you all know, I think skepticism is good. I enjoy talking to you too. Thanks for the enlightenment."

14/03/2001:
"Now that you have the chance to put your own morals to the test do you feel you’re incapable of living up to your own standards?"

24/03/2001 :
"A while ago (on one of the posts), I related an experience I had with my parents while we were driving down a highway.
Every now and then, we would pass someone who was in obvious distress with their vehicle.
I was amazed that so many people could pass them by without stopping to help. Their explanation was fear.
The risk of helping someone was too great and with today’s technology, they probably had a cell phone anyway.
If they didn’t, the walk to a gas station would be good for them and teach them a lesson for running out of gas.
The other example is the plight of the homeless.
When you pass them as individuals on the street I see the way people selectively choose an alternate path to avoid them."

~ ... John Titor.

Faire les choses qu'on est seul à pouvoir faire ne nous rend pas plus heureux : parce que cela nous isole.
Au contraire, c'est dans les choses que tout le monde fait que l'on se sent bien.
Derrière un faux problème de physique
se cachait une personne qui voulait juste discuter éthique.
Ne m'en voulez pas si je préfère mes lectures, avec mes petites idées à moi et rien qu'à moi, et d'un -
- et de deux à des productions gros budget jetées à la foule par des réalisateurs peu scrupuleux des cas de conscience de "Nos amis les trolls".

~**~
Entre-temps les années avaient passées.
Et le petit prince avait bien changé.
Si buddy foxy a été apprivoisé et pinky lady desséchée,
le grand clodo traînait désormais sa vieille carcasse de grabataire
à travers l'immensité des systèmes interstellaires.

Vite, une idée ! Une idée moderne : apprendre une langue étrangère.
Une dinde pourra bien s'être farcie de 1000 & 1 livres dans 100 langues, si cela lui chante,
elle n'en demeurera pas moins une girouette flottant à tous les vents.

Vite, vite, une idée ! Une idée moderne : se mettre à l'informatique dès le plus jeune âge.
Pour se faire dévier la colonne vertébrale (TMS) ou pour s'abîmer les yeux (fatigue visuelle) ?
Ou peut-être pour s'abrutir devant la même machine que ses parents ?
Dignes représentants du "monde des adultes" qui baise, pénètre et viole le dernier petit être qui peut encore vous en apprendre sur la liberté du cœur.

Vite, vite, encore une idée... Mais nous n'avons plus d'idées !
Ce qui est sûr, c'est qu'à 30 ans passés pour la plupart, aucun n'a l'air de regarder autour de lui.
Forcément : vous êtes trop claqués de votre semaine pour le faire.
Nous ne partageons pas le plaisir du labyrinthe, des relations ambiguës, pour tout ce qu'il y a de tordu et d'alambiqué dans la vie.
Ce qui nous enlève encore un point en commun : la capacité à prendre au sérieux ce qui fait notre quotidien, i.e. les habitudes.

Pouvoir s'exprimer librement devrait être une bénédiction pour tous ceux qui ont vraiment quelque chose à dire.
Si les Ritualiens ne le font pas c'est qu'ils n'ont pas le courage de leurs idées ou qu'ils n'en ont pas.

~***~
"GRi1 kompri. B1 si T si fuT prkoi tu vi1 nous anbeT enbeT alor ? #TKC #LOL"

C'est seulement maintenant que je peux répondre à ma question.
C'est, au fond, une toute petite chose, insignifiante et irrationnelle.
Comme moi.
Mais c'est elle qui anime tous mes textes, du plus court au plus long.
Et c'est encore sur elle que l'humanité fonde tous ses espoirs.
Et pas du tout sur la raison, le progrès ou l'éducation.

Le point commun entre les Ritualiens et moi, c'est la peur de la solitude.


[Lecture : les échanges entre John Titor & des forumers (2001).
Tout y est, de la scifi, du mystère, une intrigue, des personnalités et des caractères qui se dessinent, des indices... Jusqu'au dénouement final. Jinkies !
Et le tout sans se déplacer ni débourser un centime.]

Velma D.
.
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.
~ Tu te souviens quand nous étions si vains ?

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 MessagePosté: 01 Juin 2018 17:42      Sujet du message: Re: Lecture
 
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En ce moment je craque pour les livres de nouvelles.

Je viens de terminer Le K de Dino Buzzati. J'enchaîne avec Un diamant gros comme le Ritz de Fitzgerald. Je binge à tout va, comme disent les jeunes.

Sinon le juif errant de d'Ormesson, j'ai aimé aussi. Player One également, mais tellement plu que le film m'a déçu.
"La Grande Librairie' ça a fait grave ma culture ces derniers mois, je tente du Philip Roth et Edouard Louis après

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Le manga, c'est comme une carte de restaurant, la richesse est infinie. Pourquoi se limiter à un seul plat, donc ?
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 MessagePosté: 02 Juin 2018 12:08      Sujet du message: Re: Lecture
 
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En ce moment je lis, et relis dans certain cas, des livres concernant les jeux video dans l'optique encore un peu lointain d'en faire un sujet d'étude "sérieux".
Donc,
Triclot Mathieu, Philosophie des jeux video. J'en ai lu plusieurs dizaines de pages. C'est vraiment intéressant, loin des poncifs et études bidons qu'on peut lire dans les revues ou journaux grands publics. Si ça vous tente j'en ferai une synthèse, à la lueur aussi du bouquin suivant :
Ter Minassian Hovig, Rufat Samuel, Coavoux Samuel (dir.), Espaces et temps du jeu video. Recueil d'études portant sur des aspects tant philosophique et sociologique que géographique et historique du jeu video. Cette étude vient après celle de Triclot qui, d'ailleurs, ouvre le bal des articles après l'introduction. Là aussi, c'est très intéressant.
Voilà, sinon je me suis aussi acheté le vieux mais non moins classique ouvrage de Roger Caillois, Les hommes et les jeux, à qui on doit une classification des jeux qui a fait date et qui inspire encore les sciences humaines à ce sujet.

Le seul bémol de tous ces écrits, et notamment des deux premiers, c'est que depuis la date de leur rédaction (entre 2010 et 2012), l'univers des jeux video sur smartphone et en VR a explosé et considérablement transformé l'approche que l'on peut faire des jeux et des joueurs, et de leurs rapports avec l'espace du jeu, l'espace dans lequel ils jouent et aussi, les espaces de production des jeux.

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 MessagePosté: 02 Juin 2018 17:12      Sujet du message: Re: Lecture
 
Ritual Admin
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Brutus a écrit:
Un diamant gros comme le Ritz de Fitzgerald.

Après un tel coup de pub de la part de leur bon client Fitzgerald, pas étonnant que le Ritz ait fait une suite à son nom !
Son pote Hemingway était également un habitué, mais partout où il est passé en Europe, il a laissé le souvenir "Hemingway venait boire là". Ce dont je déduis qu'il était un sacré pochtron.

aristide a écrit:
En ce moment je lis, et relis dans certain cas, des livres concernant les jeux video dans l'optique encore un peu lointain d'en faire un sujet d'étude "sérieux".

C'est intéressant quand les universitaires se mettent à plancher sur la pop culture. Seleniel avait ainsi planché sur le monde du manga dans des trucs très officiels. Je ne sais pas si c'est un avantage ou un inconvénient, mais j'ai l'impression que c'est un champ moins contrôlé par les autorités supérieures. Par exemple, si tu dis quelque chose d'erroné sur Proust, tu va avoir Antoine Compagnon du Collège de France venir te prendre par la peau des fesses. Mais si les pairs des "peer reviews" sont à la masse, tu passes entre les gouttes. Ainsi, je me souviens avoir été interrogé dans le cadre d'un travail universitaire sur la BD franco-belge. L'auteur a eu la politesse de m'envoyer le travail fini... pour me rendre compte qu'il me faisait dire à peu près l'inverse que ce que je lui avais dit. Je lui fait remarquer, il convient de son erreur, mais le travail avait déjà été présenté officiellement, donc il ne pouvait plus rien y faire...

Sinon, je viens de terminer Histoire de la vie économique ancienne, médiévale et moderne, excellent livre qui répond enfin à mes désirs, vu que cela faisait très longtemps que je cherchais un livre sur l'histoire économique hors période contemporaine. Maintenant je vais retourner sur la Comédie humaine, quelques morceaux chaque année, je n'en voit pas le bout.

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 MessagePosté: 02 Juin 2018 17:58      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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aristide a écrit:
En ce moment je lis, et relis dans certain cas, des livres concernant les jeux video dans l'optique encore un peu lointain d'en faire un sujet d'étude "sérieux".

saverne a écrit:
C'est intéressant quand les universitaires se mettent à plancher sur la pop culture. Seleniel avait ainsi planché sur le monde du manga dans des trucs très officiels. Je ne sais pas si c'est un avantage ou un inconvénient, mais j'ai l'impression que c'est un champ moins contrôlé par les autorités supérieures. Par exemple, si tu dis quelque chose d'erroné sur Proust, tu va avoir Antoine Compagnon du Collège de France venir te prendre par la peau des fesses. Mais si les pairs des "peer reviews" sont à la masse, tu passes entre les gouttes. Ainsi, je me souviens avoir été interrogé dans le cadre d'un travail universitaire sur la BD franco-belge. L'auteur a eu la politesse de m'envoyer le travail fini... pour me rendre compte qu'il me faisait dire à peu près l'inverse que ce que je lui avais dit. Je lui fait remarquer, il convient de son erreur, mais le travail avait déjà été présenté officiellement, donc il ne pouvait plus rien y faire...


Justement, ce qui est intéressant, c'est que les auteurs sont des joueurs, et posent chacun à leur manière la posture du chercheur qui travaille sur le jeu vidéo. Quelle posture ? A quels moments le chercheur doit-il céder sa place au joueur, et inversement ? Quelle est la méthode, dans les deux cas, pour mener une recherche objective et fiable ? C'est bien fichu.
Et, en fait, les Game studies et les Play studies ont le vent en poupe. C'est de plus en plus difficile de raconter des conneries dans ces domaines.

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 MessagePosté: 02 Juin 2018 21:06      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel

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aristide a écrit:
En ce moment je lis, et relis dans certain cas, des livres concernant les jeux video dans l'optique encore un peu lointain d'en faire un sujet d'étude "sérieux".
Donc,
Triclot Mathieu, Philosophie des jeux video. J'en ai lu plusieurs dizaines de pages. C'est vraiment intéressant, loin des poncifs et études bidons qu'on peut lire dans les revues ou journaux grands publics. Si ça vous tente j'en ferai une synthèse, à la lueur aussi du bouquin suivant :
Ter Minassian Hovig, Rufat Samuel, Coavoux Samuel (dir.), Espaces et temps du jeu video. Recueil d'études portant sur des aspects tant philosophique et sociologique que géographique et historique du jeu video. Cette étude vient après celle de Triclot qui, d'ailleurs, ouvre le bal des articles après l'introduction. Là aussi, c'est très intéressant.
Voilà, sinon je me suis aussi acheté le vieux mais non moins classique ouvrage de Roger Caillois, Les hommes et les jeux, à qui on doit une classification des jeux qui a fait date et qui inspire encore les sciences humaines à ce sujet.

Le seul bémol de tous ces écrits, et notamment des deux premiers, c'est que depuis la date de leur rédaction (entre 2010 et 2012), l'univers des jeux video sur smartphone et en VR a explosé et considérablement transformé l'approche que l'on peut faire des jeux et des joueurs, et de leurs rapports avec l'espace du jeu, l'espace dans lequel ils jouent et aussi, les espaces de production des jeux.


Je serais pas contre une synthèse.

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 MessagePosté: 03 Juin 2018 08:23      Sujet du message: Re: Lecture
 
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aristide a écrit:
Et, en fait, les Game studies et les Play studies ont le vent en poupe. C'est de plus en plus difficile de raconter des conneries dans ces domaines.


Bah, y a un réel problème quand même quand les sources d'inspiration de ces études sont des gens comme Julien Chièze ou autre Puyo et Marcus, d'une certaine façon. Les gens comme Alexis Blanchet ne sont pas hyper nombreux.
D'autre part, l'étude du JV, de ce que j'en ai vu il y a peu, est surtout orientée "Histoire du JV" ou "Sociologie du JV". Il y a peu de monographies.

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 MessagePosté: 03 Juin 2018 09:25      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Celimbrimbor a écrit:
aristide a écrit:
Et, en fait, les Game studies et les Play studies ont le vent en poupe. C'est de plus en plus difficile de raconter des conneries dans ces domaines.


Bah, y a un réel problème quand même quand les sources d'inspiration de ces études sont des gens comme Julien Chièze ou autre Puyo et Marcus, d'une certaine façon. Les gens comme Alexis Blanchet ne sont pas hyper nombreux.
D'autre part, l'étude du JV, de ce que j'en ai vu il y a peu, est surtout orientée "Histoire du JV" ou "Sociologie du JV". Il y a peu de monographies.

En France, ouais. Mais à l'étranger ?
Dans les bouquins que je lis, t'as quand même pas mal de références à des études anglosaxonnes (logique) mais aussi coréennes par exemple.

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 MessagePosté: 09 Juin 2018 16:39      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Puisque vous parlez de ça, j'ai vu une pub hier pendant les épisodes de Boruto sur GameOne

Ca vous dit ?

http://mana-books.com/news/mana-books-p ... des-pixels

Citation:
Les éditions Mana Books sont heureuses de vous annoncer l'arrivée dans leur catalogue du livre Du sang, des larmes et des pixels !



Ces dernières années ont vu paraître leur lot de jeux vidéo culte : The Witcher III, Diablo III ou encore Uncharted 4…
Qu'ils soient créés par de grandes équipes ou pas des créateurs isolés, ils ont marqué des millions de fans à travers le monde. Mais quez savez-vous de leur création ?

Du sang, des larmes et des pixels vous invite dans les coulisses des grands noms du jeu vidéo, car malgré leur réussite critique et publique, ils ont bien failli ne jamais voir le jour. Des problèmes techniques aux divergences créatives, découvrez leur histoire grâce à de nombreux témoignages, réunis dans ce livre document unique et fascinant.

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 MessagePosté: 10 Juin 2018 10:30      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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J'ai vu la pub aussi sur Game One :)


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 MessagePosté: 11 Juil 2018 17:09      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel

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Brutus a écrit:
Puisque vous parlez de ça, j'ai vu une pub hier pendant les épisodes de Boruto sur GameOne

Ca vous dit ?

http://mana-books.com/news/mana-books-p ... des-pixels

Citation:
Les éditions Mana Books sont heureuses de vous annoncer l'arrivée dans leur catalogue du livre Du sang, des larmes et des pixels !



Ces dernières années ont vu paraître leur lot de jeux vidéo culte : The Witcher III, Diablo III ou encore Uncharted 4…
Qu'ils soient créés par de grandes équipes ou pas des créateurs isolés, ils ont marqué des millions de fans à travers le monde. Mais quez savez-vous de leur création ?

Du sang, des larmes et des pixels vous invite dans les coulisses des grands noms du jeu vidéo, car malgré leur réussite critique et publique, ils ont bien failli ne jamais voir le jour. Des problèmes techniques aux divergences créatives, découvrez leur histoire grâce à de nombreux témoignages, réunis dans ce livre document unique et fascinant.


J'ai reçu le livre il y a 2 jours, j'en suis pas très loin de la moitié et c'est très intéressant par contre il y a des petites fautes de frappe et surtout un "Naughty Dog" qui a été transformé en "Naughty Game" à un moment, c'est un peu chiant.
A part ça c'est assez top, au début je pensais lire les chapitres concernant les jeux que j'ai pu tester mais en fait même pour des jeux que je connaissais pas c'est très intéressant. Et il y a une approche différente à chaque chapitre :

- Pillars of Eternity s'intéresse à la création du début à la fin via un financement participatif
- Uncharted 4 traite du moment où un jeu déjà bien avancé est repris à 0 + des luttes internes dans le studio (mais très vaguement à ce niveau là malheureusement)
- Stardew Valley c'est la création d'un jeu par un mec tout seul chez lui et sortant tout juste de la fac, c'était PASSIONNANT
- Diablo 3 sur les correctifs quand la sortie d'un jeu est un relatif fiasco à cause de difficultés techniques
- Halo Wars lui été un peu déprimant vu qu'il parle des créateurs d'Age of Empire se faisant quelque peu bolosser par Microsoft et se retrouvant "obligés" de faire un str basé sur Halo pour au final se faire virer juste avant la sortie du jeu...

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 MessagePosté: 24 Juil 2018 20:29      Sujet du message: Re: Lecture
 
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The Hero with a Thousand Faces (ou Le héros aux 1001 visages) par Joseph Campbell
Je crois que ce livre a déjà été lu par plusieurs membres, j'en avais entendu parler pour la première fois il y a très très longtemps, car il avait inspiré George Lucas sur Star Wars. C'est un livre fondamental, qui explique non seulement les similitudes entre les mythes du monde entier, mais aussi la raison de ces similitudes : les mythes font écho à des expériences et sentiments universels à tous les hommes.
Ce faisant, il éclaire d'une nouvelle manière l'importance des mythes, et donc des religions dans la culture humaine.

Par se recherche d'universalité, le livre va chercher très loin, au plus profond de l'âme. Presque métaphysique, il participe à la recherche du sens de la vie. Très rapidement, il cite d'ailleurs Toynbee. Mais Toynbee cherchait le sens de l'Histoire, celle des événements passés, Campbell cherche le sens des histoires, celles qu'on se raconte.

Les meilleures histoires sont celles dans lesquelles on se retrouve, qui ont quelque chose d'universel. Pas étonnant dès lors qu'Hollywood ait désormais parfaitement assimilé les concepts développés, non seulement dans Star Wars, mais aussi dans d'innombrables films de façon plus ou moins visible. Le plus étant probablement Matrix.

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 MessagePosté: 25 Juil 2018 08:09      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Et bien merci, tu viens de m'offrir sur un plateau mon prochain live

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 MessagePosté: 26 Juil 2018 20:47      Sujet du message: Re: Lecture
 
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J'ai décidé de m'attaquer à Grande Jonction de Dantec. J'ai aussi ressorti la Comédie de Dante, que j'ai dans ma bibliothèque depuis des lustres. De lire les premières pages, ça m'a donné envie de relire Angel Sanctuary de Kaori Yuki.

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 MessagePosté: 27 Juil 2018 16:34      Sujet du message: Re: Lecture
 
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saverne a écrit:
Quel est le sens de l'Histoire ? Voilà une question qui m'intéresse depuis longtemps, et en le cherchant, j'ai lu pas mal de bouquins d'histoire à travers les époques et les endroits. Comment on est arrivé là ? Comment les événements s'enchaînent ? Y a-t-il un flot particulier derrière tout cela ?
(...)Deux idées parmi d'autres qui m'auront marqué : la phase impériale comme phase de déclin, et le refus du déterminisme en mettant l'accent sur la créativité des hommes (laissant donc une place au libre arbitre).

"La doctrine souvent remise en avant d'un développement successif de l'Histoire dans le sens d'une perfection toujours croissante,
ou plus généralement la théorie d'un devenir par le moyen d'un processus du monde, contredit une vérité qui se révèle à nous a priori,
à savoir qu'à une date donnée quelconque une infinité de temps s'est déjà écoulée et que, par conséquent,
tout ce qui devait venir avec le temps devrait déjà être arrivé."
~ Sur le besoin métaphysique de l'Homme, Sch.

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 MessagePosté: 27 Juil 2018 20:47      Sujet du message: Re: Lecture
 
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saverne a écrit:
The Hero with a Thousand Faces (ou Le héros aux 1001 visages) par Joseph Campbell
Je crois que ce livre a déjà été lu par plusieurs membres, j'en avais entendu parler pour la première fois il y a très très longtemps, car il avait inspiré George Lucas sur Star Wars. C'est un livre fondamental, qui explique non seulement les similitudes entre les mythes du monde entier, mais aussi la raison de ces similitudes : les mythes font écho à des expériences et sentiments universels à tous les hommes.
Ce faisant, il éclaire d'une nouvelle manière l'importance des mythes, et donc des religions dans la culture humaine.

Par se recherche d'universalité, le livre va chercher très loin, au plus profond de l'âme. Presque métaphysique, il participe à la recherche du sens de la vie. Très rapidement, il cite d'ailleurs Toynbee. Mais Toynbee cherchait le sens de l'Histoire, celle des événements passés, Campbell cherche le sens des histoires, celles qu'on se raconte.

Les meilleures histoires sont celles dans lesquelles on se retrouve, qui ont quelque chose d'universel. Pas étonnant dès lors qu'Hollywood ait désormais parfaitement assimilé les concepts développés, non seulement dans Star Wars, mais aussi dans d'innombrables films de façon plus ou moins visible. Le plus étant probablement Matrix.


4h de trajet aujourd'hui, j'ai lu plus de 100 pages d'un coup, trop d'informations d'un coup. 600 pages+ avec 100 pages+ de notes à la fin. La culture sur un plateau. Je kiffe le découpage.

J'ai retenu que c'est Enée le père fondateur de Rome :mrgreen: La notion de micro aventure et macro aventure, celle avec la finalité de marquer son peuple et celle qui se répercute sur le monde.

Saverne, tu connais le manga Dossier A ? Tu aimerais sans doute parce que tu baignes dans le même bouillon de culture, on peut te parler d'Hercule, d'Ulysse, des Mille et une nuit, du roi Arthur, comme ici, en mettant tout ça en parallèle

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Le manga, c'est comme une carte de restaurant, la richesse est infinie. Pourquoi se limiter à un seul plat, donc ?
Viens découvrir, tout un tas de nouvelles séries en rubrique SPOILERS !!


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 MessagePosté: 28 Juil 2018 20:18      Sujet du message: Re: Lecture
 
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saverne a écrit:
Quel est le sens de l'Histoire ? Voilà une question qui m'intéresse depuis longtemps, et en le cherchant, j'ai lu pas mal de bouquins d'histoire à travers les époques et les endroits. Comment on est arrivé là ? Comment les événements s'enchaînent ? Y a-t-il un flot particulier derrière tout cela ?
(...)Deux idées parmi d'autres qui m'auront marqué : la phase impériale comme phase de déclin, et le refus du déterminisme en mettant l'accent sur la créativité des hommes (laissant donc une place au libre arbitre).


1. L'histoire suit le cours des évènements, elle est pragmatique.
Sa matière n'est jamais que le phénomène, considéré dans ses lois et dans les rapports qui en résultent.
C'est ainsi que s'écrivent sans cesse la grande et la petite histoire du monde,
lutte incessante où il est indifférent de savoir si ce sont des noix ou des couronnes qui mettent en mouvement tant de combattants.
Car sous les multiples aspects de la vie humaine, seule l'idée est essentielle :
c'est elle qui se cache sous les masques des passions, des erreurs, des vertus du genre humain ;
dans l'égoïsme, la haine, l'amour, la crainte, l'audace, la témérité, la stupidité, la ruse, l'esprit, le génie ...
Toutes choses qui se rencontrent toujours et partout dans 1000 & 1 types différents.

2. Les évènements du monde n'ont de signification qu'en tant que signes révélateurs de l'idée de l'Homme,
ils n'en ont aucune par eux-mêmes.
On n'attribuera au temps, comme à un tout, ni commencement ni fin, ni plan ni développement
L'histoire n'apporte ni nouveauté, ni signification réelles (notez mon nihilisme dans l'excès de 'ni').
On ne lui assignera pas non plus pour but final le plus haut perfectionnement du genre humain.

3. La science historique se retrouvera, à chaque découverte, renvoyée toujours plus loin,
il n'existe pour elle ni terme ni aucune satisfaction de quelque sorte que ce soit.
Peut-on cependant concevoir une connaissance spéciale, qui s'applique indépendamment de toute relation,
à ce qui constitue l'essence du monde, à ce qui est affranchi de tout changement ?
Ce mode de connaissance, c'est l'art, c'est l'œuvre du génie.

JeanW. a écrit:
Ce que je ne pardonne pas à la société c'est de se poser comme fin, comme aboutissement, et d'imposer ses valeurs comme valeurs ultimes.
De toute façon, elle est indéterminée, provisoire, peut-être n'a-t-elle jamais existé ?
Un pont, un trajet, un passage... Comment la société pourrait-elle créer ce qui la dépasse ?
(...)
L'artiste étant sa propre matière, cette nouvelle forme d'art pour laquelle personne n'a encore donné de nom,
éclipsera toutes les questions de sciences et de morales qui font rage actuellement.


4. Par exemple, un petit peuple de rien du tout, isolé, bizarre, gouverné sacerdotalement et méprisé par toutes les nations d'Orient et d'Occident est un sujet aride pour l'histoire.
Il est nécessaire de faire la distinction entre la partie historique du peuple Juif et la morale du christianisme :
sous la forme de personnages imbus de cet esprit, les grands peintres italiens du 15-16° ont réalisé les plus admirables créations artistiques du genre.
L'idée ne se communique pas : une fois conçue et exprimée dans un chef d'œuvre, elle ne se révèle à chacun que proportionnellement à la valeur de son intelligence.
L'excellence restera à jamais lettre close pour la stupide majorité des mortels.
Pour apprécier la valeur d'autrui, il est nécessaire d'en avoir soi-même, d'où vient que je juge avec aisance les Ritualiens et ne le suis jamais en retour.

JeanW. a écrit:
L'artiste ne se mesure pas d'après les beaux sentiments qu'il éveille, il n'y a que les idéalistes dégénérés pour croire cela :
l'art, comme la passion, méprise de plaire (n'est pas beau), oublie de persuader (n'est pas vrai), n'éduque pas (n'est pas bon).
L'art est sacrilège.

Qu'est-ce que la modestie ?
Au sein de ce monde infecté de la plus détestable envie, une humilité feinte par laquelle on demande pardon pour ses avantages et mérites à des gens qui en sont dépourvus.

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Homeless at home
We deem we dream
And that dissolves the days
Through wich existence strays


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