énorme film, rien à dire, une métaphore assez sombre sur l'homme et son devenir, sur sa déshumanisation, Barden en tueur psychopathe est juste génial.
Un film brute, violent, mais aussi beau et presque poétique (notamment grâce à Tommy lee John).
A voir absoluement.
PS: voici une post sur l'interprétation du film pris sur allocine, un poste super intéressant :
Citation:
Aller hop, je te répond :
Josh Brolin se fait tuer par les Mexicains evidemment, Bardem n'arrive que bien plus tard, pour récupérer la malette que n'ont pas trouvé les mexicains, partis trop vite après la fusillade (en raison de la teneur sanglante de cette dernière et du fait que les flics étaient en route). Moss avait caché la malette comme d'habitude dans le tuyau d'aération, mais ça les Mexicains ne le savaient pas, ils n'ont donc pas pû récupérer l'argent. Chigurh en revanche connaissait l'astuce ; il a entendu parler de cette fusillade aux infos et s'est rendu sur les lieux du crime, pour prendre l'argent toujours caché (voir la pièce qui a permis de dévisser le tuyau d'aération à la fin, dans la chambre).
La femme du héros n'a pas perdu à pile ou face, car elle a refusé d'y jouer. Ne pas y jouer la conduisait à une mort direct, y jouer lui permettait d'avoir une chance de survivre. Elle a trouvé ce principe con et est donc morte.
Pour le reste j'ai rarement vu un film jouer autant avec les figures et les symbôles, être aussi métaphorique. Ce film aurait pû s'appeller "La condition humaine", même si le titre choisi colle davantage encore. Il est difficile d'en parler concrètement sans révéler pas mal d'éléments alors spoiler free : - Spoiler : Il faut d'abord accepter que le personnage de Bardem symbolise le Mal. Il en est son incarnation, sa présence sur Terre. Le Mal tue tous ceux qui l'empêchent d'arriver à ses fins : soit des obstacles directs, soit des collatéraux (exemple : il tue le type dans la voiture en début de film pour lui voler son véhicule ; il ne fait pas ça par instinct de tuer). Il se trouve que le monde est condamné par un fléau : la drogue, l'argent, comme le signale le old timer à la fin, soit des vanités, des choses matérielles. La gourmandise de l'homme attire le Mal. Pour répondre à la question de fr_, le personnage de Moss n'est pas important en soi puisqu'il incarne le symbole des hommes gourmands.
Si la fin est aussi terrifiante, c'est parce qu'on réalise que le personnage de Bardem a des principes : sa dernière scène est uniquement là pour ça, en mal comme en bien, le type à des principes. Quand on l'aide, il paye et est sympa. Quand il donne une parole, il la tient. Ce sont ses principes qui en font un personnages si terrifiants, jusqu'ici on pouvait s'imaginer qu'il était un détraqué de la gâchette. Le fait qu'il soit en vie à la fin est important puisque l'on ne peut pas tuer le Mal, tuer son personnage aurait été hyprocrite et serait revenu à se débarasser définitivement du Mal, ce qui est impossible.
Le monologue final de Tommy Lee Jones l'inscrit en héros désenchanté, en observater du monde, il est la présence de l'homme qui est observe (d'où sa voix off en début de film) : il rêve de son père mais ce dernier passe devant lui sans le reconnaître, un peu comme pour lui dire qu'il est encore trop tôt pour qu'il quitte ce monde. En fait ce rêve est là pour lui dire que même dans les endroits les plus sombres (la montagne noire du rêve) on trouve une lueur d'espoir, souvent à travers quelqu'un qu'on aime : mais après ça, il s'est réveillé ("And then I woke up" : il s'est réveillé et est revenu à la dure réalité). Il n'y a pas de pays pour les vieils hommes, pas de pays pour reposer en paix. Le Mal est dans notre monde et la vanité et la gourmandise des hommes le déclenche, l'appelle, et les ténèbres s'abattent sur Terre mwa ha ha.
Ce film est un peu la version moderne du film de Leone, "Le bon, la brute et le truand". Le shériff est le bon, Chigurh la brute (tout comme Sentenza dans la version originale, c'est un homme de parole qui poursuit ses missions même après avoir liquidé ses employeurs), et Moss est le truand, le petit profiteur, toujours attiré par l'argent et qui se prend pour un ptit dur. Seulement, là version moderne du film est bien plus pessimiste car morderne, plus désenchanté parce que le monde va de plus en plus mal et que l'Amérique est en perte de repère. C'est vraiment très moderne, comme film, c'est peut être ce qui en fera une référence absolue prochainement - en tout cas le film est immense pour moi, et d'une richesse théorique merveilleuse.