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 MessagePosté: 13 Aoû 2015 19:06      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Ah, merci pour ces précisions. Je l'ai lu par curiosité. Comme toujours.

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 MessagePosté: 13 Aoû 2015 20:23      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Tu t'interesses au trans humanisme et au post humanisme Third ?

Sinon, entre mes lectures de concours j'ai entamé le gros pavé de Lucien Rebatet, Les Deux Étendards. Pfouah c'est génial ! J'adore !

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 MessagePosté: 14 Aoû 2015 00:32      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Cela part d'un intérêt général pour le transhumanisme oui.
Quant au concept d'IA, ça m'a toujours intrigué. De même que la neuroscience.

Sinon je reprends aussi un peu de mon retard sur Foucault avec "Il faut défendre la société".

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"We're not multiple personalities. We're many personalities.
One of my personalities happens to be a multiple personality, but that doesn't make me a multiple personality. I'm looking for a little nuance here. It spokes to the schyzophrene in me. Well, both of them actually."


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 MessagePosté: 17 Aoû 2015 18:48      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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quelqu'un aurait lu Les structures anthropologiques de l'imaginaire par hasard ?

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 MessagePosté: 17 Aoû 2015 18:52      Sujet du message: Re: Lecture
 
Seraphin
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Après "les japonais" et "l'histoire du manga" par karyn poupée, la je lis l'Encyclopédie des yokai sortit chez kana et "vivre le Japon" par Jean Paul porret.

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 MessagePosté: 17 Aoû 2015 18:57      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Rukawa a écrit:
quelqu'un aurait lu Les structures anthropologiques de l'imaginaire par hasard ?


Non mais je suis un fervent lecteur de Bachelard donc j'y jetterai un œil un de ces 4 !

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 MessagePosté: 17 Aoû 2015 21:34      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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je n'ai jamais lu Bachelard, mais le bouquin de Durand était cité comme source d'un article sur les structures scenaristiques que je lisais.
et en lisant le résumé sur amazon, me suis dit que c'était intéressant.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 16:01      Sujet du message: Re: Lecture
 
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C'était bien Bachelard.
Je le conseillais à mes étudiants avant.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 16:21      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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J'avais été introduit à son travail par "l'eau et les rêves" et je crois que c"est toujours mon favori parmi ses écrits.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 17:31      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Faudrait que je vois si j'en trouve pas d'occaz. Le seul que j'ai c'est la Poétique de l'espace. Et c'est marrant qu'on en parle, puisqu'y a quelques jours on en parlait avec Celim et je lui disais la même chose. Et que ça faisait longtemps que je n'l'avais pas lu mais que j'en gardais un bon souvenir. J'aime bien la phénoménologie.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 17:37      Sujet du message: Re: Lecture
 
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On en parlait justement parce que je viens de finir La psychanalyse du feu et que ce fut une lecture intéressante. Y a une bonté hallucinante qui se dégage de la façon d'écrire de Bachelard. Il écrit comme Gandalf ou Dumbledore écriraient s'ils écrivaient ou s'ils avaient pu écrire. C'est-à-dire avec cette jubilation invincible du savoir qui sait qu'il apprend et apprend aux autres et adore cela. Bref. Un vrai plaisir à lire, malgré toutes les réserves que je pourrais émettre sur le fond, notamment cette obsession du sexe sexe sexe si chère à cette imposture qu'est la psychanalyse. Un ouvrage vraiment stimulant en tout cas.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 20:49      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Fais gaffe celim, tu vas finir scientologue.

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 MessagePosté: 18 Aoû 2015 20:53      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Woooot ?

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 07:39      Sujet du message: Re: Lecture
 
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C'est pas avec son salaire de prof qu'il pourra accéder au niveau OT8.

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 12:59      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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il peut toujours monter sa propre secte.

pour La phénoménologie de l'esprit, j'ose pas, je crois que j'ai pas le niveau.

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 13:20      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Allez, ose.
Tu verras, c'est facile la phénoménologie. Franchement, t'es pas plus bête qu'un étudiant de L3 en sciences humaines.

Tiens, sinon, pour les curieux, je vous conseille L'homme et la terre d'Eric Dardel. C'est LE livre de géographie que je relis une fois tous les deux ans pour me rappeler pourquoi j'aime (et dois aimer) la géographie. Très proche de Bachelard d'ailleurs.

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 13:32      Sujet du message: Re: Lecture
 
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j'ai jamais été un grand amateur de géographie, j'ai toujours préféré l'Histoire notamment antique.
le dernier livre que j'ai lu c'est Hannibal, l'homme qui fit trembler Rome de Luc Mary. sympathique, mais plus amusant en d'anecdotes que réellement informatif.
çà m'a tellement frustré que maintenant je me tape Cannae du comte Alfred Von Schlieffen, un mémoire sur la stratégie militaire.

mais, j'ai été un bête étudiant de L3 en sciences humaines et sociales :(

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 13:37      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Ouais mais tu ne l'es plus. Je l'ai été aussi. Etudiant de L3. Et bête aussi.
Pour Dardel, ça vaut vraiment le coup. D'ailleurs, Third_eye, tu te dois de le lire ce livre. C'est pile dans tes cordes.

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 MessagePosté: 19 Aoû 2015 13:50      Sujet du message: Re: Lecture
 
Koala apaisé
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Merci pour l'info, je ne le connaissais pas.
Je l'ajoute à la (longue) liste des trucs à lire :mrgreen:

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 MessagePosté: 15 Fév 2016 11:38      Sujet du message: Re: Lecture
 
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aristide a écrit:
Cela faisait un moment que je n'avais pas retenté l'aventure "roman"... et c'est pas le biais de la SF que je m'y remets. J'ai relu un peu le topic afin de connaître les valeurs sures conseillées par nos plus fins lecteurs de SF, et j'ai fini par acheter les deux tomes de Hypérion de D. Simmons. Je n'ai pas encore commencé... Mais vu comme vous en parliez, j'en espère beaucoup. Je vous en ferai mon débrief.


Un an et demi plus tard, j'ai enfin pris le temps de commencer. Après avoir lu, il y a deux semaines, 2001: L'Odyssée de l'espace d'Arthur C Clarkes (que je n'ai toujours pas vu en film !), j'ai eu envie de poursuivre mes lectures SF abandonnées il y a un moment.
Du coup, hier, dans le train pour me rendre dans ma famille dans les Alpes, j'ai bien savouré la lecture d'Hypérion 1. Bon, je n'ai pas eu le temps de finir, mais cela ne sera qu'une question d'heures (en fonction des moments de détente des jours à venir). J'ai lu la première partie du premier tome (grosso modo 140 pages), et j'adore. Le récit des carnets par le prêtre catholique là, façon notes d'ethnologue, est vraiment savoureux. Leur pèlerinage promet d'être intense.

Je suis preneur d'autres références SF de grande qualité !

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 MessagePosté: 22 Fév 2016 08:33      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Tome 1 terminé.
J'ai entamé le tome 2, hier soir. Je me suis englouti la partie concernant le lettré juif, le "juif errant". Vraiment excellente. Je n'aurais jamais pensé lire une histoire aussi captivante et touchante.
Captivante, et très fine, est le questionnement du père sur le sacrifice d'Abraham en lien constant avec l'analyse que fait Kierkegaard dans son petit ouvrage Crainte et tremblement sur le même sujet : est-ce que, lorsque Abraham va sacrifier son fils, il est un meurtrier ou pas ? D'un point de vue éthique, est-ce que son geste est excusable ou pas ? Et au niveau de la foi ?
Touchante est l'histoire des parents de Rachel qui doivent gérer le "virus" qui rajeunit leur fille. Ca m'a rappelé le livre Le temps n'est rien de Audrey Niffenegger. Très émouvant.
Du coup, à chaque fois, ces petites histoires concernant les personnages dévoilent des personnalités toutes plus profondes les unes que les autres. Hâte de voir comment tout cela va se mêler.

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 MessagePosté: 25 Fév 2016 23:39      Sujet du message: Re: Lecture
 
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The Once and Future King de T. H. White.

Il s'agit de la série de cinq romans dont le premier, The Sword in the Stone, a inspiré le dessin animé Merlin l'Enchanteur de Disney.
On y retrouve les chevaliers de la table ronde et Arthur et tout ce beau petit monde qui essaie de faire tourner le monde. Une belle réflexion sur l'utilisation de la force et comment la contenir. Quelques passages un peu en dessous, mais sinon, très agréable à lire.
Cependant, il s'agit d'une histoire terriblement triste, celle d'un homme a qui fut confié une tâche impossible et qui la réalise jusqu'à la fin, aussi amère qu'elle est.

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 MessagePosté: 02 Mar 2016 21:42      Sujet du message: Re: Lecture
 
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http://www.arte.tv/guide/fr/051147-000- ... lip-k-dick

Pour ceux que ça intéresse !

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 MessagePosté: 02 Mai 2016 17:28      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Je viens enfin de finir trois livres qu'on m'avait offert à Noël et quel plaisir de relire un peu. Les objets du délit, tous de Jane Austen :
Pride and Prejudice, dont je ne me souviens absolument plu du tout mais que je suis certain d'avoir lu attendu qu'il est désormais rangé dans ma bibliothèque. Il semblerait que ce most loved book de la littérature moderne m'ait fait fort peu d'effet.
À l'inverse, Northanger Abbey est une véritable pépite, un bijou ciselé d'humour mordant et de piques lancées à l'encontre de la littérature gothique de l'époque et à la littérature de manière contemporaine. L'auteur réussit brillamment, à mon sens, à critiquer à la fois la parade sociale obligatoire pour les jeunes gens bien nés, qu'elle renvoie à sa vanité et sa vacuité, et l'héritage gothique à partir duquel elle écrit. Sans surprise, elle considère ce dernier de façon bien plus affectueuse que la première et cela se ressent dans un humour mordant, efficace et très doux. Une lecture saine et vivifiante. Après tout, un bouquin qui commence par "[She] wasn't born to be a heroine" ne peut-être que pertinent.
De même, comment décrire les splendeurs délicates de Mansfield Park ? Peut-être simplement en notant l'habileté avec laquelle Austen exclut littéralement son personnage principal de la résolution du roman. Non seulement Fanny n'avait été jusque là qu'une spectatrice impuissante et malmenée du monde, mais on lui prive même le plaisir d'assister à l'événement le plus intéressant de la pièce : la catastrophe. Parlons aussi de Mrs. Norris, qu'on adore détester, tellement l'auteur outre le trait pour le plaisir. La caricature de la duègne, de la tante bavarde, omniprésente et inutile, est parfaite. Et puis, qu'est-il arrivé à Sir Thomas pour qu'il change ainsi en un voyage à Antigua ? Le roman ne le dit pas. Dommage.

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 MessagePosté: 15 Juil 2016 22:23      Sujet du message: Re: Lecture
 
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De l'Internet comme chaothèque, J. L. Borgès, trad. Albert Ashgrove.

Un hasard, cette lecture, morbide, au départ : un héritage d'un vieux grand oncle qui vivait en Argentine, fou de réalisme magique et de paralittérature. À sa récente mort, j'ai reçu une malle bourrée de vieux papiers et de diverses breloques dont je n'ai fait le tri qu'il y a peu, le temps de digérer le deuil, de me remettre. Albert était certes un oncle éloigné et vieux (il s'éteignit, m'a-t-on rapporté, dans son sommeil, de jour, à l'ombre d'un grand cèdre missionnaire, à l'âge vénérable de quatre-vingt seize ans, sans finir son verre) mais il n'avait pas perdu contact avec la réalité. Après l’enterrement de sa sœur, Judith, ma grand-mère, où nous nous étions croisé, nous avions repris contact. Très rapidement, nous nous sommes entendus, par le hasard et les coïncidences.

Vieil ouvrier des postes, ancien bourlingueur de la marine marchande, il parlait couramment l'anglais, l'espagnol, sa version argentine un peu dégénérée et le français. Mes études me poussaient à approfondir ma connaissance des langues (notamment de l'anglais, on ne se refait pas) et j'ai pu échanger brillamment avec lui sur des problèmes de linguistique, dont il ignorait tout, mais que son bon sens et sa maîtrise de plusieurs langues lui faisaient approcher d'une façon dont j'aurais été bien incapable.

Un exemple, pour être clair : il réussit à me faire comprendre aisément la distanciation et la proximité temporelles permises par le present perfect bien mieux que mon vieux Lapaire et Rotgé. Voilà, en somme, ce qui nous a d'abord rapproché. Et une passion commune pour les mauvais alcools. Enfin, ceci ne nous concerne que peu.

Nous avons donc pris contact, discuté, souvent, longuement, dans des échanges de méls qui mêlaient politiques, littératures, linguistique et philosophie, dans un joyeux charabia sans doute incompréhensible pour quiconque aurait essayé de les lire à l’époque. Et même pour moi aujourd'hui, à seulement cinq, six ans de distance.

Il avait une vision de la littérature plutôt amusante dans le sens où, comme G. Genette (dont il était un grand admirateur de ses deux, trois pages sur Honoré d'Urfé et détestait tout le reste au titre que c'était « du verbiage inconsistant d'un cerveau incontinent en roue libre ») il postulait une seule littérature unie, mais dans le même temps ne supportait pas les discours des critiques qui cherchaient à unifier la paralittérature avec la Littérature avec un grand L. Il écrivait souvent que : « Bordel, c'est pas compliqué pourtant ! Faut vraiment être con pour voir qu'un bouquin de Wells ou de Verne, ou de ce fou génial de Simmons, vaut pas un foutu kopeck face à du Dostoïevski, du Shakespeare ou Joyce ! Ouais, je sais, tu vas me dire de comparer ce qui est comparable, on est d'accord. Alors pourquoi est-ce que ces cons de critiques n'en sont pas foutus, hein ? » Du truculent, en somme.

Et donc, en bon passionné de littérature, il aimait à farfouiller un peu partout, dans les brocantes et les vieilles bibliothèques, les archives, les ventes aux enchères un peu interlopes, tout ça. Sans jamais rien me dire de ce qu'il y trouvait. Du reste, je m’en foutais. Et puis, un jour, il est mort.

J'appris avec surprise son décès (comme quoi, avoir la verve et le verre lestes ne préservait ultimement pas) et avec stupeur qu'il m'avait désigné comme légataire d'une partie de ses possessions, aux plus grands cris de ses quelques descendants, vite étouffés quand ils surent que ledit legs ne comportait qu'une malle. Le reste était pour eux. Ils me demandèrent de m'acquitter des frais de transports et ainsi reçus-je finalement la malle et perdis tout contact avec eux, ce qui n’est pas un mal.

Il s'agissait d'une malle en bois rectangulaire, sombre, aux armatures en métal noir, entrecroisées sur le dessus et les côtés. Sur la face avant, le couvercle tenait avec le coffre grâce à un petit loquet simple et peu ouvragé. Le bois avait vécu, les armatures aussi, la malle pesait le poids d'un âne mort et je crus un instant qu'elle fût remplie de cailloux. Je ne l'ouvris pas tout de suite, cependant, je l'ai écrit plus haut. Après l'avoir réceptionnée, j'ai été me saouler largement à la vodka bas de gamme dans des bars peu scrupuleux de Bordeaux. La semaine qui suit est un peu floue.

Et puis il fallut ouvrir.

Ils ne m'avaient pas envoyé la clef du cadenas sur le loquet, ces abrutis. Fallait-il être con, j’en aurais hurlé de rage si ma copine d’alors n’avait pas été dans la pièce. À la place, je me retins d’aboyer, défonçais le cadenas au marteau, peu attentif à la malle, supposant que, de toute façon, son contenu pourrirait ad vitam dans un coin de mon garage. Au début, je ne me trompais pas.
Le dessus de la malle était principalement occupé par des chiens en bois immondes, des pelotes de laine, des albums photos et des photos en vrac, des crucifix de toutes tailles et des paquets de capotes, ouverts parfois. Je rigolai doucement devant l'humour douteux du vieux et remontai avec moi un des chiens, en acajou, le plus moche, pour le poser sur le manteau de la cheminée. Mon ex' s'est barrée à cause de ça, je crois. Enfin. Ce n'est pas important, cela n'a que peu de rapport avec l'histoire, ne bifurquons pas trop.

Je retournai l'explorer quelques temps après, après une dispute idiote par rapport au chien. Qui ne fut qu'un déclencheur, évidemment. Nous nous battîmes à propos de quelque chose de plus profond mais que je n'arrive plus à identifier à présent. Je crois qu'elle me reprochait de boire trop, je ne me souviens plus. Je m'enfermai dans le garage, donc, pour finir de vider la malle. Sous la couche de colifichets immondes se trouvaient des dossiers, des chemises de couleurs variées, chacune portant un nom, ou une indication sur son contenu : « Formalisme russe », « École de Constance », « Dos. », « The Bard », « Macbeth », etc. L'une d'entre elle attira mon attention : « Borgès, trads. »

Vous n'êtes pas sans ignorer que Jorge Luis Borgès est un écrivain Argentin de très haute tenue, connu pour ses contes et histoires courtes, à la lisière du réalisme et du fantastique, qui contribuèrent à créer cette catégorie imbécile du réalisme magique. J'en avais lu peu mais j'aimais bien. Je pris la chemise, une bouteille de whisky et montai dans mon bureau m'enfermer lire tranquillement.

La pochette s'ouvrait, évidemment. Elle était remplie d'une centaine de feuilles imprimées recto-verso, typographiées, à la machine à écrire, si j'en croyais les ratures un peu partout. Certaines pages étaient même tâchées, d'alcool je crois, mais je ne me souviens plus s'il s'agissait de tâches récentes ou non. Enfin, peu importe, beaucoup trop ont brûlé dans l'incendie.

Le premier feuillet était plus récent que les autres et m'était adressé. Voici ce qu'il disait, reconstitué de mémoire un peu chancelante :

« Arthur,
Ça y est, c’est fait, j'ai calanché. C'est con. Ça arrive. Bois une bouteille ou deux à mon intention, sur le temps long, surtout ? Ça conserve que sur le temps long, ces merdes-là.
Bon.
En vrai, ouais, j'suis crevé. Je me suis dit que tu serais plus à même d'apprécier le contenu de la malle que mes abrutis de petits fils. Ces rapaces n'y auraient rien trouvé d'autre que quelques pesos à aller dépenser aux putes ou aux courses. Enfin, on choisit pas sa famille.
Ah. Y a aussi une bouteille de Cachaça planquée tout au fond.
Amuse-toi bien.
Albert Ashgrove, de par la tombe.
Ps : Merci pour tes conseils de traducteur, le français m'échappe parfois. L’âge, sans doute. »

Interloqué, je descendis chercher et trouver la bouteille avant de remonter. Andréa regardait un truc à la télé, je ne sais plus quoi. Elle me tança, lasse, en me voyant passer avec de l'alcool, mais je claquai la porte du bureau avant qu'elle ne pût y entrer, ce qui nous épargna des mots plus graves.

J'ai effectivement donné quelques conseils à mon oncle sur des tournures de traduction, mais il ne m'avait jamais dit pourquoi. Je poursuivis l'exploration du dossier et c'est ainsi que je tombai sur la nouvelle suscitée : De l'Internet comme chaothèque.

Elle faisait partie d'un recueil, Fictions, que le vieux avait traduit, pour rigoler, parce que la traduction existante ne lui plaisait pas, à ce vieil esthète décadent. Je relus avec plaisir ces histoires de jardin aux sentiers qui bifurquent, de secte du phénix et d’autres encore. Ma surprise à trouver une nouvelle supplémentaire fut si totale que j'en perdis le compte du temps.

En fait, j’ai une bonne mémoire. Je prétends l’inverse, souvent, pour éviter les ennuis. Même, je m’entraîne à oublier. Mais j’ai une bonne mémoire. De sorte qu’en tombant sur cette nouveauté, De l’Internet comme chaothèque, je sus sur l’instant qu’elle dérangeait. Les mots, l’ordre, rien ne m’était familier. Comme ce n’était pas normal et que la bouteille de pinga était encore au trois quart pleine, je vérifiai sur l’Internet, justement, et confirmai. La nouvelle de Borgès De l’Internet comme chaothèque n’existait pas.

Je la lus, lus et relus encore, ne sortant du bureau que pour aller aux toilettes ou chercher de nouvelles bouteilles. Je crois que c'est là qu'Andréa prit la porte définitivement. J'ai le souvenir, alors que je descendais chercher à boire, d'une note sur le frigo, que j’ignorai.

La nouvelle racontait, sur quelques pages seulement, pas plus de dix, la conférence berlinoise d'un chercheur Irlandais qui souhaitait sortir du paradigme contemporain qui considérait l'Internet comme une gigantesque bibliothèque universelle. D'après lui, ce modèle présentait par trop de défauts.

D'abord, une bibliothèque supposait un ordre et, même si Yahoo ou Lycos ou Google ressemblaient à des bibliothécaires, ils n'en étaient pas vraiment. Ensuite, l'auto-génération de contenu à partir du contenu, voire ex nihilo, ne pouvait pas participer de ce modèle, attendu qu'il n'y avait pas de gardien du temple décisif qui tranchait qui entrait et qui n'entrait pas. Pas de Malraux.
Il lui opposait alors le modèle d'une chaothèque gigantesque, où se trouverait tout, sous toutes ses formes passées, présentes et à venir, présentes en même temps, en un seul et même point, accessible et, dans le même temps, totalement inapprochable. Une région fondamentalement paradoxale qui malmenait les notions d'ordre et de désordre. Pour lui, même l'idée de chaothèque était insuffisante, puisqu'elle ne traduisait pas la réalité des ordonnancements personnels qui perlaient ça et là, tout en ignorant l'autogenèse du chaos qui en débordait. Ma mémoire est un peu flou, je l'ai lue en transe, encore et encore. L'idée était géniale, elle établissait d'autre part l'absolue liberté de l'endroit. Le chaos ne pouvait être contrôlé, par quiconque, qu'au prix de devenir soi-même chaos. De la même façon qu'un anarchiste devenait autre dès l'instant de l'exercice politique, en somme. On se retrouvait alors avec un espace universel à proprement parler qui s’étendait à l’infini de la taille des serveurs et qui déployait autant de nœuds de vie que d’étoiles dans le ciel. L’univers m’apparut ainsi, alors, soudain, dans une grande beauté, mêlant le virtuel et le réel en une seule image hallucinante qui m’échappait sans cesser de s’imposer à moi, à deux doigt de comprendre une loi fondamentale du monde. Je crois que je m'endormis à ce moment-là. La cigarette a priori pas assez éteinte.

J'ai eu de la chance de m'en tirer, m'ont dit les pompiers. La même chose avait eu lieu rue Babin quelques jours plus tôt, avec une autre issue.

Je n'ai pas revu Andréa mais je m'en moque. J'ai failli retourner dans le brasier. Cette nouvelle me hante, je n'arrive plus à remettre la main sur ses idées principales, sur son coup de génie, sur cette chaothèque si réelle. Et puis je ne l'ai retrouvée nulle part dans la bibliographie de Borgès. Le vieux, comment avait-il mis la main dessus ?

Mon thérapeute m'a conseillé d'écrire l'histoire, afin de mettre au clair ma pensée. Il considère que j'ai passé le pire stade du sevrage et je n'ai pas bu depuis l'accident.

Évidemment, il y a des zones d'ombre, des problèmes. Mais bon, c'est une fiction, après tout.

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Dernière édition par Celimbrimbor le 04 Aoû 2016 18:34, édité 2 fois.

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 MessagePosté: 15 Juil 2016 23:35      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Joli !
Vraiment.

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 MessagePosté: 16 Juil 2016 19:56      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Alors je suis peut etre un peu con mais je vais demander ca ici plutot que par MP (de toute facon ma reputation n est plus a faire lol). Il est autobiographique ton recit Celim?

Parce que du coup je suis allé chercher et il y a vraiment un mec rue Babin qui est mort dans un incendie récemment. Du coup je suis un peu confus. En tout cas c est bien ecrit et l histoire est interessante, qu elle soit fictive ou reelle. Ca ferait un bon livre d ailleurs.

(Edit) je viens de relire et j ai relu la derniere phrase, ca repond a ma question... Quand je disais que je suis con ahah


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 MessagePosté: 20 Juil 2016 09:42      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Merci à vous deux.

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 MessagePosté: 21 Juil 2016 14:45      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Bonjour, n'avez-vous donc pas peur de la critique ?
Vous savez ce qu'on met dans ses écrits et ce qu'il y a surtout dans ses lectures : soi-même
C'est qu'on ne peut décidément pas faire autrement...

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Dernière édition par JeanW. le 02 Aoû 2016 12:37, édité 1 fois.

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 MessagePosté: 21 Juil 2016 15:35      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Celimbrimbor a écrit:
Mon thérapeute m'a conseillé d'écrire l'histoire, afin de mettre au clair ma pensée. Il considère que j'ai passé le pire stade du sevrage et je n'ai pas bu depuis l'accident.
Évidemment, il y a des zones d'ombre, des problèmes. Mais bon, c'est une fiction, après tout.



Plus que l'histoire de la chaothèque, qui découlera sur un Fahrenheit 451 du futur où les gens devront apprendre les vidéos de Norman par cœur pour vaincre le système. Je te conseille d'écrire une bio, ta douleur est palpable, du coup c'était passionnant de te lire, et je ne suis pas ironique. Non vraiment, j'ai des vieux amis alcooliques qui n'ont rien à dire, ça n'a pas l'air d'être ton cas. J'attends la suite.

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 MessagePosté: 22 Juil 2016 13:50      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Gokuhi a écrit:
Celimbrimbor a écrit:
Mon thérapeute m'a conseillé d'écrire l'histoire, afin de mettre au clair ma pensée. Il considère que j'ai passé le pire stade du sevrage et je n'ai pas bu depuis l'accident.
Évidemment, il y a des zones d'ombre, des problèmes. Mais bon, c'est une fiction, après tout.



Plus que l'histoire de la chaothèque, qui découlera sur un Fahrenheit 451 du futur où les gens devront apprendre les vidéos de Norman par cœur pour vaincre le système. Je te conseille d'écrire une bio, ta douleur est palpable, du coup c'était passionnant de te lire, et je ne suis pas ironique. Non vraiment, j'ai des vieux amis alcooliques qui n'ont rien à dire, ça n'a pas l'air d'être ton cas. J'attends la suite.


Ahah merci j'ai bien ri en lisant ton post.
Je ne savais pas qu'on était aux alcooliques anonymes ici

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 MessagePosté: 23 Juil 2016 01:17      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Complosphère. L'esprit conspirationniste à l'ère des réseaux, de Raphaël Josset.

J'ai découvert Raphaël Josset, sociologue issu de la Sorbonne, fortuitement, pendant mes recherches personnelles sur la cybernétique (j'ai d'ailleurs repris la lecture du classique dans le genre, laissée de côté depuis plus d'un an, Cybernétique et société. L'usage humain des êtres humains, de Norbert Wiener (1950)), le transhumanisme et le posthumain, le monde virtuel et son impact sur la société (sans doute l'effet pokemon go), notamment à travers un article très intéressant de son cru publié en 2011 traitant de la noosphère (terme du jésuite Teilhard de Chardin).
J'ai particulièrement bien aimé l'article. Les références nombreuses à Mc Luhan, Baudrillard, Debord, Anders ou encore Nietzsche m'ont conduit à lui donner le crédit suffisant pour acheter l'ouvrage ci-dessus.

Son étude, d'un peu plus de 150 pages, a plusieurs ambitions. La première, politique ou engagée (c'est selon), est de démonter ce qu'il appelle "l'esprit conspirationniste", notamment celui d'Egalité et Réconciliation de Soral, et de la Dieudosphère, de Dieudonné, que l'on trouve presque partout sur la toile depuis les attentats du 11 septembre (enfin à l'époque c'était plutôt T. Meyssan).
Le seconde, la plus intéressante (et la plus présente dans l'ouvrage), peut se résumer à travers deux problématiques qu'il délivre dans l'introduction (deux parmi tant d'autres) : Qu'est-ce que l'esprit conspirationniste, "cette forme de conscience collective", nous apprend quant à la mutation des sociétés contemporaines ? Que nous révèle cette résurgence d'un "style paranoïaque" sur le mode de l'être-au-monde de l'homme en condition de postmoderne ?
Je ne vais pas résumer chaque partie de l'ouvrage, mais globalement, il y a des analyses particulièrement intéressantes et d'autres que j'ai trouvé un peu hors sujet par rapport aux problématiques, voire parfois plutôt légères.
De façon générale, en bon sociologue, il combine plusieurs sciences humaines pour étayer son propos, parfois avec finesse, parfois à grand coup de pelle : un peu d'histoire, pour remonter aux racines historiques des sectes et autres sociétés secrètes auxquelles se réfèrent les "conspirationnistes", un peu de sociologie des religions, pour montrer qu'avant la Révolution française le christianisme rendait les gens plutôt cons et que les régimes totalitaires ont beaucoup "surfé" sur les courants conspirationnistes de l'époque (antisémitisme, anti franc maçonnerie, etc.). Surtout, ce sont ses analyses philosophico-sociologiques qui ont retenu mon attention : à l'aide de penseurs comme Baudrillard, Debord, G. Durand (élève de Bachelard), il montre bien en quoi la société postmoderne est virtualisée par de nombreux symboles, signes, par une sémiologie donc qui se substitue ou se surajoute, via les medias d'aujourd'hui, mais également par les propagandes issues des régimes totalitaires et de la période de la guerre froide, à la réalité économique et financière mondialisée très complexe, génératrice d'inégalités et de tensions. Cette réalité se confronte alors à tout un héritage métaphysico-manichéen, presqu'inhérent aux cultures humaines, qui finit par réduire cette complexité en un "imaginaire" où la complexité toute réticulaire et virtuelle (la grande finance !) de la réalité se retrouve compartimentée entre ce qui est bien et ce qui est mal, en lumière et en ténèbres (les ténèbres étant l'oligarchie financière et le NOM, et le bien étant les réseaux locaux de réappropriation du territoire avec retour d'une mystique religieuse (chrétienne (la lutte contre les illuminatis) ou musulmane (la lutte contre Sheitan )) ou spirituelle (extrême orientale surtout). A cela s'ajoute un effet communautaire qui permet de palier au sentiment de vide qui peut naître avec la perte des repères, la perte de l'authenticité, la trop grande présence d'éléments artificiels autour de soi.
En outre, donc, la société du spectacle (chère à Debord) génère un réflexe de mise en spectacle des craintes du monde par les sociétés elles-mêmes, en se racontant des histoires à visée eschatologique (bref, les soit disantes thèses conspirationnistes).
En cela, la conclusion de son ouvrage sonne juste en ce qu'elle ouvre directement sur cette mutation de la société qui est toute entière tournée vers la technique et les nouvelles technologies, et surtout l'accessibilité extrême à l'information et la transparence qu'on peut lui associer.
Pour Raphaël Josset, les poussées conspirationnistes sonnent plus comme des traces de la crise que rencontre la société face "à la multiplicité complexe et chaotique des rapports de force et des facteurs en présence dans toutes les dimensions de la vie sociale". Face à celle-ci, le conspirationniste trouve plus facile de trouver un seul responsable à tout ce qu'il constate : les sectes ou sociétés secrètes, le Diable, ou les extraterrestres.

Personnellement, j'adhère plutôt bien à ses analyses philosophiques et sociologiques quant à l'impact extraordinaire des nouvelles technologies de l'information et de la communication sur les sociétés. De même, je suis convaincu - depuis que j'ai lu Bachelard, Debord et Baudrillard - que notre société est schizophrénique et que la massification des signes, des symboles, ainsi que des nombreux ersatz et autres simulations se substituant au "réel" (au sens phénoménologique et existentialiste du terme) ne font qu'encourager ce décalage, cette nouvelle crises des Anciens et des Modernes. Par contre, j'avoue qu'il manque de nuance dans son traitement des "thèses conspirationnistes" en elles mêmes. Pour R. Josset, celles-ci se résument, de façon très (trop) systématiques et réductrices, à des théories loufoques catho-moyenâgeuses défendues par des moutons qui se sentent seuls. Je pense que dans ce contexte, très paradoxal, où se côtoient autoritarisme politique en puissance (de gauche comme de droite) et libéralisme-économique, il est normal que se développe une nouvelle forme de "liberté" d'expression cybernétisée, ne se fiant plus aux médias traditionnels, mais dont le traitement et l'interprétation des sources (quelles sources d'ailleurs ?) restent problématiques. La profonde crise existentielle et spirituelle que connaît le "monde" depuis les XVII-XVIIIème siècles a changé de forme depuis la mise en place de la mondialisation économique et financière, et la mise en réseau de l'information par internet, et surtout depuis l'accélération des recherches en robotique, et dans les nouvelles technologies - bref, le transhumanisme. Celui-ci possède encore des contours très flous et se pose métaphysiquement comme un absolu (vaincre la mort, rien que ça), parfaitement intégré aux logiques marchandes mondialisées (future fabrication en Chine par Google des prothèses itech permettant de passer à l'homme 2.0 moyennant un certain montant ?) et éthiquement en opposition aux éthiques traditionnelles (et non forcément religieuses, c'est ça le pire (voir les mouvements décroissants)). Face à ces profondes mutations, pressenties par les auteurs cités dans l'ouvrage depuis plus d'un demi siècle, il me semble logique, voire même sain dans certain cas, qu'il y ait des éruptions populaires de craintes, de doutes, ou de colères, à l'encontre du "Système", qui n'est pas si mal compris par les populations (cette fameuse common decency d'Orwell bien décrit par Michéa). Par contre, le business qui entoure le conspirationnisme montre clairement que tout n'est pas fiable, et que les canulars, tant que ça paie, y a pas de raison que ça s'arrête.

Bref, un essai qui ouvre le débat et pousse la réflexion, et qui mérite d'être lu par les aficionados des sites de Soral et consorts comme par les plus réfractaires à ces thèses conspirationnistes.

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 MessagePosté: 23 Juil 2016 02:11      Sujet du message: Re: Lecture
 
Mortel évolué
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Intéressant ton résumé aristide.

D'après ce que tu dis l'auteur semble plutôt engagé contre "le conspirationnisme" à sens unique. D'une manière générale ces auteurs m’exaspère car ils mettent les gens dans des cases sans en comprendre les raisons du dit "phénomène". Ce "phénomène" est du selon moi à un courant totalement opposé et majoritairement représenté dans les médias, on ne peut pas citer l'un sans l'autre car si certains préfèrent taire des informations d'autres crient au loup à tout va pour rééquilibrer les choses.
Depuis plusieurs années on peut voir assez facilement que les médias, en tout cas en France ne font pas le travail et préfèrent soit par idéologie, soit à causes de pressions (donc auto-censure), choisir les informations divulgués, ce phénomène étant devenu trop important (je parle de propagande perso, Cf cas Ukrainien), il est normal d'y voir une contestation.

Même si certaines choses sont écœurantes, le piège est de ne pas tomber dans le "Tous pourris" et les complots à tout va. Non seulement on y perd l’empathie du fait de "Ah je vous l'avais dit" mais en plus on n'est plus lucide.
Mon avis perso c'est qu'il y a du presque vrai et du presque faux dans les théories, ce qu'il manque souvent c'est la nuance et ca c'est à nous de la faire. Mais on ne peut pas rejeter catégoriquement une théorie sous prétexte qu'elle serait "complotiste :evil: ", on est dans une époque ou les mots permettent de clore des débats sans de réels arguments ... Nationalistes, extrémistes, racistes, europhobes :mrgreen: Avec ca plus besoin de réfléchir .... Pour reprendre le terme, des complots il y en a eu, il y en a, et il y en aura d'autres.

Pareil pour le cas Soral, il y a des choses qu'il dit qui sont intéressantes et d'autres moins voir hypocrites car lui aussi à ses intérêts et pour cela il dit ce qu'il faut pour garder ses "fans". Là je pense aux musulmans qu'ils chouchoute étrangement comparé aux juifs :D . Là encore, à nous de voir entre les lignes.
Perso j'ai mis un certains temps à regarder ses vidéos, car je lui trouvais un côté colérique, mauvais et surtout prétentieux. J'ai eu ensuite une courte période pendant laquelle je m'intéressais à son travail puis finalement j'ai vite laissé tombé, mes premières impressions même si elles étaient un peu vrai ca passait, mais son hypocrisie et son rabâchage sur les même sujets ont eu raison de moi.


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 MessagePosté: 28 Juil 2016 15:56      Sujet du message: Re: Lecture
 
Archangel
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Après avoir lu un long essai de Fredric Jameson, Utopia, Archeologies of the Future, je me suis intéressé à un ouvrage qu'il utilise énormément dans le courant de sa démonstration, la trilogie Mars, par Kim S. Robinson, qui comprend les tomes Mars la rouge, Mars la bleue et Mars la Verte.

La trilogie se préoccupe de l'établissement d'une société humaine sur Mars, depuis l'époque héroïque des premiers colons dans le premier tome jusqu'à la colonisation totale dans le dernier. Et l'intérêt va décroissant à mesure que la série avance. Le premier tome est intéressant dans le sens où on observe les galères des premiers explorateurs et les premières intrigues politiques de grandes ampleurs qui viennent mettre du sel dans une chronique amoureuse passable. Le deuxième livre se concentre toujours plus sur les problèmes politiques et leur traduction physique dans le monde, forçant à des choix jamais satisfaisant. Le troisième, lui, est plus une histoire d'amour sans grande originalité ni passion, qui est censée subsumer l'ensemble des conflits au niveau symbolique. Sauf que cela ne prend pas.
On se retrouve donc devant une série de roman qui lorgne vers Dune ou Fondation pour ne citer qu'eux, mais qui n'arrive jamais à la simplicité efficace du second ou à l'ampleur démesurée du premier. Une lecteur passable, potable, mais sans intérêt.

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 MessagePosté: 29 Juil 2016 16:39      Sujet du message: Re: Lecture
 
Seraphin
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En plus de dégueulasser des dessins, de pervertir le cinéma, je me mets à l'écriture, avec un tit roman sur le Japon. Bon ça parle prostitués, yakuza, alcool, bar à hôtesses dès les 4 premières pages mais heu, heu, non mais... Bon flûte...

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Chapitre 02

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 MessagePosté: 31 Juil 2016 16:43      Sujet du message: Re: Lecture
 
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Je vais reprendre ici des posts du topic "bookmark", car plus conforme au sujet :

pacboy a écrit:
aristide a écrit:
J'avoue ne pas lire beaucoup d'auteurs français actuels non plus. J'ai essayé Nothomb il y a plusieurs années et j'avais bien aimé Stupeurs et tremblements. .
J'ai détesté ce livre, j'avais l'impression qu'elle se victimisé pour cacher sa médiocrité. Je préfère largement le téléfilm, qui explique le côté autoritaire/stricte des japonais mais mettait bien en avant le côté loser de la fille. Dans le roman, j'ai juste senti une folle, égocentrique, bonne à rien, mais qui accuse les autres.

J'ai trouvé que le film était une adaptation pure et carrée, je n'y ai pas vraiment vu de différences. En fait, je n'ai pas tellement ressenti d'accusations dans son livre, plutôt un grand morceau d'autodérision, se regardant elle, folle effectivement, car fondamentalement artiste dans l'âme, face au double choc culturel qu'est le Japon d'un côté, et le monde de l'entreprise de l'autre. En conséquence de quoi elle ne cache absolument pas sa médiocrité, et met plutôt en exergue son inadaptation.

Du reste, elle ne mentionne que sa vie professionnelle de ce passage de sa vie, elle aborde sa vie privée dans un autre livre écrit après. Pas étonnant qu'elle enchaînera la séquence japonaise avec l'écriture de son premier roman de retour en Europe.

Plus globalement, j'ai presque tout lu d'Amélie Nothomb, vu que ça se lit à la vitesse de la lumière. C'est assez disparate en terme de qualité, et Stupeur et tremblements est clairement dans le haut du panier. Son premier roman justement, Hygiène de l'assassin, est un excellent livre, qui lui a apporté une célébrité méritée instantanément.

n1k00 a écrit:

Incroyable le nombre de gens qui considèrent que Balzac est chiant. Il y a pourtant bien bien pire. Faut croire que c'est le résultat de lectures scolaires, ce qui ne m'est jamais arrivé. Pour le coup je n'ai pas tout lu, mais j'espère bien y arriver. J'en lis trois ou quatre de temps en temps. Il y a un peu le même problème qu'avec Nothomb : je commence par les plus célèbres, et je trouve ça très bien. Puis au fur et à mesure, je lis des livres moins connus, et forcément, ça se répète ou c'est moins bien...

aristide a écrit:
Après, pour reprendre ce que tu disais Rukawa, je suis comme toi, je préfère lire des essais et des livres "scientifiques" que des romans. L'essentiel des romans que j'ai lu datent de la décennie couvrant mes 16-26 ans. Depuis, je ne lis que très rarement romans, nouvelles, histoires, contes, etc. Je n'arrive plus à m'immerger dans une histoire, je me lasse assez vite.
Hors les romans, ces dernières années j'ai lu pas mal de livres d'Histoire, mais j'ai été dégouté de voir que le prochain sur ma liste, L'Histoire d'Arnold Toynbee, avait été bazardé par la médiathèque du coin car "démodé".

Du coup, là je me suis rabattu sur Emile ou de l'Education, de Rousseau. J'y retrouve l'auteur égal à lui-même...

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 MessagePosté: 01 Aoû 2016 15:51      Sujet du message: Re: Lecture
 
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saverne a écrit:
Du coup, là je me suis rabattu sur Emile ou de l'Education, de Rousseau. J'y retrouve l'auteur égal à lui-même...


...C'est-à-dire ?

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 MessagePosté: 01 Aoû 2016 19:23      Sujet du message: Re: Lecture
 
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C'est-à-dire délirant, hors sol, complètement perdu dans ses schémas sans se soucier de réalisme. Il écrit un livre sur comment éduquer les enfants, alors qu'il a abandonné les siens à l'assistance publique. Il énonce des principes (genre fuck la médecine, apprendre à lire c'est optionnel, les filles doivent se concentrer sur la couture et s'occuper des enfants, la société c'est le mal, etc), et déclare qu'infailliblement, l'enfant grandira de telle façon, alors qu'il n'a pas l'expérience pour le prouver, ou même vraiment en être sûr. Le Emile dont il parle, n'existe pas, c'est un enfant imaginaire dont il a choisi les caractéristiques au début, réagit comme il l'entend, et devient ce qu'il veut. C'est un parfait traité d'éducation d'enfant fictif.

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 MessagePosté: 02 Aoû 2016 12:34      Sujet du message: Re: Lecture
 
Immortel
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Merci pour la réponse.

A mon tour,
...et ci-dessus encore une interprétation moderne d'un livre qui a précédé....
la Révolution française.

Avec tout le respect que l'on doit pour cette époque, tellement plus naturelle que la nôtre, on peut bien sûr émettre des réserves quand à la pertinence scientifique de l'auteur qui est aussi un enfant de son temps mais ne pas oublier pour autant que ce livre a dû faire son petit effet sur des têtes pré-romantiques avides de droits égaux pour tous et de liberté.
Notamment le vicaire du savoyard.
Il y a eu une suite inachevée, avec la fameuses Sophie dont le titre est d'une grande actualité : les Solitaires
c'est comme s'ils avaient divorcés et que notre Emile allait maintenant faire le tour du monde en tant qu'esclave.

Autre chose,
Jean-Jacques a toujours éte un bon psychologue du peuple mais il luttait contre les idéaux aristocratiques.
C'est la seule chose qu'on peut lui reprocher : à condition de croire aux privilèges ( vs Voltaire)

Ce qu'on y lit de Paris, de Londres, des grandes villes en général est très réaliste ("Babylone");
idem des voyages qui déforment les bonnes moeurs des jeunes gens (Thaïlande, Cuba, etc);
ce besoin de retour aux sources (l'amour est dans le pré) ...

ps : les bons élèves auront compris mes raccourcis entre parenthèses :)

Le point essentiel est : Le côté anarchiste de l'ouvrage est clairement actuel : Il reviendra à la mode.

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 MessagePosté: 02 Aoû 2016 12:46      Sujet du message: Re: Lecture
 
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saverne a écrit:
C'est-à-dire délirant, hors sol, complètement perdu dans ses schémas sans se soucier de réalisme. Il écrit un livre sur comment éduquer les enfants, alors qu'il a abandonné les siens à l'assistance publique. Il énonce des principes (genre fuck la médecine, apprendre à lire c'est optionnel, les filles doivent se concentrer sur la couture et s'occuper des enfants, la société c'est le mal, etc), et déclare qu'infailliblement, l'enfant grandira de telle façon, alors qu'il n'a pas l'expérience pour le prouver, ou même vraiment en être sûr. Le Emile dont il parle, n'existe pas, c'est un enfant imaginaire dont il a choisi les caractéristiques au début, réagit comme il l'entend, et devient ce qu'il veut. C'est un parfait traité d'éducation d'enfant fictif.


Ca fait longtemps que je l'ai lu et je ne m'en souviens plus très bien mais en dehors de ses vues bien misogynes sur l'éducation des filles, est ce qu'il ne recommande pas au contraire la lecture des classiques latins et grecs dès le plus jeune âge à l'image de ce que lui avait fait (encore que dans les confessions il se plaint du trop d'imagination que ça lui a procuré). Puis Emile apprend une profession en parallèle de son éducation ce qui me semble pas trop bête non plus.
je crois que catherine II de russie avait essayé la méthode sur un cobaye sans trop de succès.

Hmm en vérifiant sur wikipedia il semble que l'aspect lecture est en effet zappé


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