OK.
Je comprends bien ton point de vue. Et dans le fond je pense que ça se défend bien.
Juste pour donner quelques informations supplémentaires.
Fuzati n'a pas attendu le net pour faire ses textes (ça doit bien faire 15 ans qu'il est dans le monde de la musique).
En effet, également, le personnage qu'il décrit et fait parler dans ses morceaux est misogyne, il n'y a pas à tergiverser à ce sujet. Il y a aussi, obligatoirement dirais-je, une part d'autobiographie. Ce qui peut en faire un connard, ou un gros frustré.
Cependant, au delà de ce constat, cet artiste joue volontairement sur la mise en scène de son personnage "Fuzati", dont il fait porter un masque et dont il précise - à longueur d'interview - qu'il est un personnage. Il s'efface derrière ce masque, ce personnage - un peu à la manière d'un Stromae pour prendre un exemple plus gentil. Ceci permet de comprendre la part de virtuel et "littéraire" de ses propos.
De plus, l'ensemble de son oeuvre dans le collectif "Le Klub des Loosers" est de raconter l'histoire (d'une certaine manière son histoire) d'un jeune qui découvre les échecs de la vie amoureuse et de la vie professionnelle - bref la crise d'adulte - qu'il conjure par l'abus d'alcool et sans doute de cannabis. Ca c'est pour le premier album "Vive la vie".
Le second album, presque 8 ans plus tard, intitulé "La fin de l'espèce", reprend le même personnage - ce fameux Fuzati - au début de la trentaine. On l'avait quitté au seuil du suicide (dernier morceau de Vive la vie) et on le retrouve trouillard, n'ayant pas osé aller jusqu'au bout de son spleen. Fatalement, ce personnage développe une vision du monde assez pessimiste à l'encontre de ses congénères (les femmes, d'abord, mais le reste de la société également, de la couche culotte aux déambulateurs), vision très largement inspirée de Houellebecq et des auteurs proches d'une vision du monde athée-pessimiste (les hommes ne sont qu'un triste accident qu'il faudrait songer à terminer).
Au fond, donc l'artiste en question fait de "Fuzati" un avatar de lui même, cristallisant une vision du monde, évidemment non réalisé dans la "vraie vie".
Par ailleurs, il a sorti un album il y a quelques mois, le fameux "Grand Siècle", avec un autre DJ, où il s'attaque non pas aux femmes, ou du moins pas plus que l'écrasante majorité des autres artistes de son milieu, mais surtout au monde de la musique en général - invitant ses auditeurs à aller lire des livres plutôt qu'à l'écouter.
Autrement dit, avec un peu de recul, on saisit bien la part trop "poussive" du personnage des chansons, poussées à l'extrême, comme l'ont pu être les écrits d'un Nietzsche par exemple, ou d'un Céline (dont on connaît l'antisémitisme poussé à l'extrême, alors que dans la vraie vie, le mec n'aurait jamais fait de mal à un mouche).
Voilà
